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mardi 10 juillet 2018

Tsahal à Gaza : le choix de la modération



TSAHAL À GAZA : LE CHOIX DE LA MODÉRATION

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps


Un agriculteur israélien éteint un incendie dans ses champs

Une question taraude l’esprits des Israéliens : pourquoi Tsahal réagit mollement aux incendies à la frontière de Gaza. Il est difficile de justifier cette passivité alors que des hectares de plantations disparaissent tous les jours en fumée. L’aviation pourrait raser, en quelques heures, des champs de culture palestinienne à Gaza. Certains pensent qu’en incendiant par représailles quelques terres cultivées à Gaza, cela donnerait à réfléchir aux meneurs. Enfin, Israël pourrait fermer l'entrée des marchandises à Gaza depuis le terminal de Kerem Chalom.
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Manifestation à Paris pour Gaza

Mais, malgré cette relative modération de l’armée israélienne, l’Occident est pourtant vent debout pour la défense des Palestiniens parce qu’il estime que plus d’une centaine de morts font désordre. On imagine la réaction mondiale si des mesures militaires plus draconiennes avaient été prises contre les incendiaires et leurs cultures. L’atteinte à la nature et à l’environnement ne trouve aucune oreille compatissante quand il s’agit d’Israël.   

            Il semble en fait que le gouvernement ne veuille pas attiser la situation et qu’il mise sur la lassitude des Gazaouis devant la détermination israélienne. Les meneurs palestiniens  n’attendent que des mesures de force israéliennes pour se positionner en victimes et donner une occasion aux instances internationales de condamner les actes d’Israël. Les dirigeants israéliens estiment que la politique œil pour œil prônée par la Bible n’est pas réaliste quand il s’agit de détruire le gagne-pain d’une population déjà dans la détresse en raison d’une gouvernance islamiste égoïste. La vengeance contre des populations civiles pourrait être alors assimilée  à un crime et Israël n’y gagnerait rien.

            En fait des raisons politiques conduisent à cette passivité recherchée. Le Djihad islamique, encouragé par l’Iran, est responsable des tirs de missiles. Israël refuse d’entrer dans son jeu consistant à enflammer le Sud pour forcer Tsahal à faire intervenir en masse ses forces et dégarnir des zones plus sensibles. Quant à la minorité extrémiste du Hamas, maître d’œuvre de la formation des jeunes aux cerfs-volants enflammés, elle finira par s’épuiser d’elle-même et épuiser son stock inflammable. Le Hamas a déjà perdu le contrôle sur la bande de Gaza et Israël ne veut pas faciliter le jeu iranien.

Le porte-parole de Tsahal, le général Ronen Manelis estime en effet que «pendant des semaines, le Hamas a essayé de mener des émeutes sur la barrière frontalière et a échoué encore et encore. Au cours des deux dernières semaines, il a concentré ses efforts sur la réalisation d'attentats terroristes - coups de feu, bombes et autres et il a permis au Djihad islamique soutenu par l'Iran d'attaquer les villes israéliennes autour de Gaza».
La raison fondamentale de la retenue d’Israël s’explique aussi parce que les dirigeants du Hamas ne veulent plus suivre aveuglément la politique iranienne. Le Hamas s'est engagé dans une négociation diplomatique sous l’égide de l’Égypte et il ne veut pas faire capoter les discussions qui se sont accélérées ces derniers jours. Les diplomates se penchent sur une solution pour les prisonniers israéliens et les corps de soldats tuées en 2014.

Les corps des soldats israéliens Hadar Goldin et Oron Shaul sont détenus par le Hamas, depuis l’offensive israélienne lancée à Gaza en 2014. Le Hamas détiendrait aussi Hicham al-Sayed et Avraham Mengistu depuis respectivement avril 2015 et septembre 2014. Un troisième Israélien, Jumma Abu Ghanima, serait également entre les mains du Hamas depuis son entrée à Gaza en juillet 2016. Un troc serait en cours et toute aggravation de la situation produirait un effet négatif.

Israéliens au Golan



            Par ailleurs, raison tactique majeure, Tsahal estime qu’il n’a aucun intérêt à mobiliser  ses troupes et ses matériels au sud, pour quelques cerfs-volants et des centaines d’hectares brûlés, alors que la situation est plus préoccupante au nord. Il risque d'être contraint de faire appel aux réservistes qui ne sont pas indispensables pour l'instant. En poussant ses vassaux à intervenir à Gaza, l’Iran escomptait une panique israélienne pour créer un abcès de fixation au sud. Or, donner une importance démesurée à quelques terroristes dangereux à Gaza ne constitue pas une bonne stratégie quand, au nord, les Iraniens et le Hezbollah consolident leurs forces et arment leurs missiles en Syrie, sous prétexte de s’attaquer aux organisations rebelles, mais en fait pour préparer le prochain round avec Israël.
            De nombreux diplomates estiment qu’il y a de bonnes chances de parvenir à un accord avec le Hamas pour maintenir la frontière dans un état pacifique permanent. Ils ont révélé  que parallèlement à l’intervention égyptienne, des négociations indirectes sur un accord d'échange de prisonniers entre Israël et le Hamas, sont en cours sous la médiation de l'Allemagne. Tsahal refuse de donner l’impression qu’il n’a plus les moyens de la dissuasion mais, aux ordres du pouvoir civil, il privilégie la paix à la guerre et le calme à l’extension des opérations militaires.

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