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jeudi 14 février 2019

La maladie israélienne de la désunion politique



Israël élections avril 2019

LA MALADIE ISRAÉLIENNE DE LA DÉSUNION POLITIQUE

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps

       


        Un sondage de Maagar Mochot du 9 févier 2019 donne des indications plus précises sur les partis qui risquent de ne pas dépasser pas le seuil de 3,25% pour entrer à la Knesset, soit quatre sièges minimum. Koulanou de Kahlon, Israël Beitenou de Lieberman, Taal de Tibi et Otzma de Marzel obtiennent trois sièges. Bayit Hayehudi de Peretz, Tekuma de Smotrich, Yahad d’Yishaï et Zehut de Feiglin obtiennent deux sièges. Hatnuah de Livni, Green Leaf, Magen de Hirsch, Eretz Hadacha de Yaniv et Ahi de Bar Shalom seulement un siège. Mais certains partis, malgré leur quatre députés, frôlent l’exclusion à terme.



            La question se pose donc d’une éventuelle union, pour une meilleur efficacité, entre entités aux dogmes politiques voisins. Mais la concurrence, les ego, les jalousies, la politique du moi ou le chaos poussent ces micro-partis à refuser toute concession qui leur permettrait d'exister à la Knesset. Il est vrai que le législateur avait imposé un seuil de 3,25% des voix pour éviter la décomposition de la Knesset en de multiples groupuscules et pour faciliter l’existence de pôles solides majoritaires afin de tendre vers une bipolarisation à l’occidentale. 



Leaders orthodoxes

          Mais c’est sans compter sur la prétention de certains dirigeants  à ne pas s’abaisser à dialoguer avec des concurrents. Ainsi Arie Dehry, chef du parti religieux orthodoxe Shass, estime qu’il n’a pas à discuter avec ses concurrents : «Les Séfarades voteront pour le Shass et les Ashkénazes pour le Judaïsme de la Torah». Deux partis issus de la même idéologie envisagent donc la disparition de l’un d’entre eux.
            A l’extrême-droite il n’y aura pas d’accord entre Bayit Hayehudi, l’ancien parti de Naftali Bennett  dirigé aujourd’hui par l’ancien aumônier général Rafi Peretz, et l’Union nationale dirigée par Bezalel Smotrich. Les négociations, qui ont à peine duré cinq minutes, ont débouché sur une impasse non pas pour des raisons politiques mais pour des désaccords sur la place des personnes dans la gouvernance. Aucun des deux micro-partis n’entrera donc à la Knesset dans l’état actuel. Il semble que certains activistes de la mouvance de feu Meir Kahane, Itamar Ben Gvir ou Benzi Gopstein, fassent peur à l’électorat «modéré». C’est d’ailleurs la raison exprimée par Bennett et Shaked pour justifier leur départ.
Rafi Peretz et Betzalel Smotrich 

            La haine féroce qui régit les relations entre Elie Yishaï et Arie Dehry empêche tout retour dans le giron de Shass du parti Yahad qui pourrait apporter ses trois députés pour assurer la survie des religieux orthodoxes séfarades à la Knesset.  
            Le parti Zehut de Moshe Feiglin avait fait illusion au début de la campagne avec des instituts qui lui attribuaient quatre députés le qualifiant ainsi pour la Knesset. Les derniers sondages ne lui donnent que 3 sièges. Mais Feiglin ne songe nullement à une union avec un parti de droite ou d’extrême-droite.
             Avec ces exclusives, l'extrême-droite est sur la voie d'une marginalisation qui la met à l'écart de la Knesset.



            Selon les sondages, le parti Gesher d’Orly Levy-Abecassis obtient quatre députés ou est éliminé. Sa situation est donc critique. Cette ancienne députée, qui a quitté Israël Beitenou d’Avigdor Lieberman, ne peut pas selon la loi intégrer un parti existant mais seulement un nouveau parti. Ainsi donc elle pourrait seulement rejoindre Benny Gantz ou la Nouvelle droite de Naftali Bennett. Encore faut-il qu’elle soit acceptée et qu’elle se plie aux conditions qui lui sont opposées.
On ne voit pas les sondages dans le bons sens

            Le parti travailliste est dans la tourmente depuis le départ de Tsipi Livni, renvoyée lamentablement par Avi Gabbay face aux caméras de télévision. Les jours passent et le parti s’enfonce dans les profondeurs des sondages au point de mettre en danger sa présence à la Knesset. Pour sauver le parti, on en vient aux vieilles recettes avec la mise à l’écart d’Avi Gabbay et le recours à Ehud Barak et Tsipi Livni. Les deux dirigeants entretiennent d’excellentes relations qui pourraient les aider à s’unir pour sauver le parti en attendant des jours meilleurs dans une prochaine mandature. Une option est cependant compromise; rejoindre Benny Gantz qui n’est pas très chaud de gauchir son parti alors qu’il s’acharne à développer son image centriste. 

          Certains travaillistes préfèrent une union avec Meretz alors que d’autres refusent de quitter la mouvance centriste pour un parti aux tendances gauchistes. Mais Meretz représente de plus en plus la vraie gauche traditionnelle face à la déviation centriste des Travaillistes qui se sont rapprochés du centre. Meretz attire ceux qui rêvent à une alternative de gauche au pouvoir actuel. Mais le rêve est loin de la réalité. Une telle union risque de faire éclater le parti déjà mal en point. Tout dépendra des candidats à la députation qui seront élus aux primaires d’Avoda.


            Le cas de Tsipi Livni reste entier car elle ne semble pas être acceptée chez Gantz alors qu’elle pourrait muscler son équipe diplomatique. Son expérience et sa grande réputation auprès des chancelleries européennes font d’elle un atout pour renouer des relations diplomatiques distendues. Mais elle est à l’image de feu Shimon Peres qui a longtemps été détesté à l’intérieur de son pays mais qui était adulé à l’étranger. Là encore, les partis ne choisissent pas l’efficacité; le ressentiment n’est pas bon conseiller.
              Enfin la scission des partis arabes est inexplicable. Avec 13 députés ils caracolaient en tête. Or Ahmed Tibi a préféré faire cavalier seul car selon lui, deux listes pourraient faire gagner un député de plus. Mais les sondages créent un risque nouveau à son parti. Cependant les mauvaises langues pensent qu'il veut se séparer des partis arabes antisionistes, islamistes et extrémistes, pour entrer dans le jeu normal de la démocratie israélienne et pourquoi pas pour devenir ministre dans une grande coalition du centre.
Ahmed Tibi

            Israël n’a pas encore trouvé le bon médecin ou les bons remèdes pour soigner la maladie de la désunion qui s’est répandue dans les partis et qui tend à se transformer en haine entre dirigeants politiques. Cette désunion a au moins un avantage, elle éliminera les extrêmes. 

3 commentaires:

Elizabeth GARREAULT a dit…

Robinson Crusoé avait construit deux synagogues, celle où il allait et celle où il n'allait pas.
Finalement un article avec beaucoup de bonnes nouvelles concernant les extrêmes et les religieux.
Tsipi et Ahmed dans le gouvernement de Gantz, au pays des miracles tout est possible et finalement c'est nous qui manquons d'imagination. Amos Oz avait raison, qui pouvait croire que c'est de Gaulle qui se séparerait de l'Algérie française....

Albert LEZMY a dit…

Personnellement, je ne trouve pas que ce soit une mauvaise chose, on élimine ainsi ces micros partis qui ne représentent qu’une frange de la population et qui pourtant pèsent dans les décisions d’un gouvernement qui se retrouvent pieds et poings liés et otages de ces minorités.

Ibrahim a dit…

"Les Arabes se sont mis d'accord pour ne pas de mettre d'accord"
Ibn Khaldoun