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jeudi 8 octobre 2015

JAFFA A OUBLIÉ LES CONSÉQUENCES DE L’INTIFADA 2000



JAFFA A OUBLIÉ LES CONSÉQUENCES DE L’INTIFADA 2000

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Horloge centre-ville
     Jaffa, qui a été absorbée en 1950 par la municipalité de Tel-Aviv, est une ville symbole d’une cohabitation pacifique entre trois communautés qui s’observent sans se côtoyer. La ville qui était peuplée en 1948 d'une majorité de 80.000 Arabes, est composée aujourd’hui de 45.000 habitants dont 25.000 Juifs, 12.000 Musulmans et 8.000 Arabes chrétiens. A l'avènement de l'Etat d'Israël, les autres ont préféré quitter la ville en 1948 pour les camps de l’exil à Gaza. 


Les oranges de Jaffa


     Limitrophe de la ville juive de Bat-Yam et située au sud de Tel-Aviv, Jaffa présente une architecture arabe avec une dominance d'habitations mauresques, souvent délabrées et mal entretenues par suite du départ de leurs propriétaires en 1948. Les maisons de style original et les petites ruelles ont gardé leur cachet historique après avoir été rénovées. Dès le début du 19ème siècle, les habitants de Jaffa cultivaient des agrumes, notamment les oranges. La demande internationale d’oranges de Jaffa avait propulsé la ville sur la scène mondiale puisque, dans les années 1930,  Jaffa exportait des dizaines de millions de caisses d'agrumes vers le reste du monde. L’industrie et le tourisme ont remplacé l’agriculture qui a presque complètement disparu de la région qui a cherché à s’ouvrir au monde moderne.
Quartier Ajami

       Le quartier arabe d’al-Ajami a résisté, après avoir été isolé du reste de la ville. Certains quartiers connaissent une nouvelle vie avec la restructuration des vieux bâtiments et des hangars affectés à la culture ou aux commerces. Des constructions nouvelles dominent le vieux port qui avait vu Ben Gourion accoster au temps historique des pionniers juifs. La plupart des biens appartiennent à l’Église grecque orthodoxe qui les louait aux populations arabes jusqu’au moment où le maire de Tel-Aviv a décidé de lancer de grandes opérations de rénovation en favorisant le rachat privé des biens, un à un. 
Monastère donnant sur la mer, en rénovation

              Ainsi, une grande partie du monastère médiéval Saint-Nicolas a subi une transformation en habitations de luxe pour Juifs fortunés. Les biens appartenant à des exilés palestiniens ayant été confisqués et les prix des logements ayant subi une hausse vertigineuse, les populations arabes de Jaffa ont été contraintes de se déplacer vers la Cisjordanie ou vers des villages arabes d’Israël.
     Les habitants arabes de Jaffa, qui disposent de la citoyenneté israélienne, bénéficient de la libre circulation et occupent des emplois dans tous les secteurs économiques du pays, le bâtiment en particulier. Les anciens ont constitué l’association «Rabita» pour le bien-être de la population arabe qui organise des réunions non-politiques entre Juifs et Arabes, fatigués de l'incitation et de la violence. Ils veulent vivre une vie simple en tant que citoyens égaux en droits et obligations.

Contagion du nationalisme

     Mais les jeunes ont été contaminés par le nationalisme palestinien et refusent d’être considérés, selon eux, comme des citoyens de deuxième zone. Des émissaires nationalistes de Cisjordanie les ont poussés à l’activisme et dans le terrorisme. Pourtant, les souvenirs de la deuxième Intifada de 2000 sont toujours dans les esprits. Jaffa avait été le théâtre de manifestations de rues qui avaient surpris les Juifs qui se croyaient immunisés contre la violence arabe. La peur s’était propagée parmi les Arabes et les Juifs pour se transformer en haine entre bons voisins. Des émeutiers arabes avaient attaqué des maisons et des magasins juifs. De jeunes hooligans avaient voulu régler leurs comptes avec les Juifs qui n’ont dû leur salut qu’à quelques voisins arabes compatissants. Des rumeurs, avérées fausses, avaient couru sur l’incendie de synagogues locales. Des vitrines et des habitations avaient subi de lourds dégâts.



     Les magasins autour de la jonction entre les rues Yefet, Mendes-France et Shivtey Israël, à proximité de l’Ambassade de France, avaient été fermés durant plusieurs jours. Certains patrons avaient préféré renvoyer leurs ouvriers arabes chez eux. En représailles, une foule juive venue en renfort de Bat-Yam a attaqué une institution locale, la boulangerie arabe Aboulafia sur la rue principale. Le symbole de la coexistence était détruit.
     Les rues s'étaient vidées et la partition devenait un fait. La police avait tout fait pour protéger la coexistence et pour isoler les mosquées. Elle était persuadée que les fauteurs de troubles, qui s’identifiaient à leurs frères arabes, venaient des Territoires. Mais après enquête, il s’était avéré que les émeutiers habitaient tous Jaffa.

Boycott juif
Commerces au centre ville

     Ces manifestations ont laissé des traces durant plusieurs années. Les Juifs, par peur ou par représailles, évitaient de se rendre à Jaffa où se trouvaient les meilleurs restaurants de poissons du bord de mer et surtout les magasins ouverts le samedi. Youssef qui régalait l’intelligentsia juive et les hauts dignitaires politiques s’est trouvé contraint de fermer son restaurant par manque de clients, suite à un boycott juif. Les touristes ont déserté les vieilles rues de Jaffa ainsi que son marché aux puces célèbre. Les conséquences économiques ont été graves pour la population arabe qui a mis plusieurs années à se remettre d’une décision contestable. Certains, les chrétiens en particulier, avaient pris la décision de s'expatrier. De nombreux commerces et restaurants avaient dû fermer.
     Mais les leçons du passé ne sont jamais assimilées et l’histoire se répète. Les récents développements du Mont du Temple à Jérusalem ont entraîné à nouveau des émeutes arabes à Jaffa, le 6 octobre 2015. Trois policiers ont été blessés alors que rien ne laissait prévoir cet enchaînement de faits puisque l’Ambassadeur de France nous avait reçus le 1er octobre dans sa résidence de Jaffa, en plein quartier arabe alors paisible. 



     Des dizaines de résidents arabes de Jaffa sont descendus dans la rue en arborant des drapeaux palestiniens, en criant des slogans hostiles à Israël et en manifestant leur volonté de défendre la mosquée Al-Aqsa. Des émeutiers ont jeté des pierres en direction des bus et des voitures privées de la rue de Toulouse et contre les policiers. Il s’agit en majorité de jeunes militants. Les adultes se sont abstenus de se joindre à eux mais nombreux ont été leurs inspirateurs.  


Raed Salah leader du mouvement islamique aux prises avec la police 

     Devant la violence des émeutes, l'ancien président Peres a tenu à intervenir pour dédramatiser la violence à Jaffa. Il accuse le Mouvement islamique de porter atteinte à la «vitrine de la coexistence judéo-arabe». Il estime que ces émeutes sont une anomalie dans une ville pacifique.
     Ces manifestations confortent la position des nationalistes juifs qui ont toujours considéré les Arabes israéliens comme une cinquième colonne manquant de loyauté à l’égard de l'Etat juif. La question d’une cohabitation impossible sera posée à nouveau. Les dirigeants politiques arabes ont pris de lourdes responsabilités en déplaçant le conflit palestinien dans des villes israéliennes qui ont déjà souffert des émeutes dans les années 2000. Ils vont donner de l’eau au moulin de ceux qui veulent vider Jaffa de sa population arabe.        



8 commentaires:

Michel ALLOUCHE a dit…

Cher Jeaques, avant de prendre ma retraite de Tsahal, j'ai servit a Yaffo pendant 20 ans. Crois moi, les habittants arabes ne se sont jamais, mais alors, JAMAIS, comportes comme des voisins. Ils nous ons jetes des dizainnes de fois des linges de bebes pleines.. des bouteilles cassees, des ordures et autres.. ils jetaient des insultes a nos soldates et des menaces. Tout ca pour te direque les habittants Arabes de Yaffo, et surtout ceux de la rue Azza et La Martine se considerent comme des "palestiniens" et la haine qu'ils ressentent envers les Juifs est aussi profonde que celle du Hamas

Michel LEVY a dit…

Cette information est très triste, et encore plus triste la passivité des autorités de l'état, qui n'ont entrepris aucun effort d'éducation.
Il aurait fallu les mélanger à la population, mettre leurs enfants dans des écoles publiques, où ils auraient suivi des cours d'instruction civique, casser l'effet "communautaire" vu qu'il est hostile, je ne sais pas quoi encore, mais en tout cas faire des efforts pour combattre cette mentalité avant d'en arriver à la violence actuelle.

Michel ALLOUCHE a dit…

Je ne compte plus les fois ou ils bloques l'entree de notre poste avec leur voitures, sachant tres bien que c'est interdit. La police est venue plusieurs fois mais cela n'a tien change a leur comportement hostile envers nous.

parolevolee a dit…

Merci pour cet intéressant rappel historique instructif sur la ville de Jaffa.
Mais est-il besoin d'être "nationaliste" pour constater les violences récurrentes d'une population influencée de concert par des meneurs nationalistes palestiniens et arabes israéliens dans un contexte encore plus islamisé?
Le problème des arabes est que partout dans le monde leur majorité dite silencieuse ne manifeste ni ne se manifeste dans le cadre d'une opposition organisée pour défendre ses propres intérets en vue d'une intégration amicale et paisible de longue durée.
Il suffit d'écouter leurs représentants à la Knesseth pour s'en convaincre.
Ceux-ci ne sont pas moins haineux que leurs collègues palestiniens avec lesquels ils s'identifient.
Aussi il est à prévoir sans être grad clerc -parce qu'on ne percoit pas de changement majoritaire- une aggravation des attentats contre la population juive. Mais à quels fins?
-chasser les juifs de la terre d'Israel?
-créer un etat palestinien dont on sait que les palestiniens ne veulent pas .... sauf sur l territoire de tout le pays d'Israel?
La vérité est qu'il ne faudra compter sur aucun soutien arabe israélien le moment où ils sentiront le vent tourner en cas de faiblesse militaire ou de laxisme démocratique à l'européenne. Les pacifistes arabes-il doit y'en avoir- resteront comme toujours sans voix active.
Aussi, je pense que le mot 'loyauté" n'est pas approprié.
On devrait plutot évoquer les concernant un intérêt economique et social à préserver, ceux-ci établissant des comparaisons économiques avec la situation de leurs frères dans les pays voisins.
Les arabes israéliens sont conscients de ces avantages, et sont disposés à en profiter tant que ça dure mais -à part une minorité- restent enfermés dans la pensée-pardon la dictee musulmane- avariée,invariée au fond et remise en cause si peu en la forme- suivant laquelle les juifs doivent leur être soumis ou disparaître de cette terre.
Le paradoxe est que les arabes, ici en Israel- ont besoin des juifs pour ne pas sombrer, alimentant dans leur mental la jalousie menant à la haine.
Rien ne changera tant que les musulmans resteront dans le carcan de leur religion melée d'idéologie raciste.
Si les israéliens veulent changer la donne, ils doivent imposer une modification radicale de l'islam chez eux au besoin par la violence comme l'avait fait Ataturck avec ses concitoyens... ou bien faire face à cette violence en la brisant impitoyablement dans le cadre d'une nouvelle guerre d'indépendance n'en deplaise à nos faux amis européens.
Sinon quoique dira ou fera le gouvernement israélien dans la continuité des dernières années en vue d'un apaisement provisoire, n'empêchera pas le meurtre des concitoyens juifs.
Voici d'ailleurs la seule chose prévisible, les citoyens de Tel-Aviv n'étant pas à l'abri, même s'ils s'enfoncent dans l'erreur imaginant y échapper par une solution à deux états... sauf à ce que ce deuxième Etat hypothétique dont les israéliens arabes et les palestiniens ne veulent pas, se situe en Jordanie.
En un mot, "tu vis chez moi et tu en acceptes toutes les règles ou tu fous le camp comme réfugié en Europe".

davidN a dit…

ayant une maison depuis dix ans dans ce quartier, il est vrai que les relations avec les voisins arabes sont cordiales mais empruntes de méfiance. ils disjonctent assez vite mais ça c'est un caractere arabe que j'ai connu a tunis. L'implantation de plus en plus de juifs à Ajami est une bonne chose qui devrait reduire le risque de nouveau derapage. l'ouverture de deux yeshivot, la construction de nouveaux immeubles assez luxueux devraient eloigner les fauteurs de trouble. En petite minorité dans un endroit les arabes sont vivables...en général!

Unknown a dit…

... Chacun son tour...
Personnellement, je pense que la première intifada en France aura lieu bientôt sur les Champs Élysées, la plus grande casbah du monde !!
Rien à faire pour "intégrer" ce genre de population ! Nous le vivons hélas, chaque jour ici ! Même "Angélique d'Allemagne" ne tardera pas en faire l'expérience !!
Claude

Fernand COHEN-TANNOUDJI a dit…

Excellent article,La Judee Samarie commence a nos portes de notre domicile de Raanana, Tel-Aviv, la ligne de 48, Verte ou autre (A-B-C) n'est qu'un leurre...et son corrollaire : Jerusalem est en nous...c'est cette Jerusalem que nos ennemis veulent nous enlever, cette Jerusalem qu ils appellent Al Quds ou EL AQSA...

邓大平 עמנואל דובשק Emmanuel Doubchak a dit…

Le constat est malheureusement consternant mais inévitable. Le problème reste celui des solutions. Contrairement aux Français , je crois que nous sommes capables d'envisagerdes solutions et le courage de les appliquer .