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jeudi 14 février 2019

Les grognards de Netanyahou peu récompensés



Israël élections avril 2019

LES GROGNARDS DE NETANYAHOU PEU RÉCOMPENSÉS

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps

            
Le selfie des fidèles

        Les grognards de Netanyahou ont subi un reverse étonnant aux primaires du Likoud. Ils ont concentré sur eux le feu des critiques normalement adressées au premier ministre. Placés loin sur la liste des candidats à, la Knesset, avec un risque de ne pas être réélus si un mauvais vent tournait, ils se trouvent abandonnés par un premier ministre qui ne les paie pas de retour. Netanyahou s’est fait attribuer par le parti trois places à usage personnel, à sa discrétion, mais il n’a utilisé aucune pour rattraper quelques fidèles éliminés ou tombés dans les profondeurs des sondages. Il s'est désisté cependant de la place 21 qui lui avait été réservée.


Les fidèles éliminés après les primaires

            Les sondages attribuent pour l’instant 32 sièges au Likoud. Mais ont été relégués le ministre druze Ayoub Kara (44°), Youda Glick (45°), Nurit Koren (47°) d’origine yéménite, le sulfureux Oren Hazan (48°) qui envisage à présent de rejoindre un parti d’extrême-droite,  Anat Berko (49°) d’origine irakienne qui a décidé de quitter la politique, Yaron Mazouz (52°) qui avait pourtant appelé à sa rescousse le soldat Elor Azria pour sa campagne et Nava Boker (54°) elle aussi d’origine yéménite.  Ces éliminations ont d’une part diminué le nombre de femmes candidates mais aussi le nombre de séfarades dans un parti qu’ils clamaient être le leur. Il y a à peine 3 femmes dans les 21 premières places, neuf dans les 40 premières et 13 Ashkénazes parmi les 17 premiers candidats. 
La bande des 3 avec le fils Begin, pensif

Miki Zohar, de père marocain et de mère  tunisienne, risque son poste à la 29° place et pourtant il n’a pas démérité en jouant à l’intégriste religieux au sein du Likoud. Il s’était fait remarquer auprès de  la communauté internationale, en juin 2018, après avoir déclaré lors d’un débat radiophonique que «toute la race juive est le capital humain le plus élevé, le plus intelligent, le plus compréhensif». Il a été de ceux, avec David Amsalem (18°) et David Bitan (25°), qui se sont démenés à la Knesset pour imposer des lois sur mesure pour la protection juridique du premier ministre. 
Netanyahou n’a eu aucune gratitude à leur égard alors que Yoav Galant, transfuge de Koulanou, qui ne pouvait pas changer de parti en cours de mandat, a été appelé au gouvernement pour compenser la perte de son poste de député. Nir Barkat, ancien maire de Jérusalem a aussi bénéficié de ses largesses. Mais les fidèles parmi les fidèles ont été abandonnés sur la route.
Miki Zohar est le plus déçu et le plus violent : «Pendant quatre ans, vous travaillez dur pour le Premier ministre et pour le Likoud, vous avez l'impression dans votre entourage d'être dans le bon cercle aux côtés du premier ministre. Et puis, lorsque les primaires se terminent vous vous trouvez à la 29ème place tandis que la direction du Likoud, avec le soutien du Premier ministre, travaille pour vous faire reculer davantage. C'est de l'ingratitude». C’est en fait l’inconvénient majeur des primaires. Les partis français se sont trouvés chamboulés aux dernières élections qui ont coûté leur poste à François Fillon, Nicolas Sarkozy, Manuel Valls et Alain Juppé. 
Benny Begin

C’est une règle, certes démocratique, qui peut s’avérer injuste quand les militants qui votent sont ingrats. Certains se rendent compte qu’ils ne reconnaissent pas le Likoud de Menahem Begin. Le virage idéologique opéré par le parti a éliminé plusieurs cadres historiques, même Benny Begin dont l'un des fils, Avinadav, est devenu par réaction un activiste anti-nationaliste et pro-palestiniens. Le parti nationaliste, libéral et laïc flirte à présent avec l’extrême droite rongée par les activistes religieux.
Le Likoud, qui incarnait jadis la revanche des classes moyennes séfarades contre l’élite ashkénaze de gauche, a préféré suivre les sirènes du populisme et les injonctions de la frange de la population la plus à droite et la plus religieuse. Il s’est alors appuyé sur quelques figures mythiques du parti qui ont aggravé l’orientation populiste du Likoud. Miri Regev, la passionaria anti-arabe a pu se maintenir à une bonne place (6°) éligible mais ce n'est pas le cas de l’intransigeant David Bitan (25°) et du sulfureux Oren Hazan qui ont été les premiers couteaux de Netanyahou, toujours prêts à bondir sur l’opposition et sur les instances judiciaires quand le danger rodait autour du premier ministre.     


Netanyahou contre le Likoud

            A vouloir écarter les concurrents dangereux, à l’instar de Sylvain Shalom, Gideon Saar, Moshé Kahlon, Danny Danon, Naftali Bennett et même Moshé Yaalon, Netanyahou a oublié quelques militants moins recommandables mais les plus dévoués, qui avaient organisé autour de lui un cordon sanitaire efficace qui n’eut de cesse que de brocarder l’opposition, les juges et la presse. Les militants, qui ne sont pas tous aux ordres, viennent de décider de corriger cette situation. Mais les résultats des primaires ont été tellement décriés par ceux qui ont été écartés que des soupçons de fraude ont été soulevés par des candidats dans plusieurs villes, poussant le premier ministre à exiger un contrôle général des élections et un recomptage des voix. Ces doutes sur la régularité du scrutin interne prouvent que la discipline se relâche parmi les militants qui pensent que l’exemple vient d’en haut.
Une autre ère s’est ouverte au Likoud, l’ère du soupçon qui voit les grognards de Netanyahou rejoindre l’ombre qu’ils ont connue avant d’entrer à son service. 


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