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samedi 23 mars 2019

Israël : Fake news, attaques personnelles et sondages douteux



Israël élections avril 2019

ISRAËL : FAKE NEWS, ATTAQUES PERSONNELLES ET SONDAGES DOUTEUX

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps


Une certitude, les sondages sont imparfaits, voire manipulés. Il n’existe pas en Israël d’organismes de sondage indépendants, garantissant une neutralité totale des résultats. C’est d’ailleurs pour cela qu’aux dernières élections législatives de 2013 et 2015 les sondages étaient totalement en dehors de la réalité. Quand Israel Hayom, journal du millionnaire Adelson, entièrement dévoué à Benjamin Netanyahou, ou la chaîne de télévision nationale KAN, dirigé par un comité de douze administrateurs désignés par le ministre de la communication Guilad Erdan, publient des sondages alors ils sont suspectés de rouler pour la coalition actuelle.



Liste incomplète d'un sondage SMS

Les méthodes pour fausser les résultats sont simples ; d’abord on ne donne aux sondés qu’une liste de noms imposée et limitée sur laquelle ils doivent faire leur choix. C’est ainsi que dans les premiers sondages Avigdor Lieberman, Orly Levy-Abecassis et Moshé Feiglin ont été volontairement omis. Il a fallu que Lieberman porte plainte auprès de la commission électorale pour que, par enchantement, son nom réapparaisse dans les résultats des sondages et que son parti dépasse le seuil d’éligibilité.
            Les sondages répondent toujours aux souhaits des commanditaires. Même si Benny Gantz est placé en tête depuis plus d'un mois des sondages, à une ou deux exceptions près, il faut garder la tête froide et ne pas pavoiser. Soit les sondeurs gonflent un parti pour inquiéter l’autre camp et le forcer à voter utile. C’est ainsi que Meretz à gauche est gratifié de 4 à 8 sièges selon la volonté du sondeur. Soit alors les sondeurs minimisent les résultats d’un parti extrémiste pour démobiliser des électeurs qui ne se sentent plus inquiets. Il est difficile de croire que les électeurs israéliens soient à ce point volatils pour contredire le soir leur vote du matin. Ainsi le même jour, le 22 mars 2019, dans trois sondages différents, ils adoubent des partis différents et donnent des résultats opposés. Ou bien la méthode de l’échantillonnage est à repenser, ou bien les sondeurs manquent de discrétion dans leur engagement politique.

            En fait les sondages ne cherchent plus à donner une image de l’opinion publique à un instant donné mais à guider la main de l’électeur en fonction des intérêts du moment. Mais l’électeur n’est pas dupe ; il ne se laisse pas impressionner et vote toujours selon ses convictions ce qui explique pourquoi les résultats réels des élections soient à l’opposé des sondages. Compte tenu de ces faits, il faut se poser la question de l’utilité de la publication des sondages. A part les incultes politiques qui suivent à la lettre ce que leur conseillent les officines spécialisées, la grande majorité des Israéliens sait comment et pour qui ils doivent voter sans avoir besoin d’assister à des réunions où les orateurs cherchent à convaincre des convaincus.
Les méthodes électorales israéliennes sont les pires que l’on puisse connaître en Occident. Les fausses nouvelles comme le piratage par les Iraniens du téléphone portable de Benny Gantz et la diffusion de vrais ou faux scandales pour diffuser des mensonges à travers les réseaux sociaux sont devenus une constante qui fait tâche dans un pays censé être le plus démocratique de la région.
Les survivants du 3,25% du seuil électoral



            Il fut un temps où les candidats se battaient par programmes interposés; aujourd’hui on se bat avec des cyber infos. On se souvient de l'influence massive de la Russie sur l'élection présidentielle de 2016 aux États-Unis dont l’enquête en cours prouvera ou non si les Russes avaient effectivement décidé du résultat des élections américaines. On sait que la cyber activité avait influencé le public britannique au sujet du Brexit et que même l’élection en France de Macron devrait beaucoup à cette technique moderne.
            Alors grâce aux outils modernes, on déforme la réalité selon les intérêts respectifs d’un clan pour discréditer l’autre. On s’inquiète d’ailleurs du risque de piratage des ordinateurs des centres de dépouillement avec pour objectif la manipulation des résultats réels.

            On n’échange plus de programmes politiques mais des informations fictives ou tendancieuses telle celle d’un reportage d’un journaliste devant des tombes de militaires tombés au combat ou bien le reportage, soi-disant humoristique, d’un journaliste se moquant d’un collègue dont le visage a été totalement brûlé dans son tank durant la guerre. Et puis il y a les photos insidieuses qui publient côte à côte le portait d’Ehud Olmert et Benny Gantz pour montrer leur ressemblance physique alors que le but caché était d'associer un escroc condamné à un général de Tsahal.


Netanyahou et un grand brûlé de guerre

            La population croit à toutes les sornettes. 35 ans d’informatique dont 10 dans les laboratoires secrets du plus grand constructeur mondial d’ordinateur permettent d’affirmer que les systèmes d’exploitation sont à l’abri du piratage à distance, sauf s'il y a intrusion directe comme avec le virus Stuxnet. Des sommes faramineuses sont dépensées en effet par Apple et Android, un milliard de dollars selon la société israélienne NSO, spécialiste dans le piratage des portables. 
          Certains États comme l’Iran disposent certes de moyens développés mais tous les hauts officiers généraux de Tsahal, Gantz en particulier, sont immunisés contre un piratage. Il faut noter d’ailleurs que Gantz dirigeait jusqu’à sa candidature, une société spécialisée dans la sécurité des portables, et qu’il était donc bien placé pour mesurer toute menace le concernant. De la même manière, le piratage des téléphones de Sarah et Yaïr Netanyahou sont de pures fake news.
            Bien sûr que l’Iran cherche à influencer la campagne électorale mais par ce qu’il sait faire au mieux, par le canal d’attaques terroristes comme en 1996 lorsqu’il avait détruit les chances de Shimon Peres. Benny Gantz sait qu’il restera encore l’objet de scandales pour délégitimer sa candidature. Certains esprits tortueux prétendent que la fuite du piratage du téléphone de Gantz vient de l’entourage même du candidat pour justifier la publication d’informations sensibles secrètes sous couvert de ce piratage.
Bibi, si tu ne gagnes pas ces élections, je mange mon chapeau


            On feint de s’inquiéter de l’intervention iranienne  dans la campagne mais on approuve avec délectation celle de Donald Trump qui a donné un coup de pouce à la campagne essoufflée de Netanyahou en intervenant à bon escient sur la question du Golan qui était depuis longtemps une affaire classée. Cette décision n’avait aucune urgence puisque l’ensemble des chancelleries occidentales s’opposent à l’annexion du Golan par les Israéliens.    
Il est enfin difficile de ne pas être déçu de la manière dont se déroule cette campagne électorale. Nous sommes loin des débats télévisés français où tous les partis ont accès à la télévision et sont logés à la même enseigne et où les petits partis ont les mêmes droits que les grands. Nous ignorons presque tout des programmes politiques qui n’intéressent personne car le vote est personnalisé à un leader ou à un couple de dirigeants. Certes, cela évite ainsi les déceptions puisqu’il n’y a pas eu de promesse lancée. On fait entière confiance au leader Maximo de la tête de liste. 
Liste d'Orly Lévy-Abecassis

Il est décevant que les femmes soient aussi peu présentes dans les listes des deux grands partis sans que cela fasse l'objet de contestation comme si cela était naturel dans un pays macho. Cinq femmes figurent dans les 25 premières de la liste Likoud et neuf chez Benny Gantz alors qu’elles représentent 52% de la population. Nul débat sur la parité hommes-femmes sauf chez Orly Levy-Abecassis qui l'a respectée, mais comme elle dérange, alors on l’écarte des sondages. Il est certain que les électeurs s'en souviendront devant l'urne et mettront à mal tous les sondages de pacotille. Ils sont surtout conscients qu'ils ne doivent pas être soumis à la dictature des sondages même s'ils sont bons pour leurs candidats  



1 commentaire:

Arié AVIDOR a dit…

A noter que la manipulation frauduleuse de la campagne électorale émane essentiellement des officines du Likoud. L’opposition a tenté, dans la mesure de ses moyens, de rétablir certaines règles d’éthique mais a échoué face au véritable délirium qu’imprime à cette campagne un candidat Netanyahou qui tente à tout prix d’échapper à son destin. La pire des menaces pour Netanyahou dans le cadre de cette campagne serait l’instauration d’un véritable débat d’idées. C’est la raison pour laquelle il refuse obstinément la confrontation que lui a proposée Gantz à plusieurs reprises.