LES PARTIS ARABES ARBITRERONT LA PROCHAINE KNESSET
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
Sauf
grosse surprise de dernière minute et compte tenu du système électoral
israélien, les partis arabes, 11 députés au moins, arbitreront la prochaine Knesset. Selon
un dernier sondage du 3 décembre, le
Likoud (22) et HaBayit Hayehudi (16) disposeront ensemble de 38 mandats et 54
en intégrant les religieux orthodoxes (16). En cas de constitution d’un front
centriste-travaillistes avec le parti social de Moshé Kahlon (13), le parti
travailliste d’Isaac Herzog (12), Israël Beiteinou (10) d’Avigdor Lieberman, Yesh
Atid (10) de Yaïr Lapid, Meretz (6) et Hatnoua (4) de Tsipi Livni, cette coalition du
centre-gauche obtiendrait 55 sièges.
On peut s’étonner bien sûr de cette union hétéroclite du centre, mais contrairement aux autres élections, le vote se fera
sur les questions économiques qui laissent sur le carreau de plus en plus de citoyens
défavorisés. Un réel consensus existe entre ces partis si différents pour réduire les disparités sociales.
Groupe charnière
Les
partis arabes deviendront le groupe charnière qui fera la pluie et le beau
temps à la Knesset. Les trois partis arabes actuels envisagent d’ailleurs un regroupement en
une entité unique qui pourrait booster leurs résultats et réduire l’abstention
chronique des populations arabes. Le paradoxe est étonnant de constater que
ceux qui sont voués aux gémonies par les nationalistes détiendront la clef des
décisions de l’Assemblée, avec une possibilité de blocage institutionnel.
Mais
rien n’est fait et les lignes peuvent encore bouger en fonction de l’évolution
et de la réussite de certaines manœuvres politiques. Les États-majors ont trois mois pour affiner leurs armes et leurs coups fourrés. La
recomposition du paysage politique israélien est en marche avec ses déceptions,
ses rivalités et ses renoncements. Même l’infatigable Shimon Pérès est mis à
contribution alors qu’il vient de quitter la présidence de l’État. Il aurait reçu
deux propositions pour rejoindre un grand bloc du centre-gauche, non pas en
tant que député, mais en tant que Sage et animateur d’une coalition TSN, tous sauf Netanyahou.
On veut qu’il réédite l’exploit de la création du parti centriste Kadima avec
le succès qu’on a connu.
Dery et Yshaï |
La
guerre a aussi éclaté au sein du parti Shass des orthodoxes séfarades dont l’érosion peut lui faire perdre de 3 à 5 sièges. Les
rivalités entre les deux têtes du parti s’affichent au grand jour. L’ancien
leader Elie Yshaï menace de créer une nouvelle formation
parce qu’il se sent marginalisé. Son entourage multiplie les attaques contre le
leader Arie Déry parce qu’il «est persuadé qu’il est très bien tout seul,
alors que les sondages attribuent au mieux 6 mandats au parti. Déry est en
train de briser le parti». Cela dénote l’ambiance qui prévaut au parti
Shass au bord de l’implosion.
La trahison
Mais
on n’est jamais trahi que par les siens : «Mon Dieu, protège-moi de mes
amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge». Certains membres du Likoud, par
lassitude ou par crainte de perdre les élections par l'usure du pouvoir, préparent
une offensive contre leur leader. L’ancien homme fort du Likoud et ancien
ministre de l’Intérieur, Guidéon Saar, a été approché par des hauts responsables du parti qui
lui ont offert le parti sur un plateau, avec à la clef le poste de premier
ministre. Netanyahou est donc trahi par ses proches, par ceux qu’il a installés
au sommet de la hiérarchie. Mais il ne peut s’en prendre qu’à lui-même car il n’a
jamais su ménager un avenir aux jeunes étoiles montantes du Likoud.
Il a préféré les laisser partir
plutôt que de partager une partie de son pouvoir avec eux. Il en a été ainsi de
Naftali Bennett, son ancien directeur de Cabinet, de Moshé Kahlon son ministre
des télécommunications représentant l’aile gauche du parti et dernièrement de Guidéon Sar. Le départ de Saar a sonné comme un désaveu du premier ministre
tant leur avenir était imbriqué. Le Likoud sent que le feu couve à la maison et
qu’il ne peut plus s’endormir sur les lauriers des victoires de Bibi au point de songer à le sacrifier pour la bonne cause du parti.
Guidéon Saar et son dernier fils |
La politique est ainsi faite de
renoncement et d’ingratitude que plus rien n’étonne de la part des dirigeants politiques. Nous
ne sommes pas au bout de nos surprises car nous sommes gouvernés par des
experts en retournement de veste qui ont le don d’imaginer des solutions auxquelles
le simple citoyen est incapable de songer. La route est encore longue jusqu’au 17 mars
2015.
2 commentaires:
Merci Jacques ... et bien ... d'un côté cela remonte le moral (Bibi isolé), de l'autre, la perspective d'un parti arabe, fort, uni et arbitre n'est pas du tout réjouissante !
Quand la minorité tient la balance du pouvoir, elle amène des responsables médiocres, plus facilement dominés. La V éme république promettait d'en finir avec des gouvernements faibles et si des français espèrent dans une 6 eme république, des israéliens espèrent le messie.
Enregistrer un commentaire