L’AVENIR DES
IMPLANTATIONS DE CISJORDANIE
Par
Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
copyright © Temps et Contretemps
L’assassinat des trois adolescents israéliens, alors qu’ils circulaient près de Hébron en Cisjordanie, et les manifestations de centaines de Palestiniens à Bethléem et à Ramallah posent le problème crucial de l’avenir des implantations. Il est indéniable que les Palestiniens n’accepteront jamais la situation inverse qu’ont connue les Juifs des pays arabes durant plusieurs siècles. La solution qui leur est actuellement proposée est d’être des dhimmis sous la coupe des Juifs.
De ce fait, la cohabitation sera toujours conflictuelle. Il est
illusoire de croire que l’on peut mettre sous tutelle par la force plus d’un
million d’habitants arabes des territoires. Par ailleurs, pour de nombreux
Israéliens pragmatiques, le maintien de la Cisjordanie sous contrôle israélien
impliquera, de fait, l’existence d’un État binational et la perte à terme du
caractère juif de l’État d’Israël. Ils estiment que les Juifs qui ont fait leur
alyah n’ont pas quitté leur pays
d’origine pour vivre dans un État multiculturel car alors ils auraient choisi
New-York où la vie est plus douce, plus facile, plus rémunératrice et moins
problématique.
Gaspillage
économique
Le gaspillage d’une partie du budget de
l’État pour les implantations est l’élément qui persuade de plus en plus
l’israélien moyen que la situation ne peut perdurer. Israël construit des
routes et des logements et dépense sans compter dans des territoires qui
seront, au moins en partie, rendus en cas d’accord ou lorsque la situation deviendra
totalement intenable. C’est dans ces circonstances qu’il a fallu évacuer le
sud-Liban et Gaza face à des troubles que l’armée ne pouvait plus contenir.
Face
à la situation précaire de certaines classes défavorisées, le budget gaspillé
dans les territoires aurait été plus judicieusement employé à réduire la misère
dans un pays où, paradoxalement malgré l’évolution technologique, des centaines de milliers de juifs souffrent
de ne pas pouvoir boucler leurs fins de mois. Cette situation a été révélée par
un organisme d’État, le Bureau central des statistiques, qui a publié en juin son
rapport annuel sur la pauvreté révélant la triste réalité sur une classe
défavorisée qui s’étend de plus en plus.
Ainsi 39% des Israéliens âgés de plus de 20 ans ont dit qu'ils ne pouvaient pas
joindre les deux bouts et ne pouvaient pas se permettre de payer toutes leurs
factures mensuelles.
Herzog-Lieberman |
Selon les travaillistes de Yitzhak
Herzog et les centristes de Yaïr Lapid et Tsipi Livni, l’avenir pacifique de la
région ne peut se concevoir que dans la création de deux États séparés par des
frontières infranchissables pour éviter tout risque de terrorisme, à l’instar
du mur actuel. Ils estiment que le mur actuel pourrait servir de frontière jusqu'à la conclusion finale d'un accord. Toutes les implantations en dehors de ce mur seraient alors regroupées au sein des grands blocs. Le temps fera les choses et plus d’une génération sera nécessaire
pour panser les plaies. Il faut se rendre à l’évidence que les relations avec
les Palestiniens sont actuellement entachées de méfiance réciproque, non
propice à la signature d’un quelconque accord.
Tout a été tenté, d’un côté comme de l’autre, en vain après l’échec des accords d’Oslo, les deux Intifada et les guerres de Gaza. Les Américains ont échoué à faire avancer le processus de paix car le statu quo permet à Benjamin Netanyahou de maintenir sa coalition hétéroclite et surtout de ne rien décider. Dans son discours du 14 juin 2009 à l’Université Bar Ilan, il s’était déclaré en faveur de la solution à deux États mais cela s’est avéré être un leurre pour gagner du temps. Les printemps arabes et la prise du pouvoir par les Islamistes n’ont pas arrangé les choses puisqu’ils ont jeté un voile de suspicion sur la crédibilité des dirigeants arabes avec lesquels il avait à négocier.
Tout a été tenté, d’un côté comme de l’autre, en vain après l’échec des accords d’Oslo, les deux Intifada et les guerres de Gaza. Les Américains ont échoué à faire avancer le processus de paix car le statu quo permet à Benjamin Netanyahou de maintenir sa coalition hétéroclite et surtout de ne rien décider. Dans son discours du 14 juin 2009 à l’Université Bar Ilan, il s’était déclaré en faveur de la solution à deux États mais cela s’est avéré être un leurre pour gagner du temps. Les printemps arabes et la prise du pouvoir par les Islamistes n’ont pas arrangé les choses puisqu’ils ont jeté un voile de suspicion sur la crédibilité des dirigeants arabes avec lesquels il avait à négocier.
Alliés inconditionnels
Les atermoiements israéliens aussi bien
que les réticences palestiniennes ont poussé les États-Unis à ne plus être des
alliés inconditionnels d’Israël. Ils se justifient en étant convaincus qu’aucun
pays arabe n’est en mesure de mettre en danger la sécurité de l’État Juif. Par
ailleurs la découverte de Gaz en Israël donne une autonomie énergétique au pays
qui ne dépend plus du bon vouloir arabe.
Des solutions politiques existent mais aucune ne semble satisfaire, ni les nationalistes juifs qui veulent garder la totalité de la Cisjordanie ni Mahmoud Abbas pourtant prêt à accepter la présence de troupes de l’Otan dans la vallée du Jourdain. Le nationaliste Avigdor Lieberman, ministre des affaires étrangères qui lorgne sur le poste de premier ministre, semble avoir mis de l’eau dans son vin pour remplacer Netanyahou usé par des années de pouvoir. Il a déjà mis les jalons en ne reconduisant pas l'alliance Likoud-Israël Beiteinou pour les prochaines élections. Les sionistes religieux de Naftali Bennett maintiennent en revanche la pression pour refuser tout dialogue avec les Palestiniens, même si l’épée de Damoclès d’un boycott de l’Union Européenne est au-dessus de la tête des Israéliens. Le ministre des finances, Yaïr Lapid, est d’ailleurs conscient puisque ses services calculent déjà les risques que le pays encourt.
Des solutions politiques existent mais aucune ne semble satisfaire, ni les nationalistes juifs qui veulent garder la totalité de la Cisjordanie ni Mahmoud Abbas pourtant prêt à accepter la présence de troupes de l’Otan dans la vallée du Jourdain. Le nationaliste Avigdor Lieberman, ministre des affaires étrangères qui lorgne sur le poste de premier ministre, semble avoir mis de l’eau dans son vin pour remplacer Netanyahou usé par des années de pouvoir. Il a déjà mis les jalons en ne reconduisant pas l'alliance Likoud-Israël Beiteinou pour les prochaines élections. Les sionistes religieux de Naftali Bennett maintiennent en revanche la pression pour refuser tout dialogue avec les Palestiniens, même si l’épée de Damoclès d’un boycott de l’Union Européenne est au-dessus de la tête des Israéliens. Le ministre des finances, Yaïr Lapid, est d’ailleurs conscient puisque ses services calculent déjà les risques que le pays encourt.
Divorce inéluctable
Tant que la droite nationaliste israélienne
s’appuie sur une idéologie religieuse intégriste, alors toute avancée est
bloquée dès lors où les rabbins menacent de sanctions divines ceux qui
négocient la paix. Ils profitent que le camp de la paix est atone en Israël et
pratiquement à la dérive tant la foi pour une solution crédible n’est plus. Avec
tous ces troubles, ces crimes de haine et ces manifestations de rues qui appellent le sang, la cohabitation entre Israéliens et Palestiniens
devient de plus en plus impossible ; l’avenir réside donc dans la
séparation des deux peuples. Il n’est pas honteux d’avouer que le divorce est
inéluctable lorsqu’Israël entre dans la spirale de la violence.
Néguev, Revivim |
Pour des Israéliens qui ont perdu la
confiance dans la cohabitation, il existe de nombreux espaces vides en Galilée
qui pourraient accueillir des villes nouvelles pour contrebalancer la majorité
arabe de la région. Le désert du Néguev cher à David ben Gourion est vide. Il représente
60 % de la surface de l'État d'Israël mais n'abrite que 8 % de sa population,
dont une forte communauté de Bédouins (25 % de la population de la région).
Nombreux sont ceux qui estiment qu’il faudrait consolider le sud du pays avant
de s’étendre dans les terres exiguës et contestées de la Cisjordanie.
Benjamin Netanyahou s’est engagé à tenir
un référendum s’il fallait abandonner des territoires en cas d’accord de paix. Il
n’aurait aucun problème à convaincre la population israélienne, lassée des
assassinats et des roquettes, quand il expliquera qu’au moins 10% de la
Cisjordanie seraient intégrés à Israël avec 80% des habitants des
implantations.
Mais si les troubles avec la jeunesse
palestinienne persistent, l’armée israélienne sera vite débordée sauf à utiliser
une force meurtrière. L’appel aux réservistes deviendra une nécessité et le
pays subira une désorganisation de son économie. Certes l’Autorité
palestinienne ne cautionnera aucune Intifada car elle sait qu’elle coûtera
chère à la région et entraînera une rupture avec les États-Unis qui bloqueront
les aides financières indispensables à la survie des populations
palestiniennes. Mais elle n’est plus en mesure de canaliser le mécontentement
de la rue qui s’est exprimée plusieurs fois avec violence et qui vient de se
manifester à Jérusalem. Il ne s’agit plus de petites escarmouches mais de
véritables combats de rues.
EIIL |
Un
nouveau risque est par ailleurs apparu depuis le conflit syrien. Une nouvelle
organisation sanguinaire a fait son apparition, l’EIIL (État Islamique d’Irak
et du Levant), constituée de sunnites qui veulent à la fois combattre les
chiites mais aussi Al-Qaeda. Les jeunes palestiniens sont instrumentalisés par ces
djihadistes qui cherchent à s’implanter en Cisjordanie pour doubler le Hamas.
Cette nouvelle donnée est inquiétante car le terrorisme se rapproche des portes
d’Israël. Les tenants d’une séparation physique avec les Palestiniens
commencent à voir leurs thèses de plus en plus actuelles.
7 commentaires:
Cette séparation est urgente compte tenu du contexte moyen oriental, mais bien sur pas à n'importe quel prix.si ce nouvel état se livrait à une agression du type de celle que nous connaissons aujourd'hui avec le Hamas,Israël aurait les mains libres pour y répondre sans être bridé par la communauté internationale du fait qu'il soit puissance occupante d'une partie de la palestine.ce nouveau pays serait responsable de ses actes sans bénéficier de circonstances atténuantes
Très juste et très sage.
Séparation des deux peuples = inévitable
Quitter la Cisjordanie en gardant les grands blocs d'implantations=On y arrivera tôt ou tard, car un Etat binational est impensable.
Mais encore bien longtemps la Palestine devra être démilitarisée Israël devra garder le contrôle de l'espace aérien et des frontières. Ce qui se passe actuellement à Gaza confirme que c'est indispensable.
Cela est-il réalisable dans le contexte actuel ????
ElianeAmado-Levy Valensi disait que pour certains juifs "l'objectivite c'est adopter la subjectivite de l'autre".
Monsieur Bellilouche nous propose d'evacuer la Judee et la Samarie pour eviter "le gaspillage d'une partie du budget" !
Cette proposition est-elle raisonnable, alors que notre pays recoit des centaines de missiles venant d'un territoire evacuer par Israel et devenu un judenrein,
Monsieur, votre analyse est caduque.
Nous sommes en guerre, une guerre imposee par le Hamas. Le temps n'est plus aux compromis mais a la victoire totale d'Israel.
Yehouda DJAOUI
@ Roland Dajoux
En votre qualité de médecin et d’écrivain, il me semble que vous devriez posséder des qualités d’analyse et de lecture qui doivent vous mettre à l’abri de l’ignorance. Or, vous n’avez retenu qu’un seul argument de mon texte, celui de la dépense budgétaire.
Il me parait donc nécessaire de lister les points qui me semblent justifier la nécessité d’évacuer les implantations au-delà du mur de séparation :
1. Intégrer les Palestiniens à Israël nuirait à la qualité juive de l’État d’Israël
2. Les problèmes sécuritaires liés à la mise sous tutelle de plus d’un millions d’Arabes
3. Cohabitation conflictuelle
4. Gaspillage économique
5. Nécessité d’éradiquer la pauvreté en Israël
6. Réduire ou éradiquer le terrorisme dans la région
7. Éradiquer la montée des extrémismes islamistes symbolisés par les djihadistes
8. Réduire l’action des extrémistes juifs
9. Restructurer l’équilibre communautaire en Israël en mettant l’accent sur les zones de développement israéliennes (Galilée et Néguev) par le transfert de populations des implantations vers les nouvelles villes. Les sources d’immigration se tarissent.
10. Enfin protéger les pays arabes amis d’Israël (Jordanie et Égypte) en éliminant les sources de conflit.
Cordialement
le fait d'investir dans les territoires n'a jamais été une bonne chose , sauf si les aménagements, sont rétrocédés à Israël dans le futur plan de partage. mais c'est loin d’être le cas partout, beaucoup d'investissements sont perdus pour Israël, mais bénéficieront aux palestiniens.
tout ceci n'est pas très logique, quand on pense aux besoins de la population d’Israël.
le Hamas et le Fatah vont devoir signer une charte commune, pour que se perpétuent les négociations. dans le passé , le Hamas a montré qu'il pouvait négocier à travers la libération de Shalit. il serait bien qu'il renouvelle sa capacité de dialoguer, avec ses voisins..chaque partie pourra profiter de l'été, du soleil, sans courir au abris.
Benjamin, pour moi, les frontières de Sharon (la Barrière de Sécurité) doivent être considérées comme les frontières d'Israel.
Toutes les "guerres" avec le Hamas ne feront qu'accélérer les négos pour divorcer des palestiniens... pour les 30 prochaines années.
Les espaces israéliens en Judée ("settlements") servent de postes frontières qui sécurisent Tel Aviv et Netanya de frappes directes à bout portant.
Les frais engagés par les israéliens pour construire et protéger ces "espaces de vie" pourront servir aux palestiniens aussi (leur céder quelques villages).
Cela ne servira peut être à rien de leur laisser ces investissements, mais nous nous retournerons vers les USA et les Saoudiens/Koweit pour rembourser tout cela !
Le M.O. est si versatile que, demain, les frontières ne vont plus être des "cases excel" bien ordonnées par les anglais/francais en 1919, mais épousant plutôt les formes autour des concentrations ethniques ou religieuses .
Par exemple, celles d'Israel, engloberont les populations juives de Judée tout en excluant les populations palestiniennes de Oum el-Fahem (50 000habitants / 100% musulmans)ou les 200 000habitants de Jérusalem-Est, à l'entité palestinienne en gestation.
En aucun cas il ne faut souhaiter un Israel de 14M. (dont 7M. de juifs et 6M.de palestiniens (dont 1.5M. d'arabes israéliens et 1.7M. d’arabes à Gaza).
Je constate que la propagande gauchiste contamine une partie des juifs et en particulier les journalistes.
En effet, comment pouvez vous conseiller aux isréliens d'abandonner la Judée Samarie ou se sont passés tant d'événements historiques pour notre peuple.
Evidemment il faut du courage pour affirmer haut et fort que nous ne céderons jamais ces terres qui nous appartiennent pour l'eternité, n'en déplaise à nos ennemis.
Enregistrer un commentaire