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vendredi 30 novembre 2018

La tête de Saleh Al-Arouri du Hamas est mise à prix par les Américains



La tête de Saleh Al-Arouri du Hamas est mise à prix par les américains

Par jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps


Le département d'État américain a offert, le 13 novembre 2018, une récompense de cinq millions de dollars pour des informations permettant d'identifier ou de localiser Saleh al-Arouri, chef adjoint du bureau politique du Hamas, ainsi que deux responsables militaires du Hezbollah,  Khalil Yusif Mahmoud Harb et Haytham Ali Tabatabai. 
Saleh al-Arouri est un haut dirigeant aux nombreuses activités. Il est en particulier au centre de rencontres avec les services de renseignements égyptiens dans le cadre de la négociation d'un accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. Mais il est plus connu en tant que figure majeure dans l’établissement de liens entre le Hamas, le Hezbollah et l’Iran. 




Le département d'Etat a justifié sa décision : «Après une brève séparation au début du conflit en Syrie, le Hamas et l'Iran ont reconstruit leurs relations. L’Iran fournit à nouveau au Hamas le financement dont il a tant besoin. Saleh al-Arouri a été un acteur majeur dans les relations entre le Hamas et l'Iran. Il a été l'un des principaux agents de liaison du Hamas avec l'Iran et a joué un rôle important dans la réconciliation entre les deux parties. Comme il a été largement rapporté, Al-Arouri vit actuellement librement au Liban, où les dirigeants du Hezbollah l'ont accueilli à bras ouverts».

Les Américains ont publié une affiche Wanted sous forme d’acte d’accusation : «En octobre 2017, Saleh Al-Arouri, l'un des fondateurs des Brigades Ezzedine al-Qassam, l'aile militaire du Hamas, a été élu chef adjoint du Bureau politique du Hamas. Al-Arouri finance et dirige les opérations militaires du Hamas en Cisjordanie et a été associé à plusieurs attaques terroristes, détournements et enlèvements. En 2014, al-Arouri a annoncé la responsabilité du Hamas dans l'attaque terroriste du 12 juin 2014 qui avait kidnappé et tué trois adolescents israéliens en Cisjordanie, dont le double citoyen américano-israélien Naftali Fraenkel. Il a publiquement loué les meurtres en tant que «opération héroïque». En septembre 2015, le département du Trésor des États-Unis a désigné al-Arouri «terroriste mondial spécialement désigné», conformément au décret exécutif 13224».
 Israël le connaît bien aussi car il est à l’origine de la création d’infrastructures du Hamas en Cisjordanie. Les services de sécurité israéliens avaient publié de nombreuses informations sur les différents réseaux terroristes qu’ils avaient découverts. Saleh al-Arouri est basé et séjourne au Liban, là où l’offre américaine n’affecterait pas sa vie quotidienne bien que dans ce pays, nul n’est à l’abri d'un "accident". En raison des risques nouveaux, il sera effectivement contraint d'élever son niveau de sécurité, sous le parrainage du Hezbollah.
Avec Ali Akbar Velayati en Iran

Ses activités opérationnelles secrètes seront moins impactées en Israël. Il continuera à gérer ses groupes terroristes en Cisjordanie au moyen de quelques réunions secrètes avec ses agents et à organiser la contrebande de fonds indispensables à la bonne marche de ses réseaux.  Mais le gros de son activité se situe au Liban et en Turquie qui ferme les yeux sur ses activités, en les minimisant parce qu’Erdogan est un grand soutien du Hamas. 
En revanche, cette mise à prix augmentera son prestige auprès de l’Iran et du Hezbollah et ses visites auprès de ses sponsors ne seront pas affectées de manière significative. Il continuera de se rendre en Égypte et traversera le point de contrôle de Rafah pour entrer à Gaza afin de négocier un accord de réconciliation. En effet, il était arrivé le 21 novembre 2018 au Caire en provenance de Beyrouth pour conduire une délégation qui a rencontré les services de renseignements égyptiens.
Délégation du Hamas en Egypte

Le Hamas et le Hezbollah reçoivent des armes, un entraînement et un financement de la part de l'Iran, sachant que Saleh al-Arouri est l'un des fondateurs de la branche armée du Hamas. Il collabore avec Qassem Soleimani, commandant de la force Qods des Gardiens de la révolution.
Ali Baraka, représentant du Hamas au Liban, a déclaré que l'offre américaine d'une récompense n'influencerait pas la vie quotidienne et les positions d'Al-Arouri. Mais il  estime que cette offre était un feu vert adressé à Israël pour son assassinat. Le porte-parole du Djihad islamique palestinien, Daoud Chehab, a condamné l'annonce américaine et affirmé «qu’al-Arouri est un symbole national qui fait son devoir envers le peuple palestinien».
L'Autorité palestinienne n’a pas fait de commentaire mais Muneir al-Jaghoub, chef du bureau d'information du bureau de mobilisation et d'organisation du Fatah, a déclaré «que les États-Unis étaient devenus un rival des Palestiniens et fondaient leurs actions sur les besoins d'Israël». Il a appelé à «se distancer de la politique américaine et à renforcer le front palestinien interne afin que les États-Unis ne puissent pas s'immiscer dans les affaires intérieures palestiniennes». Enfin Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, a condamné l'annonce américaine et a averti que toute attaque contre al-Arouri modifierait les conditions régionales.
Accord Fatah-Hamas

Saleh al-Arouri est une figure emblématique palestinienne, au CV bien rempli. Né en 1966 dans le village d'Aroura près de Ramallah, il fut l' un des fondateurs de l'aile militaire du Hamas en Cisjordanie dans les années 1990. Détenu par Israël en 1992, il a été condamné à cinq ans de prison pour appartenance à une organisation terroriste. Depuis lors, il a purgé plusieurs peines d'emprisonnement supplémentaires. Il a été libéré le 30 mars 2010 après 18 ans de prison, dans le cadre d'un accord signé. Expulsé d'Israël, il s’est rendu en Jordanie, puis en Syrie où il a immédiatement repris ses activités terroristes. A Damas, il a été élu au bureau politique du Hamas et a reçu le «portefeuille des prisonniers» ce qui l’a qualifié pour participer aux négociations pour la libération de Gilad Shalit.
Mais lorsque les dirigeants du Hamas ont dû quitter Damas au déclenchement de la guerre civile, al-Arouri s'est réfugié à Istanbul où il a ouvert un bureau politique pour le Hamas. De Turquie, il a financé et renforcé l'infrastructure du Hamas en Cisjordanie et est devenu son «ambassadeur itinérant» à l’étranger avec le soutien affiché d’Erdogan. Dans ce cadre, il s'est occupé d'opérations secrètes, notamment en créant des réseaux terroristes et en les manipulant pour mener des attaques terroristes.
Le 20 août 2014, Saleh al-Arouri a admis lors de la quatrième conférence de l'Union internationale des savants musulmans en Turquie, que l'aile militaire du Hamas était derrière l'enlèvement et le meurtre des trois garçons juifs à Gush Etzion (12 juin 2014). Sa déclaration avait été enregistrée en secret et publiée sur YouTube, comme preuve de l’implication du Hamas dans l'enlèvement et le meurtre des jeunes Israéliens.
Avec Hassan Nasrallah

Avant la signature de la réconciliation entre Israël et la Turquie, en juin 2016, la Turquie lui avait demandé de quitter le pays pour le Qatar. Mais il n’y est pas resté longtemps  car fin 2016 il avait écourté son séjour en raison de la crise entre l'Arabie saoudite et les États du Golfe, pour retourner au Liban accompagné de plusieurs dizaines de membres du Hamas. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, les avait installés dans son fief de  la banlieue sud chiite de Beyrouth. Il était devenu naturellement l’agent de liaison du Hamas avec l'Iran et le Hezbollah. Le 9 octobre 2017, le Hamas avait annoncé que Saleh al-Arouri avait été élu vice-président du bureau politique du Hamas en remplacement de Musa Abu Marzouq, devenant ainsi la personnalité «extérieure» du Hamas.
On ignore l'avenir qui sera réservé à Saleh al-Arouri mais il est certainement hypothéqué depuis que les États-Unis et Israël ont décidé de le considérer comme une cible. Mais un homme aux abois perd beaucoup de son efficacité et c'est peut-être le seul but recherché par les Américains. 


2 commentaires:

Patrick a dit…

Quelle précision dans les déambulations de ce terroriste.
Il ne reste plus qu'à choisir la méthode pour le supprimer.

Patrick a dit…

Quelle précision dans les déambulations de ce terroriste.
Il ne reste plus qu'à choisir la méthode pour le supprimer.