«J’ai
beaucoup appris de ces vingt mois. Ça m’a scarifié […] Si être gilet jaune, ça
veut dire qu’on est pour que le travail paie plus et que le Parlement
fonctionne mieux alors je suis gilet jaune […] J’ai toujours été sincère et je
n’ai jamais voulu blesser […] Cela suppose une conversion personnelle [la
mienne] Dans le système où nous vivons, cette franchise [la mienne] n’est
peut-être plus possible […] Jojo avec un gilet jaune a le même statut qu’un
ministre ou un député!»
Dans le
naufrage de la politique française, de quinquennat en quinquennat, l’obsession
du «je» a un sens. «Je» victime ou «je» provocateur, la
fuite en avant dans la boulimie du «je» est le signe d’un
indicible désarroi. L’échec à ramener la paix civile, par l’exercice du
dialogue ou de l’autorité, est un signe supplémentaire de la débâcle de la
politique française. Face aux déceptions, aux échecs, à l’impuissance, à la
réalité qui se dérobe, au décalage entre le statut de demi-dieu et le trou béant
laissé par la vanité blessé, il ne reste plus qu’à se noyer dans le «je»
comme dans une eau saumâtre.
Mais
attention, le sommet de la bêtise politique est de penser qu’il suffit de
changer une tête par une autre, par ex M. Hollande par M. Macron ou ce dernier
par M. le Pen, ou tout autre, pour espérer interrompre la marche à l’abîme.
Nous ne vivons en ce moment qu’une étape supplémentaire dans un processus de
déliquescence. Non, il faudrait bien plus qu’un simple changement de tête qui
en soi n’aurait aucun intérêt.
Ce qu’il
faut, c’est un bouleversement de la culture politique : l’intérêt général
plutôt que l’obsession narcissique ; l’action au service du pays plutôt que la
logorrhée communicante; la vérité plutôt que l’esprit de manipulation permanent
et le mépris des gens; la politique plutôt que l’esbroufe; l’homme d’État
désintéressé plutôt que le politicien en quête de réélection; bref, la res publica plutôt que le grand-guignol quotidien.
Ce n’est pas seulement une affaire de personne. C’est une question d’état
d’esprit, de mentalité, de prise de conscience collective. Et c’est là que les
choses sont infiniment plus complexes mais c’est pourquoi tout se joue
désormais dans la bataille des idées.
1 commentaire:
Voilà tout est résumé dans cette dernière phrase valable dans tous nos pays européens : C’est une question d’état d’esprit, de mentalité, de prise de conscience collective. Et c’est là que les choses sont infiniment plus complexes mais c’est pourquoi tout se joue désormais dans la bataille des idées. J'ajouterais bien aussi dans l'éducation, mais vu l'état dans laquelle elle se trouve, aussi sous influence, c'est peine perdue.
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