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jeudi 19 juillet 2018

Judaïques FM : les kibboutzim qui bordent Gaza



Radio JUDAÏQUES FM

LES KIBBOUTZIM QUI BORDENT GAZA

Jacques BENILLOUCHE
Au micro de
Eva SOTO

            
Brigade  Nahal

          De tout temps, avant et après la création de l’Etat d’Israël, les kibboutzim ont constitué la première ligne de défense face aux terroristes et aujourd’hui face aux tirs de mortiers, de roquettes et de cerfs-volants enflammés. Pour défendre les villages agricoles, l’unité Nahal avec ses bérets verts avait été créée pour permettre à des soldats agriculteurs de cultiver et de surveiller en même temps les frontières. Les Palestiniens ont organisé la marche du retour le 30 mars 2018, qui a dégénéré en faisant plus de cent morts. Après les tirs de roquettes, le Hamas a inventé une nouvelle technique de destruction, les cerfs-volants enflammés pour détruire les kibboutzim.


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Le premier ministre Benjamin Netanyahou a daigné se rendre dans les environs de Gaza, seulement trois mois après le début des événements, le 16 juillet, et d'ailleurs non pas dans un kibboutz mais dans la ville de Sdérot. Il est vrai que la population des kibboutzim, de gauche et très critique vis-à-vis du gouvernement, ne vote pas pour la droite. Mais il n’est pas normal d’en faire des citoyens à part.  
Le kibboutz de Kissoufim est peu peuplé, une centaine de membres qui s’adonnent à la production de lait, à l’élevage de poulets, à la production de citrons et d'avocats, et à la location de terres à l'armée israélienne. Il vient de créer une usine de production de montures de lunettes en plastique.

Nirim, créé en 1946 par le mouvement sioniste Hashomer Hatzair, fait partie de l’Histoire puisqu’il a résisté à une attaque le 15 mai 1948 de l’armée égyptienne. En revanche à Nahal Oz, la présence militaire est permanente et une grande partie des protestations massives le long de la frontière se sont passées à sa proximité.
Les habitants des kibboutzim sont de véritables résistants car, malgré les troubles et le danger, ils maintiennent leur présence sur place parce qu’il n’est pas question d’abandonner leurs champs, leurs animaux et leurs cultures. Gaza est si proche qu'ils peuvent voir les snipers du Hamas à l’œil nu. Alors quand ces derniers tirent sur les agriculteurs, ceux-ci n’ont que le temps de se protéger derrière un tracteur en attendant les secours de l’armée. Au mochav Avshalom les cerfs-volants enflammés ont provoqué au moins 463 incendies, tué des milliers d’animaux et ravagé 25 km2 de terres.

A l’étranger on ne parle pas de ces kibboutzim car la presse aime le sang mais il n’y a pas de sang et pas de victimes israéliennes. En effet, les habitants sont très organisés et très protégés grâce aux abris antimissiles construits tous les 100 mètres. Lorsque l’alerte est donnée, ils n’ont que sept secondes pour se mettre aux abris. Ils sont souvent tirés brutalement la nuit par les sirènes. Si les habitants résistent, ils finissent souvent par être soignés pour stress post-traumatique mais ils ne lèvent pas les bras. Ainsi la famille Amsellem de Marseille s’y est installée et elle n’a pas l’intention de déserter par amour pour la nature.
Le kibboutz est devenu une institution désuète qui se privatise de plus en plus et qui perd de ce fait de son attrait. L’époque pionnière est révolue et le matérialisme a pris le pas sur l’idéalisme. Mais paradoxalement, malgré la fermeture de nombreux kibboutzim, ceux qui continuent l’aventure sont en forte croissance et participent à l’effort démographique du pays. Les jeunes couples, qui souffrent des difficultés de la ville, de l’impossibilité de se loger à bon marché et de l’augmentation du coût de la vie, ont fait un retour à la nature et à la vie communautaire, grâce aux exemptions d’impôts et aux subsides pour les enfants.
Les Argentins de Mefalsim

            La plupart de ces Israéliens ont jadis côtoyé ceux de Gaza et il n’est pas étonnant qu’ils aient de la compassion pour la population de Gaza qui vit dans la terreur et dans la misère à cause de ses dirigeants. Mais si cela devait durer, les Israéliens des frontières ne pourront pas résister longtemps et d’ailleurs leurs valises sont prêtes. C’est peut-être l’objectif que recherche le Hamas, vider la frontière des Juifs qui la bordent. Le kibboutz Mefalsim comptait une population de 800 personnes, en majorité des Juifs argentins. Maintenant ils ne sont plus que 400 parce que la moitié des habitants s’est réfugiée dans les zones centrales plus sûres.

            Les hommes ne sont pas seuls à souffrir car le Hamas s’est vengé sur la nature en incendiant les champs de blé de Nahal Oz comme si la nature était responsable. Les ouvriers ont avancé en urgence la récolte de blé, quitte à en jeter une partie, pas assez mûre. Chaque jour, des dizaines d'incendies dévorent des zones protégées causant d'énormes dégâts chez les animaux : les oiseaux dans leur nid, les tortues et les reptiles.
Guilad Erdan et Netanyahou

            Certains israéliens découragés en viennent à vouloir à imiter les Gazaouis en mettant le feu à leurs fermes. Mais ils refusent de se comporter en terroristes. Le ministre de la Sécurité intérieure, Guilad Erdan, a appelé à des «opérations de liquidation ciblées contre ceux qui manipulent les cerfs-volants de la terreur». Mais le gouvernement n’a pas trouvé la riposte absolue sauf à faire entrer les tanks à Gaza pour une nouvelle guerre et son cortège de morts. C’est ce qu’attendent les dirigeants de Gaza pour revenir au devant de la scène internationale. Une bonne résolution à l’ONU vaut bien quelques centaines de morts !

2 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Votre article m'a fait me souvenir de ce jeune garçon de huit ans que j'ai connu alors que j'en avais peut-être douze ou treize. Il ne parlait et ne lisait que l'hébreu. Il était né quelque part en Inde sur un boat-people. Son père, un rescapé du ghetto de Varsovie était mort à Monte Cassino, avant sa naissance. Il avait finalement atterri en Israël avec sa mère. Elle s'était remariée, et bientôt, avec son fils, elle avait suivi son nouveau mari à Vienne.
C'est là que je l'ai connu et revu plusieurs fois pendant les vacances d'été. Il était devenu un vrai petit Autrichien. À dix-huit ou vingt ans, alors qu'il avait commencé des études brillantes à l'université, un été, il était parti "arracher des pommes de terre" dans un kibboutz en Israël, et n'avait plus jamais voulu en repartir.
La dernière fois que je l'ai vu, c'était pendant l'été 73 à Vienne. Mon père était mourant. Je lui expliquais que je n'avais jamais pu considérer mon père autrement que comme un étranger, et lui me disait qu'il considérait son beau-père comme son vrai père, le seul père qu'il ait connu et aimé. Ainsi, c'est au moment où il allait mourir que pour la première fois de ma vie j'ai entendu parler en bien de mon père. Et ce père, qu'il n'avait pu être pour ses filles, il avait su l'être pour ce garçon.
Je ne l'ai jamais revu. J'avais une adresse : kibbutz Sdot Yam et un numéro de téléphone. J'ai appelé hier, mais je n'ai pas compris ce qu'on me disait à l'autre bout du fil.
Il s'appelait Henry Fryde.

Très cordialement.

Avraham NATAF a dit…

Bon hommage à ces kibboutzniks qui ont tellement participé à la création de l'Etat d'Israël, à son économie, sa défense et qu'il faudrait réinventer.