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mardi 24 juillet 2018

GAZA : a star is born, Lieberman




GAZA : A STAR IS BORN, LIEBERMAN
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps


         
Sergent Aviv Levy mort au combat
          Le Hamas est dans une logique morbide puisqu’il pense avoir atteint son but, celui de tuer un soldat israélien. Il peut donc accepter un cessez-le-feu victorieux. Le ratio d’un mort juif contre plus d’une centaine de Palestiniens tués lui convient. Tout est dans le symbole. En fait sa décision de cesser les envois de roquettes est justifiée par les nombreuses frappes destructrices de l’aviation israélienne, par la colère des Égyptiens qui ont menacé le Hamas des pires sanctions mais surtout par la crainte de voir les tanks israéliens défiler dans les rues de Gaza. 




Snipers du Hamas avec leur fusil iranien

          Mais les islamistes ont réussi à prouver qu’ils avaient eux-aussi des tireurs d’élite armés de fusils iraniens à longue portée. Comment ces armes sont parvenues à Gaza malgré le blocus ? C’est la question à laquelle on préfère ne pas donner de réponse. Une fois le jeune sergent Aviv Levy abattu à la frontière par un tir de sniper, les tirs de roquettes ont cessé et les islamistes de Gaza se sont précipités auprès des Égyptiens et de de Nickolay Mladenov, envoyé des Nations Unies au Moyen-Orient, pour réclamer la fin des combats.


          Des photos diffusées par les Palestiniens ont prouvé qu’Ismaël Haniyeh se trouvait juste à côté de la frontière au moment des faits, attestant ainsi que les dirigeants approuvaient le tir des snipers. 
Haniyeh à la frontière


          En fait le Hamas, qui a irrité à la fois les Égyptiens et Mladenov, a été contraint de réagir à la destruction de trois de ses quartiers généraux de commandement. Des stocks d’armes sont partis en fumée et de nombreux miliciens armés ont été éliminés dans le silence volontaire des dirigeants de Gaza. Le Hamas avait compris qu’il allait perdre la totalité de son infrastructure et par là même le contrôle de la bande qui serait automatiquement dévolue au Djihad islamique. Il savait aussi que Tsahal avait préparé une incursion à Gaza dans le cadre d’une campagne militaire à grande échelle avec l’intention probable de faire tomber le régime islamiste. 

Réunion de sécurité au quartier général de Tsahal

          Mais ces événements ont mis en évidence un nouveau dirigeant qui s’affirme. Il suffit de voir la photo prise ce vendredi à la réunion au sommet pour constater que l’homme qui s’affirme est indéniablement le ministre de la défense, Avigdor Lieberman, installé aux côtés du chef du Shabak, la sécurité intérieure. On ne donnait pas cher de la paix et tous les observateurs s’attendaient à ce que la guerre éclate avec plus ou moins d’intensité dès samedi. L’ancien caporal magasinier s’est avéré être un bon stratège, doué de sens politique, qui n’avait pas besoin de galons pour s’affirmer. Il a montré un calme étonnant devant une situation explosive et n’a pas succombé aux appels de ceux qui voulaient donner une leçon au Hamas en faisant entrer les tanks à Gaza. Plus d’une dizaine d’années d’expérience lui ont appris à contrôler la panique et les réactions surdimensionnées. 
          Il a convaincu le gouvernement qu’il devait temporiser en raison de la faible réaction de riposte du Hamas aux destructions. Il a ordonné d’arrêter les frappes contre Gaza d’autant plus que le Hamas avait été sensible aux menaces proférées par le porte-parole de Tsahal. Le commandant Avichai Adraee, chef de la division des médias arabes de l'Unité des porte-parole de Tsahal, avait lancé vendredi soir un avertissement clair à Yahya Sinwar : «En tant que personnalité dotée d’une expérience avec Israël, vous auriez pu supposer que la corde casserait à un moment donné. Dans une série d'étapes folles, vous avez choisi d'impliquer les habitants de Gaza et de leur nuire, au lieu de développer leur situation ; vous avez choisi d'aggraver la situation. Il est important de vous rappeler qu’aucune personne impliquée dans le terrorisme ne bénéficie d’immunité». On ne pouvait pas être plus déterminé. 
Avichai Adraee
          Lieberman a convaincu Netanyahou qu’une retenue des forces israéliennes ne pouvait pas être interprétée comme un aveu de faiblesse ni comme une baisse de la dissuasion de Tsahal. Il avait fait croire que les avions de combat israéliens, qui avaient mené vendredi soir trois grandes sorties contre des cibles du Hamas, intervenaient dans le cadre d’un prologue d'une opération terrestre majeure. Il s'agissait d'un avertissement. Mais dans le même temps, Israël avait demandé à l'Égypte de négocier un cessez-le-feu. 
          Le ministre de la défense, conseillé par l’État-Major, n’a pas voulu éradiquer tout à fait le Hamas, comme s’il voulait garder un interlocuteur, qui plus est, un ennemi de l’Autorité palestinienne. Les avions israéliens ont donc largué des missiles sur chaque centre de commandement du Hamas, simplement pour les endommager et non pour les raser totalement. L’humiliation devait être limitée. Il s’agissait plus de prévenir qu'une action d’éradication définitive était plus que probable. C’était la stratégie Lieberman.
Poste d'observation du Hamas en partie détruit

          La mise en garde a ainsi fonctionné. Après une nuit tranquille sur le front de Gaza, le Hamas a choisi le pragmatisme et la prudence. Samedi matin, le Hamas a prévenu que le cessez-le-feu était très fragile et susceptible de s'effondrer à tout moment mais qu’en aucun il s’engageait à faire cesser l'offensive des cerfs-volants. En fait, le Hamas avait atteint exactement ce qu'il cherchait, inciter Tsahal à exercer des représailles sur la bande de Gaza pour montrer au Hezbollah et à l’Iran qu’il avait affaibli la force de dissuasion israélienne. 
          Netanyahou, de son côté, a accepté le cessez-le-feu quand il a été prouvé que les frappes avaient restauré cette dissuasion. Mais il avait obtenu l’assurance de l’Égypte de garantir le calme à la frontière et de mettre fin aux cerfs-volants incendiaires. C’est ainsi que les journées du samedi et dimanche suivant furent des journées calmes.


          Jouant de la carotte et du bâton, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a ainsi décidé la réouverture mardi du principal terminal pour le transfert les marchandises vers la bande de Gaza, fermé depuis le 9 juillet, sous réserve du maintien du calme : «Si aujourd'hui et demain la situation qui prévalait hier (samedi) se poursuit, nous autoriserons mardi que le terminal de Kerem Shalom reprenne son activité normale. Mais la clé de tout cela c'est le calme : zéro ballon incendiaire, zéro affrontement près de la clôture (marquant la frontière) zéro roquette et zéro tir». 
Lieberman à Kerem Shalom

          Le Hamas s’est plié à cette exigence après cependant la mort inutile d’un jeune soldat. La stratégie de Lieberman a gagné. Le commandement du Front intérieur a annoncé que la vie revenait à la normale dans toutes les communautés entourant la bande de Gaza. Le sud de la plage de Zikim a rouvert ses portes au public. Tsahal a annoncé clairement qu'il n'y avait plus de restrictions. De cette péripétie, face à un premier ministre discrédité, un nouveau leader israélien semble émerger qui pourrait envisager de concourir pour la première place.


  

1 commentaire:

David a dit…

Lieberman est un ministre pragmatique et rationnel. Il a des idées de bon sens pour l'avenir d'Israël. Je suis en.désaccord avec lui sur un seul point : La peine de mort pour les terroristes qui est parfaitement inefficace. Alors oui, il est un potentiel premier ministre légitime.