LES NÉBULEUSES
ISLAMISTES
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Il est difficile de s’y retrouver
dans toutes ces organisations islamistes qui se soutiennent parfois mais qui se
combattent souvent. Le clivage chiite-sunnite mine leurs relations, démontrant
que la religion de l’islam n’est pas un ciment capable de réunir au-delà des
dogmes mais une source de conflits. L’homme est ainsi fait que les rivalités
dépassent toujours l’idéologie qui n’est qu’un alibi pour justifier certaines méthodes coercitives, pour ne pas dire sanglantes.
Deux courants de
l’islam
La scission des deux courants de l’islam
remonte à la mort du prophète Mahomet, en 632, lorsque la question de son
successeur le plus légitime a été posée. Ceux qui deviendront les Chiites
désignèrent Ali, gendre et fils spirituel de Mahomet, au nom des liens du sang.
Les futurs Sunnites lui préférèrent Abou Bakr, homme ordinaire, compagnon de route
de Mahomet, au nom du retour aux traditions tribales. Une majorité de musulmans
ont alors soutenu Abou Bakr, qui devint le premier calife.
Les sunnites représentent
aujourd’hui environ 85 % des musulmans du monde. Les seuls pays à majorité
chiite sont l’Iran, l’Irak, l’Azerbaïdjan et Bahreïn, mais d’importantes
minorités existent au Pakistan, en Inde, au Yémen, en Afghanistan, en Arabie
saoudite et au Liban. Cependant des différences idéologiques existent entre les deux
courants.
Coran |
Les Chiites reconnaissent 12 imams,
réputés infaillibles dans l’interprétation du Coran. Parmi ces 12 imams se
trouvent les deux fils d’Ali. Pour les Chiites, le Coran est une œuvre humaine,
alors que pour les Sunnites le Coran est une œuvre divine.
Hassen CHALGOUMI Imam de Drancy |
Pour les Sunnites l’imam fait office de
guide entre le croyant et Allah pour la prière, nommé par ses adeptes et disposant d'un caractère divin. Au-delà du Coran, ils sont également
fidèles à la «sunna», les faits et
gestes de Mahomet, à travers laquelle ils tentent d'imiter le Prophète. Ils estiment que l'Histoire est prédéterminée, alors que les Chiites accordent
plus d'importance à la liberté individuelle.
Les Chiites considèrent l’imam,
descendant de la famille de Mahomet, comme un guide indispensable de la
communauté, tirant directement son autorité de Dieu. C’est pourquoi leur clergé
est très structuré et hiérarchisé. Alors que les Sunnites acceptent que
l’autorité politique et religieuse soit fondue dans une même personne, comme au
Maroc où le roi détient les deux pouvoirs, chez les Chiites le pouvoir
politique doit compter avec le pouvoir distinct, des autorités religieuses ce
qui est le cas en Iran avec les ayatollahs.
Ayatollah Ali Khamenei |
Pendant longtemps les deux courants
cohabitaient, sinon en paix mais dans l’ignorance, ou le mépris, l’un de l’autre.
Mais depuis la révolution iranienne de 1979, les dirigeants chiites ont accusé
les sunnites d’être vendus au «Grand
Satan» américain et ont été à l’initiative d’un «croissant chiite», rassemblant l’Iran, le Liban, le Pakistan,
l’Irak, la Syrie et une partie du Liban. La rupture est consommée et elle
atteindra son paroxysme avec les différentes révolutions arabes qui ont engendré
de multiples organisations concurrentes.
Il
est difficile de se retrouver dans cette nébuleuse islamique d’organisations qui
se réclament de l’une ou l’autre clan de l’islam.
L’association des Frères musulmans (al-Ikhwan
al-muslimin), est l’organisation panislamiste sunnite la plus ancienne et la plus connue, fondée en 1928
par Hassan El-Banna, à Ismaïlia en Égypte. Elle avait au départ comme objectif la
renaissance islamique et la lutte officiellement non-violente contre
l’influence occidentale. Mais elle a dévié de sa stratégie initiale puisqu’elle est désormais officiellement
considérée comme une organisation terroriste par le gouvernement égyptien, la
Syrie, la Russie et l'Arabie saoudite.
Elle a rapidement essaimé ses idées dans les pays à majorité musulmane du Moyen-Orient, au Soudan et en Afrique du Nord, et a établi des «têtes de pont» jusqu’en Europe. La lutte contre l’État d’Israël est au cœur du mouvement, et le théoricien du djihad armé, Sayyid Qutb, fut l’un de ses membres égyptiens les plus en vue.
Elle a rapidement essaimé ses idées dans les pays à majorité musulmane du Moyen-Orient, au Soudan et en Afrique du Nord, et a établi des «têtes de pont» jusqu’en Europe. La lutte contre l’État d’Israël est au cœur du mouvement, et le théoricien du djihad armé, Sayyid Qutb, fut l’un de ses membres égyptiens les plus en vue.
Saïd Ramadan |
En
1935, l’organisation entre en contact avec Amin al-Husseini, le grand mufti de
Jérusalem, et participe à l’insurrection arabe de Palestine de 1936. En 1945,
Saïd Ramadan crée une branche armée arabe qui a pour objectif de combattre le
mouvement sioniste. Les Frères musulmans connaissent du succès et de nombreux
militants participent à la Guerre israélo-arabe de 1948. Son financement
provient essentiellement du Qatar et des pétromonarchies du Golfe. Les Frères
musulmans se considèrent comme les porte-paroles de la communauté sunnite mondiale.
Le
Hezbollah (Parti de Dieu), fondé en juin 1982, est un mouvement politique chiite
libanais possédant une branche armée. Il fut créé en réaction à l'invasion
israélienne du Liban en 1982, en s'appuyant sur un financement iranien. Parti
politique officiel reconnu au Liban, le Hezbollah a été placé par la majorité
de la communauté internationale sur la liste des organisations terroristes. Le
22 juillet 2013, l'Union européenne a aussi classé la branche militaire du
Hezbollah sur cette liste tandis que les
six pays arabes du Golfe Persique ont inscrit le Hezbollah sur leur liste noire, ne faisant aucune distinction entre cette organisation et sa branche militaire.
Ce mouvement, financé et armé par l’Iran, est le seul mouvement terroriste
chiite d’envergure.
Le
Hamas (Mouvement de résistance islamique), est un mouvement islamiste sunnite constitué à Gaza d'une
branche politique et d'une branche armée, les brigades Ezzedine Al-Qassam. Créé
en 1987 par Sheikh Ahmed Yassin, Abdel Aziz al-Rantissi et Mohammed Taha, tous
trois issus des Frères musulmans, sa charte affirme que «la terre de Palestine est une terre islamique». Il prône donc la
destruction de l'État d'Israël et l'instauration d'un État islamique
palestinien sur toute la terre de l'ancienne Palestine mandataire, incluant l’État
d'Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza). Le Hamas se définit comme un
mouvement trouvant ses principes dans le Coran et se battant au nom de l'islam.
Le Hamas est sur la liste officielle des organisations terroristes du Canada,
des États-Unis, du Japon et de l'Union européenne. En revanche, pour la
Grande-Bretagne et l'Australie, seule la branche armée du Hamas est classée
comme terroriste.
Al-Qaeda (la Base) est un mouvement
islamiste fondé par le cheikh Abdullah Yusuf Azzam et son élève Oussama ben
Laden en 1987. D'inspiration sunnite fondamentaliste, il
prend ses racines dans l'idéologie de Sayyid Qutb et celle de l'activiste
kharidjite Abdel Salam Faraj. Il considère que les gouvernements occidentaux, les
États-Unis en particulier, interfèrent dans les affaires intérieures des
nations islamiques. Il a choisi de recourir au terrorisme pour faire entendre ses
revendications.
Ousama Ben Laden |
Al-Qaïda
a émergé de l'organisation Maktab al-Khadamāt, constituée pendant la première
guerre d'Afghanistan par Azzam pour alimenter la résistance afghane contre les
forces armées d'URSS. Le groupe est placé sur la liste officielle des
organisations terroristes des États-Unis, du Canada, de l'Union européenne, du
Royaume-Uni, de l'Australie, de la Russie, de l'Inde et de la Turquie. La plus
retentissante opération menée par Al-Qaeda est celle conduite sur le sol
américain le 11 septembre 2001. Viennent ensuite les attentats du 16 mai 2003 à
Casablanca, les attentats du 11 mars 2004 à Madrid et ceux du 7 juillet 2005 à
Londres.
Al-Gama'a
al-Islamiyya est un mouvement sunnite
égyptien islamiste. Il est considéré comme une organisation terroriste par les
États-Unis et l'Union européenne. Le groupe avait pour objectif de renverser le
gouvernement égyptien pour le remplacer par un État islamique. Cette
organisation est dirigée par le cheikh Omar Abdel Rahman, actuellement
emprisonné à vie aux États-Unis à la suite d'une condamnation.
L’État islamique
L’État islamique est une organisation
armée djihadiste sunnite qui
a proclamé le 29 juin 2014 le rétablissement du califat sur les territoires
irakiens et syriens qu'elle contrôle. Sa création remonte à 2006, lorsqu'Al-Qaeda
en Irak a formé avec cinq autres groupes
djihadistes le Conseil consultatif des Moudjahidines en Irak. Le 13 octobre
2006, le Conseil consultatif proclame l'État islamique d'Irak (EII), lequel se
considère à partir de cette date comme le véritable État de l'Irak, puis
également, à partir de 2013, de la Syrie. Initialement lié à Al-Qaeda, l'EII s'en est progressivement affranchi.
Le 9 avril 2013, l'EII devient l'État
islamique en Irak et au Levant ou Daesh
en arabe. Le 29 juin 2014, l'ÉIIL annonce le rétablissement du califat dans les
territoires sous son contrôle et Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi
est proclamé calife sous le nom d'Ibrahim. L'EIIL prend officiellement le nom
d'État islamique.
Al-Baghdadi |
Enfin, si les djihadistes s'en prennent
férocement à tous ceux qui ne partagent pas leur religion, les musulmans
chiites et même les sunnites qui n'adhéreraient pas à leurs idées en sont aussi
victimes. Marginalisés sous le régime de Saddam Hussein, bien que majoritaires
en Irak, les Chiites sont aujourd'hui au pouvoir à Bagdad. En plus de la
vieille animosité entre Sunnites et Chiites qui traverse tout le monde
musulman, l’EIIL veut prendre sa revanche contre les Chiites en instaurant dans la région un
califat qui n’accepte aucune hérésie, fût-elle cousine.
2 commentaires:
Cher monsieur Benillouche,
Je n'ai que trois mots : oh, la, la !
Si mme Arnaud a 3 mots, moi je n'en ai qu'un : catastrophe
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