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jeudi 26 février 2015

LE COUP DE GRÂCE POLITIQUE DU CONTRÔLEUR DE L’ÉTAT D’ISRAËL



LE COUP DE GRÂCE POLITIQUE DU CONTRÔLEUR DE L’ÉTAT D’ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

            

Yossef Shapira

          S’il y avait un doute sur les conséquences de la politique sociale conduite par les gouvernements Netanyahou, il est à présent levé avec la publication du rapport du Contrôleur de l’État, Yossef Shapira. Il a été nommé le 4 juillet 2012 par une Knesset à majorité de droite.
            Le contrôleur de l'État est une institution prévue par une loi de 1949. Il contrôle l’administration publique et les finances. Il procède à des vérifications sur la légalité, la régularité, le bon usage, l’efficacité, l’intégrité économique et morale et établit des rapports. Il cumule depuis 1971 ces fonctions avec celles d'ombudsman, équivalent d'une part de la Cour des Comptes et du Médiateur de la république. Le contrôleur de l’État est élu pour une période de sept ans par le parlement et ne répond de ses activités que devant la Knesset, ce qui garantit son indépendance vis-à-vis d’un pouvoir qui pourrait le nommer.




            Dans son rapport explosif, Yossef Shapira sanctionne la gouvernance de Netanyahou sur les gouvernements qu’il a dirigés sachant qu’il a été premier ministre du 31 mars 2009 à ce jour. Le diagnostic est sans appel. Les trois derniers gouvernements ont échoué à prévoir et à gérer la crise du logement. Le rapport condamne la «mauvaise politique nationale du logement» et les mesures «improvisées» inefficaces et corrobore les conclusions de la commission conduite par Elie Elalouf, nommée par le gouvernement pour combattre la pauvreté, dont les conclusions n’ont pas été mises en œuvre dans le budget 2015.
Elie Elalouf

Les chiffres publiés sont révélateurs. De 2008 à 2013, les prix de l’immobilier ont augmenté de 55% et ceux des loyers de 30%. Ils ont suivi la même hausse en 2014 mettant en danger la situation des 470.000 ménages les plus défavorisés. Yossef Shapira est sévère car il considère que l’inaction du gouvernement dans ce domaine pourrait conduire à l’effondrement de la classe moyenne et causer des dégâts irréversibles à l’économie du pays. Il a condamné «le mépris vis-à-vis de la classe moyenne» car il avait constaté une pénurie de dizaines de milliers d’appartements.

Le rapport indique que «la proportion des dépenses de loyer pour les classes moyennes est passé de 21% en 2008 à 26% en 2012 et se rapproche de 30% en 2013. Cela soulève des inquiétudes si cette tendance à la hausse des prix de l'immobilier se poursuit, alors que la hausse des salaires est relativement plus modérée. De nouveaux secteurs de la population seront exposés à des risques financiers qui pourraient nuire à leur capacité de répondre à ces dépenses».
Le contrôleur de l’Etat pointe du doigt le fait qu’en 2008 il fallait 103 salaires pour acheter un logement et qu’aujourd’hui il en faut 148 alors que dans la plupart des pays occidentaux la moyenne se situe à 65 salaires. Les conséquences pourraient être nocives à la fois pour la classe moyenne et les défavorisés : «Le poids des dépenses de logement peut avoir des implications pour la vie et le bien-être de l'individu, et sa robustesse économique de grande envergure. Si ces tendances se maintiennent, ils pourraient nuire à l'économie tout entière»

Yossef Shapira a constaté  a constaté une augmentation des prix de l’immobilier de 9% par an alors que la croissance de l’économie a toujours été inférieure. Mais il pointe surtout le manque de gamme dans les tailles d’appartements, en particulier dans les trois-pièces : «L'écart entre l'offre et la demande a contribué à une augmentation significative des prix des logements». Selon la banque d’Israël ce déficit représente 37% de la hausse des prix de l'immobilier et 75% de la hausse des prix des loyers au cours des dernières années. L’absence de petits logements pour les jeunes ménages crée «un fardeau inutile des dépenses sur le logement ».
Baisse du nombre du trois pièces

Le contrôleur critique surtout l’absence par le gouvernement de la mise en œuvre de ses propres décisions : «Avec la non-application des décisions gouvernementales, la pénurie de logements et le manque de préparation à l'avance des changements prévus dans le marché du logement qui a mené le début de la crise du logement en 2008, le gouvernement n’a pas mis les moyens pour faire face à la flambée des prix des maisons et l'aggravation de la crise du logement. Le manque de préparation de ces crises est un défaut fondamental dans le bon fonctionnement du gouvernement. »

La critique contre Benjamin Netanyahou est sévère : «Seulement en juillet 2010, plus d'un an après sa constitution, le gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu a identifié la nécessité de freiner la forte hausse des prix des logements, et a déterminé qu'il devrait y avoir une politique du logement visant à abaisser le prix des appartements, avec un accent sur les appartements pour les jeunes qui achètent leur première maison. Mais ces programmes n’ont pas conduit à une baisse des prix. Les prix des logements ont continué d'augmenter en 2011 et en 2012». Shapira relève le manque de coordination entre les différents ministères sur les problèmes de logement et le temps moyen requis pour l’approbation de grands projets si s’élève actuellement à cinq années.

Il faut tirer un coup de chapeau à ce fonctionnaire qui a fait son travail sans masquer les dérèglements du gouvernement où doivent certainement figurer ses amis. Le rapport intervient effectivement à un moment difficile pour le gouvernement, en pleine campagne électorale. Certains hurleront au coup monté mais les électeurs voteront en toute connaissance de cause et ne pourront pas se réfugier derrière l’ignorance des informations publiées par ce haut fonctionnaire rigoureux.


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