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samedi 23 février 2019

La mauvaise opération de l'extrême-droite



Israël élections avril 2019

LA MAUVAISE OPÉRATION DE L’EXTRÊME-DROITE

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps
       
Netanyahou et les leaders d'extrême-droite

          Il n’est pas sûr que l’introduction des Kahanistes dans la liste conjointe, Habayit Hayehudi (Foyer juif) et Ihoud Leumi (Union nationale) soit bénéfique pour les clans d’extrême-droite. Otzma Yehudit (Force juive), invitée à les rejoindre et représentée par Itamar Ben-Gvir, est un parti politique qualifié de sioniste religieux, kahaniste, ultra-nationaliste, anti-arabe, d'extrême droite et descendant idéologique du parti illégal Kach créé par le rabbin Kahane. 



Rabbin Meir Kahane

        Ce parti exige l'annexion totale de la Cisjordanie et l'instauration d'un régime israélien complet entre le Jourdain et la mer Méditerranée. Il s’oppose donc bien sûr à la création d'un État palestinien et plaide en faveur de l'annulation des accords d'Oslo ainsi que de l'imposition de la souveraineté israélienne sur le Mont du Temple. Il n’a jamais réussi à atteindre, seul, le seuil minimum de 3,25% des voix pour entrer à la Knesset.


Liste d'union sans Otzma

            Le partenariat proposé, qui a pratiquement été négocié, sinon imposé par Benjamin Netanyahou, ne fait pas l’unanimité au sein de Habayit Hayehudi. C’est d’ailleurs ce rapprochement éventuel qui avait conduit Naftali Bennett et Ayelet Shaked à le quitter car ils ne pouvaient pas accepter cette radicalisation. Le leader Nir Orbach, et le candidat Yifat Ehrlich font pression sur leur direction pour ne pas approuver cette union avec les Kahanistes. 
          De leur côté les députés Moti Yogev et Nissan Slominsky s'opposent à leur président Rafi Peretz qui a négocié avec Netanyahou cet accord. Ils sont convaincus de laisser des plumes aux élections car les Kahanistes ont une réputation sulfureuse qui peut braquer les électeurs. Après le choc du départ de Bennett, le parti est convalescent et il risque de replonger dans les sondages après une petite éclaircie. D’ailleurs Yifat Ehrlich a expliqué sa position à la radio de l’armée : «Il faut regarder toute la carte. Le Foyer Juif refait son identité après le coup terrible qu’il a reçu. Il y a quelques joueurs dans l'arène, Bennett et Shaked, qui veulent que nous soyons aussi radicaux que possible afin qu'ils puissent dire qu'ils ont créé une nouvelle droite, amorphe et dépourvue d'une telle identité». Mais le comité central du Foyer Juif a approuvé l'accord visant à faire bloc avec Otzma Yehoudit.

Leaders d'Otzma

            Benjamin Netanyahou poursuit un double objectif en arbitrant cette fusion. D’une part, il veut absolument créer une force à droite pour servir d’appoint à son nouveau gouvernement. Il sait que si l’extrême droite se présente désunie, aucun groupuscule ne franchira le seuil minimum. Par ailleurs il veut affaiblir le parti de la Nouvelle Droite de Naftali Bennett pour minimiser éventuellement son poids dans une prochaine coalition. Mais pour une fois le calcul risque d’être faux car 2 + 1 ne fera pas trois dans les résultats électoraux. En contrepartie des efforts déployés par les trois micro-partis, le premier ministre a proposé la place numéro 28 sur la liste du Likoud à un représentant de ce groupe uni qui, une fois élu, réintégrerait son parti d’origine. C’est une assurance pour l’extrême-droite de disposer d'au moins un député si par malheur elle n’atteignait les 3,25% de voix minimum pour entrer à la Knesset.
Mais les Kahanistes feront certainement fuir les électeurs «modérés» qui veulent bien se fourvoyer à l’extrême-droite, mais certainement pas en compagnie de ces extrémistes racistes. Alors, déçus, ils rejoindront la Nouvelle Droite qui vient d’offrir la place de 11ème à Yomtov Kalfon dans le but de capter les voix francophones orphelines et totalement négligées par les autres partis. L'idée d'être candidat est un cadeau qu'on ne peut pas refuser même s'il n'y avait aucune concrétisation. Kalfon n'a pas compris qu'il détenait une carte maîtresse à exploiter pour être mieux placé. Il débute en politique.
Bennett, Kalfon et Shaked

Bennett n’a pas fait preuve d’une grande générosité en attribuant ce rang non éligible au vu des derniers sondages, qui lui attribuent 8 sièges aux élections. Mais à voir la mobilisation des militants francophones religieux, excités à l'idée d'envoyer enfin un des leurs à la Knesset, il pense qu’il a visé juste en se servant d’un alibi. 
Il manque trois députés à Yomtov Kalfon pour être élu mais un calcul facile rend la démarche impossible. Un député nécessite entre 33.000 et 35.000 voix face à des électeurs francophones, qui boudent souvent les urnes, et qui ne dépassent jamais les 10.000 votants. Mais les soutiens de Kalfon doivent ignorer ce calcul. Au pire, il obtiendra une meilleur place aux prochaines élections.

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