NETANYAHOU IMPOSE UNE MODÉRATION DANS LES REPRÉSAILLES
Par Jacques BENILLOUCHE
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Action contre le Hamas en Cisjordanie |
Le cabinet
restreint de sécurité, constitué des principaux ministres israéliens, s’est
réuni deux fois sans qu’aucune majorité n’ait pu se dégager quant à la forme précise
que devaient prendre les représailles après la découverte des trois corps des
jeunes adolescents enlevés près de Hébron. Dans l’attente d’une décision ministérielle,
l’aviation israélienne s’est bornée à casser
des pierres dans le cadre de frappes «immobilières»
visant des dépôts de munitions et des usines de production de roquettes.
Opération d’envergure
Yaalon et Netanyahou |
Le ministre de la défense, Moshé Yaalon, qualifié jusqu’alors de faucon
du gouvernement, s’est montré réticent à lancer une opération d’envergure
contre Gaza. Le pouvoir l’a rendu en effet très pragmatique. Naftali Bennett,
ministre de l’économie et du commerce et président du parti HaBayit Hayehudi, et Gilad Erdan membre du Likoud et ministre
de la communication du Likoud, ont exigé une opération militaire à grande
échelle contre le Hamas. Tsipi Livni, ministre de la justice et dirigeante du
parti Hatnoua, Yaïr Lapid ministre des finances et responsable de Yesh Atid, Yitzhak
Aharonovich, ministre de la sécurité intérieure et Avigdor Lieberman, ministre
des affaires étrangères, ont tous prôné la modération.
Qawasmeh et Abu Aisha |
Les hésitations s’expliquent par l’impossibilité de prouver avec
certitude quelle organisation terroriste est responsable de l’enlèvement. Si l’on
connaît le nom des ravisseurs présumés, Marwan
Qawasmeh et Amar Abu Aisha, on ignore les commanditaires de l’opération dans
toute cette nébuleuse islamique. Les
deux têtes de l’exécutif israélien savent le lourd tribut qu’aurait à payer l’armée
israélienne dans une action non réfléchie ; ils ont réussi à convaincre
leurs collègues de la nécessité d’une modération dans les représailles. Une action contre le Hamas en Cisjordanie
reste restreinte et inefficace car ses militants sont minoritaires et intégrés au sein de la
population tandis que des représailles contre Gaza réchaufferait le front avec le lancement de centaines de roquettes sur le sud du pays.
Doute sur le commanditaire
Le gouvernement avait affirmé détenir des preuves de l’implication du
Hamas dans le meurtre mais à ce jour rien de concret n’a été publié à ce sujet.
Le chef du bureau politique, Khaled Mechaal, doté d’une grande expérience
politique, a nié la responsabilité du Hamas alors que d’ordinaire il était le
premier à se glorifier d’une pareille opération. Sauf à choisir le suicide
politique, il pouvait difficilement cautionner un pareil acte alors qu’un
accord de réconciliation venait à peine d’être signé entre le Fatah et le
Hamas. Le Hamas est en effet trop faible et trop isolé pour supporter les
conséquences des représailles israéliennes. Quant à Mahmoud Abbas, il ne peut
pas être accusé de complicité. Il a eu le courage d’une déclaration claire en
Arabie saoudite en condamnant sans ambiguïté l’enlèvement et en appelant les
ravisseurs à libérer les trois adolescents.
Abou Bakr al-Baghdadi |
Le doute s’est installé dans l’esprit israélien lorsque l’organisation
égyptienne Ansar Bayt al-Maqdis, les Partisans de Jérusalem, a revendiqué le
triple meurtre le 1er juillet, le tir de roquettes depuis Gaza et
son allégeance au Calife Abou Bakr
al-Baghdadi. Le groupe terroriste n’a certes donné aucune preuve de sa
participation à l’enlèvement et il pourrait s’agir uniquement d’une opération opportune
de communication mais l'incertitude persiste.
Ce groupe djihadiste, actif depuis 2011 dans la péninsule du Sinaï, a étendu
ses actions terroristes en 2013 par des attentats perpétrés au Caire. Le 16 février 2014, il a revendiqué l'attaque qui coûta la vie de quatre sud-Coréens
et d’un Égyptien lors de l'explosion d'un bus à la frontière entre l'Égypte et
Israël. Proche d’Al-Qaeda, ces sunnites veulent concurrencer les djihadistes d’EIIL
(État Islamique en Irak et au Levant) en s’implantant en Cisjordanie et en y
menant des actions terroristes qui les feraient connaitre de la population
palestinienne. L'enlèvement pourrait ainsi signer leur première action en Cisjordanie.
Cette émanation du Hamas est effectivement constituée de dissidents qui
refusent la trêve et qui tiennent à continuer le combat armé contre Israël. Il
comprend plus de 2.000 miliciens installés surtout au Sinaï et recrutés parmi
les Bédouins mais leur présence a été signalée en Cisjordanie. Le Hamas s’était
démarqué de ce groupe dès janvier 2014 en précisant qu’Ansar Bayt Al-Maqdis «n’était pas palestinien» et qu’il était
plus proche d’Al-Qaeda que des Frères musulmans.
Le gouvernement israélien reste donc prudent et veut éviter de se lancer
dans une opération où les vrais coupables seraient épargnés et qui l’isolerait diplomatiquement des chancelleries
occidentales, promptes à qualifier toute opération militaire de «réaction disproportionnée»
5 commentaires:
On marche sur des œufs en quelques sortes ... de moins en moins facile à cerner le problème en effet ... pas rassurant ce qui se profile
Cher monsieur Benillouche,
J'avoue que j'ai du mal à comprendre pourquoi l'Etat d'Israël ne s'attaquerait pas purement et simplement à l'organisation Ansar Bayt al- Maqdis, puisqu'elle a revendiqué le triple meurtre, qu'elle est une organisation terroriste avérée, qu'elle est installée "surtout" au Sinaï et que le Hamas s'en est démarqué ?
Car il faut craindre qu'à trop tergiverser, ce ne soient les citoyens qui ne se lancent dans des actes de vengeance, tel l'enlèvement et l'assassinat de ce jeune adolescent palestinien ces dernières heures.
Très cordialement.
Chère Marianne,
Ansar Bayt al- Maqdis est basée dans le Sinaï et toute action contre cette organisation doit passer par un accord avec l'Egypte qui reste cependant jaloux de ses prérogatives au Sinaï. En fait il faudrait une action conjointe des deux pays pour éradiquer ce mal.
Dans cette triste histoire, Israël est dans l'obligation d'envoyer un signal particulièrement fort aux terroristes de tous poils. Dans le cas contraire, sa retenue sera prise pour de la faiblesse. Face à ce genre de nuisibles, Israël ne doit pas baisser sa garde, mais répondre avec force et efficacité. Luc
Je pars du principe que les autorités responsables de la bande de Gaza sont le Hamas et ses dirigeants ,donc à ce titre ils sont hautement responsables de ce qui se passe à l'intérieur de ce territoire !! Israël se doit de frapper très fort afin que ces complices du terrorisme comprennent qu'ils doivent faire le ménage chez eux !
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