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dimanche 17 mars 2019

En Israël, les petits partis faiseurs de roi 3/ Partis arabes



Israël élections avril 2019

EN ISRAËL, LES PETITS PARTIS FAISEURS DE ROI

3/ Partis arabes : Ahmed Tibi et Ayman ODEH  

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps

       
Ayman Odeh et Ahmed Tibi

          On se polarise dans les sondages sur les résultats des deux grandes listes mais une certitude évidente, quelques petits partis décideront du choix du premier ministre. Les sondeurs négligent à tort quelques leaders qui ne font pas les gros titres des médias mais qui ont une capacité de nuisance ou de persuasion auprès de la population, en dehors de toute analyse de leur programme politique. Quelques sièges obtenus par un micro parti peuvent faire basculer une majorité dans un sens ou dans l’autre surtout lorsque les résultats sont serrés, ou alors bloquer toute majorité de gouvernement. Les petits partis deviennent alors «grands».





Parti Hadash

            Les partis arabes qui constituaient une seule liste en 2015, ont éclaté en deux entités : la liste Hadash-Taal en instance de modération avec Ayman Odeh (Hadash),  Ahmad Tibi (Taal). Aida Toma-Suleiman (Hadash), Oussama Saadi (Ta'al), Ofer Kassif (Hadash), Yosef Jabareen (Hadash) et Sundus Salah (Ta'al) et la liste nationaliste Raam-Balad dont la participation aux élections est suspendue à une décision de la Cour Suprême.  
Le parti Hadash est une alliance parlementaire d'extrême gauche réunissant diverses organisations, dont la plus importante est le Parti communiste israélien. Le parti fut créé le 15 mars 1977 après avoir intégré quelques contestataires juifs des Black Panthers, des séfarades marocains qui s’étaient élevés contre la discrimination à leur égard. Le parti soutient un retrait total d'Israël de tous les territoires et la création d'un État palestinien. Il est aussi connu pour son activisme sur les questions sociales et environnementales en prônant la mise en place d'une économie communiste.
Le parti Taal est dirigé par le docteur Ahmed Tibi. Son idéologie s’appuie sur le nationalisme arabe, sur le sécularisme, sur l’antisionisme et sur la défense des droits des Arabes israéliens.


Liste Raam-Balad

Le parti Ra'am soutient la création d'un Etat palestinien avec Jérusalem pour capitale, avec le démantèlement des implantations. Il demande également la libération des prisonniers palestiniens et le droit de retour des réfugiés palestiniens. Le parti préconise la reconnaissance des Arabes israéliens en tant que minorité nationale et cherche à garantir leurs droits dans une constitution. Ra'am appelle à combler les lacunes du système éducatif arabe et soutient à la fois la création d'une université arabe et le développement de zones industrielles à proximité des communautés arabes.
Le parti Balad se situe à l'extrême gauche de l'éventail des partis israéliens. Parti nationaliste arabe il veut «lutter pour transformer l’État d’Israël en démocratie pour tous ses citoyens, quelle que soit leur nationalité ou leur origine ethnique». Il conteste de ce fait que l’État d’Israël soit un État juif. Il demande que l'État d’Israël reconnaisse les Arabes israéliens comme une minorité nationale, ainsi que les droits s’y rapportant comme une autonomie dans les domaines de l'éducation, de la culture ou des médias. Il soutient la création de deux États avec la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est comme État palestinien.
Aucun parti israélien n’envisage une coalition incluant les listes arabes ce que veut faire croire le Likoud en suspectant Benny Gantz de vouloir les intégrer à son gouvernement. Netanyahou n’est pas à un fake news près : «Benny Gantz a déclaré qu'il n'excluait pas de former une coalition avec les partis arabes».  Plus le mensonge est gros et plus on le croit. Cependant, crédités dans les sondages de 11 à 13 sièges, les Arabes constituent en fait un groupe charnière. 
En se séparant des extrémistes, Tibi et Odeh ont fait un pas vers la modération parce qu’ils ont compris qu’ils ne pouvaient pas être éternellement à l’écart du jeu politique israélien. D'ailleurs leur campagne est axée sur l'appel aux Juifs pour rejoindre la liste arabe. Ayman Odeh a clairement indiqué qu'il était prêt à aider Benny Gantz à former la prochaine coalition même s'il n'y participe pas. Il s'abstiendra de voter une mention de censure contre son éventuel gouvernement minoritaire.

Des organismes sérieux d’analyses des élections de 2015 viennent d’établir le paradoxe que 35.000 Arabes israéliens votaient Likoud et cela ne semble pas gêner la coalition parce que ce sont «de bons Arabes». Les Arabes occupent une place importante dans la population active et dans la société israélienne et nombreux parmi eux refusent le vote communautaire. Certains rêvent de voir le docteur Tibi en ministre de la santé et Ayman Odeh en ministre de la Protection sociale et du Travail.
Mais le groupe charnière arabe peut avoir un rôle fondamental dans le cas d’une absence de majorité claire, si Gantz et Netanyahou ne parviennent pas à se départager. Si la liste Bleu-Blanc arrivait en tête, sans majorité, il pourrait organiser un gouvernement minoritaire, comme Yitzhak Rabin en 1992 qui a pu gouverner normalement. Il lui suffit d’obtenir la neutralité des listes arabes. Il négocierait avec eux une abstention en cas de vote d'une motion de censure. Les Arabes pourraient voter des lois en échange de certains avantages pour leurs villages et leurs écoles comme la Droite le fait actuellement avec les Orthodoxes pour les écoles talmudiques et les lois contre la conscription.
Les Arabes ont participé à des gouvernements depuis la création de l'Etat, au sein des partis sionistes. En se séparant des intégristes et des islamistes, Ayman Odeh veut faire un premier pas vers une acceptation de sa liste dans le jeu démocratique israélien et il a déjà annoncé la couleur : «Nous espérons influencer la prise de décision et souhaitons empêcher la création d’un autre gouvernement extrémiste dirigé par Netanyahou qui incite constamment à nous attaquer». La neutralité de ses douze sièges fera certainement pencher la balance dans le cadre d'une absence de majorité claire.




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