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dimanche 10 mars 2019

Israël témoin du torchon qui brûle entre le Maroc et l'Iran



ISRAËL TÉMOIN DU TORCHON QUI BRÛLE ENTRE LE MAROC ET L’IRAN

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps
            



          L’Iran étend ses tentacules politiques à travers le monde et, depuis quelque temps en Afrique, un continent où il avait du mal à s’infiltrer jusqu’alors. Les Mollahs ont estimé devoir prendre position en faveur du Sahara occidental, la chasse gardée du Maroc. La monarchie a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran depuis mai 2018 car les Iraniens étaient accusés de s’insérer dans le conflit du Sahara occidental, en soutenant officiellement le Front Polisario, une organisation de marxistes qui milite pour l’indépendance du Sahara occidental.  





Nasser Bourita

Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, affirme détenir des preuves de la collusion entre le Front Polisario et le Hezbollah avec l’ambassade iranienne en Algérie. La milice chiite libanaise a fait passer en contrebande des missiles anti-aériens montés sur des camions et a dispensé une formation militaire aux membres du Polisario. Les banques et les institutions financières marocaines ont reçu l’ordre de cesser toutes relations avec l’Iran en particulier dans le domaine de la vente de matières premières et de tapis. Les Marocains se sont cachés derrière l’obligation des sanctions américaines contre l’Iran pour justifier leur position.
Le Sahara occidental est un territoire de la côte Nord-Ouest de l´Afrique, limitrophe du Maroc, de la Mauritanie et de l´Algérie. Il était sous administration espagnole jusqu´en 1976. Le Maroc et la Mauritanie l´ont tous deux revendiqué mais le Front Polisario est opposé à ces deux pays. Les Nations Unies ont cherché un règlement de la question du Sahara occidental depuis que l´Espagne s´est retirée du territoire mais  des combats ont éclaté entre le Maroc, décidé de «réintégrer» le Sahara occidental à son territoire, et le Front Polisario soutenu par l´Algérie. Depuis, le conflit entre le Maroc et Sahara occidental persiste à fortiori depuis que le Maroc a envahi les zones contestées.

Le 24 mai 1991, le Secrétaire général de l’ONU avait proposé un cessez-le-feu avec un accord prévoyant une force, la MINURSO, déployée afin de surveiller le cessez-le-feu et d'organiser un referendum qui permettrait aux habitants du Sahara occidental de décider du statut futur du territoire. Le Front Polisario, soutenu militairement et diplomatiquement par l’Algérie, avait réussi à neutraliser les prétentions mauritaniennes ce qui a poussé le Maroc à construire un "mur de sable" pour  consolider ses avancées territoriales et maintenir à distance les forces du Front Polisario. Achevé en 1987, le mur sert au Maroc à se protéger d'attaques et à confirmer sa souveraineté sur l'ancienne colonie espagnole. Ce mur est gardé par environ 100.000 soldats marocains.
Une vidéo diffusée récemment par la télévision algérienne montre le Front Polisario en pleines manœuvres militaires dans le désert. Tanks, Jeeps, revue des troupes... le mouvement séparatiste cherche à faire peur à qui ? Brahim Ghali, militant indépendantiste sahraoui, élu président de la République arabe sahraouie démocratique,  a été photographié aux côtés de Hassan Nasrallah.
Brahim Ghali et Nasrallah

Le Front Polisario n’arrive plus à assurer une résistance armée efficace et peine à consolider ses avancées militaires d’où la nécessité pour lui de s’appuyer sur le Hezbollah.  Tous les plans proposés par l’ONU sont alors voués à l’échec. Depuis 2011, le Front Polisario est totalement isolé sur la scène internationale tandis qu’en mars de la même année, les États-Unis ont annoncé leur soutien à l’option marocaine en faveur de l’autonomie du Sahara occidental. Bien que l’Algérie appuie le Front Polisario, elle a essayé d’entreprendre, en vain, un rapprochement avec le Maroc. Par ailleurs de sérieuses divisions politiques internes au Front Polisario ont fini par le mettre hors jeu. L’Iran s’est engagé à le réinstaller dans l’arène internationale.
Kassim Tajideen

Les tensions entre l’Iran et le Maroc ne découlent pas uniquement du conflit Polisario. En 2009, le Maroc n’avait pas apprécié la propagation chez lui de l’islam chiite sous l’égide de l’Iran et avait décidé de la rupture des relations. En mars 2017, le financier libanais Kassim Tajideen, membre du Hezbollah, avait été arrêté à Casablanca sous l’accusation, transmise par le Trésor américain, d’avoir remis au Hezbollah près d’un million de dollars en espèces ; un incident suffisant pour justifier son extradition vers les États-Unis. Par ailleurs, le Maroc avait été convaincu que l'attaché culturel iranien en Algérie, Amir al-Musawi, également vice-ministre de la Défense, qui s'est donné pour tâche d'embraser le Maroc, participait à la contrebande d’armes du Hezbollah vers le Polisario.
Amir al-Musawi

L’Iran avait décidé de s’inspirer de son infiltration au Liban pour promouvoir la révolution chiite au Maroc afin d’abattre le royaume sunnite, avec pour objectif final de s’implanter de manière stratégique en Afrique sur les rives de l’océan Atlantique. Le Maroc avait alors bien assimilé les techniques du Hezbollah consistant à s’introduire via la contrebande de diamants et le blanchiment d’argent. En 2013, les Américains avaient pisté quatre ressortissants libanais accusés d'avoir collecté des fonds pour le Hezbollah en Côte d'Ivoire, au Sénégal, en Sierra Leone et en Gambie.
L’Iran cherche à créer en Afrique un bloc anti-occidental pour contrer les États-Unis et pour contourner les sanctions économiques. Il dispose déjà d’une présence terrestre au Soudan pour la contrebande d’armes et le commerce illégal entre le Moyen-Orient et l’Afrique. De cette base partent les armements à destination de Gaza et du Sinaï.
Front Polisario

Le Maroc voit dans cette évolution une raison de considérer les associés Polisario et Hezbollah comme des organisations terroristes à combattre. Le Royaume chérifien se trouve de ce point de vue très proche des thèses israéliennes ce qui tend à réchauffer les relations entre Israël et les pays du Golfe. Il attend le signal de l’Arabie saoudite pour établir de relations diplomatiques officielles mais cela n'empêche pas les nombreuses connexions tant sur le plan économique que touristique. 13.000 touristes entrent chaque année au Maroc avec leur passeport israélien. Les exportations israéliennes vers le royaume chérifien sont de l’ordre de 25 millions de dollars. Le Maroc a beaucoup de respect pour les quelques milliers de Juifs restés sur place et même pour ceux qui se sont exilés avec lesquels il veut garder une Histoire commune. D’ailleurs, la constitution marocaine de 2011 intègre la culture juive dans l'héritage marocain. 
Ces problèmes avec le Polisario sont du pain béni pour Israël qui entrevoit ainsi l’opportunité de renforcer les relations diplomatiques et économiques avec le Maroc et surtout avec les pays arabes dans leur lutte commune contre Téhéran.

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