La tête de Saleh Al-Arouri du Hamas est mise à prix par les américains
Par jacques BENILLOUCHE
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Le département d'État américain a offert, le 13 novembre 2018, une récompense de cinq millions de dollars
pour des informations permettant d'identifier ou de localiser Saleh al-Arouri,
chef adjoint du bureau politique du Hamas, ainsi que deux responsables
militaires du Hezbollah, Khalil Yusif
Mahmoud Harb et Haytham Ali Tabatabai.
Saleh al-Arouri est un haut dirigeant aux nombreuses activités. Il est en particulier au centre de rencontres avec les services de renseignements égyptiens dans le cadre de la négociation d'un accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. Mais il est plus connu en tant que figure majeure dans l’établissement de liens entre le Hamas, le Hezbollah et l’Iran.
Saleh al-Arouri est un haut dirigeant aux nombreuses activités. Il est en particulier au centre de rencontres avec les services de renseignements égyptiens dans le cadre de la négociation d'un accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. Mais il est plus connu en tant que figure majeure dans l’établissement de liens entre le Hamas, le Hezbollah et l’Iran.
Le département d'Etat a justifié sa décision : «Après une brève
séparation au début du conflit en Syrie, le Hamas et l'Iran ont reconstruit
leurs relations. L’Iran fournit à nouveau au Hamas le financement dont il a
tant besoin. Saleh al-Arouri a été un acteur majeur dans les relations entre le
Hamas et l'Iran. Il a été l'un des principaux agents de liaison du Hamas avec
l'Iran et a joué un rôle important dans la réconciliation entre les deux
parties. Comme il a été largement rapporté, Al-Arouri vit actuellement
librement au Liban, où les dirigeants du Hezbollah l'ont accueilli à bras
ouverts».
Les Américains ont publié une affiche Wanted sous forme d’acte
d’accusation : «En octobre 2017, Saleh Al-Arouri, l'un des fondateurs
des Brigades Ezzedine al-Qassam, l'aile militaire du Hamas, a été élu chef
adjoint du Bureau politique du Hamas. Al-Arouri finance et dirige les
opérations militaires du Hamas en Cisjordanie et a été associé à plusieurs
attaques terroristes, détournements et enlèvements. En 2014, al-Arouri a
annoncé la responsabilité du Hamas dans l'attaque terroriste du 12 juin 2014
qui avait kidnappé et tué trois adolescents israéliens en Cisjordanie, dont le
double citoyen américano-israélien Naftali Fraenkel. Il a publiquement loué les
meurtres en tant que «opération héroïque». En septembre 2015, le département du
Trésor des États-Unis a désigné al-Arouri «terroriste mondial spécialement
désigné», conformément au décret exécutif 13224».
Israël le connaît bien aussi car il est à l’origine de la création
d’infrastructures du Hamas en Cisjordanie. Les services de sécurité israéliens
avaient publié de nombreuses informations sur les différents réseaux
terroristes qu’ils avaient découverts. Saleh al-Arouri est basé et séjourne au
Liban, là où l’offre américaine n’affecterait pas sa vie quotidienne bien que
dans ce pays, nul n’est à l’abri d'un "accident". En raison des risques nouveaux, il sera
effectivement contraint d'élever son niveau de sécurité, sous le parrainage du
Hezbollah.
Avec Ali Akbar Velayati en Iran |
Ses activités opérationnelles secrètes seront moins impactées en Israël. Il
continuera à gérer ses groupes terroristes en Cisjordanie au moyen de quelques
réunions secrètes avec ses agents et à organiser la contrebande de fonds
indispensables à la bonne marche de ses réseaux. Mais le gros de son activité se situe au
Liban et en Turquie qui ferme les yeux sur ses activités, en les minimisant parce qu’Erdogan est un grand soutien du Hamas.
En revanche, cette mise à
prix augmentera son prestige auprès de l’Iran et du Hezbollah et ses visites auprès de ses sponsors ne seront pas affectées de manière significative. Il
continuera de se rendre en Égypte et traversera le point de contrôle de Rafah pour
entrer à Gaza afin de négocier un accord de réconciliation. En effet,
il était arrivé le 21 novembre 2018 au Caire en provenance de Beyrouth pour
conduire une délégation qui a rencontré les services de renseignements
égyptiens.
Délégation du Hamas en Egypte |
Le Hamas et le Hezbollah reçoivent des armes, un entraînement et un financement
de la part de l'Iran, sachant que Saleh al-Arouri est l'un des fondateurs de la
branche armée du Hamas. Il collabore avec Qassem Soleimani, commandant de la
force Qods des Gardiens de la révolution.
Ali Baraka, représentant du Hamas au Liban, a déclaré que l'offre
américaine d'une récompense n'influencerait pas la vie quotidienne et les
positions d'Al-Arouri. Mais il estime
que cette offre était un feu vert adressé à Israël pour son assassinat. Le porte-parole du Djihad islamique palestinien, Daoud Chehab, a
condamné l'annonce américaine et affirmé «qu’al-Arouri est un symbole
national qui fait son devoir envers le peuple palestinien».
L'Autorité palestinienne n’a pas fait de commentaire mais Muneir
al-Jaghoub, chef du bureau d'information du bureau de mobilisation et
d'organisation du Fatah, a déclaré «que les États-Unis étaient devenus
un rival des Palestiniens et fondaient leurs actions sur les besoins
d'Israël». Il a appelé à «se distancer de la politique
américaine et à renforcer le front palestinien interne afin que les États-Unis
ne puissent pas s'immiscer dans les affaires intérieures palestiniennes».
Enfin Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du Hamas, a condamné
l'annonce américaine et a averti que toute attaque contre al-Arouri modifierait
les conditions régionales.
Accord Fatah-Hamas |
Saleh al-Arouri est une figure emblématique palestinienne, au CV bien
rempli. Né en 1966 dans le village d'Aroura près de Ramallah, il fut l' un des
fondateurs de l'aile militaire du Hamas en Cisjordanie dans les années 1990.
Détenu par Israël en 1992, il a été condamné à cinq ans de prison pour
appartenance à une organisation terroriste. Depuis lors, il a purgé plusieurs peines
d'emprisonnement supplémentaires. Il a été libéré le 30 mars 2010 après 18 ans de prison,
dans le cadre d'un accord signé. Expulsé d'Israël, il s’est rendu en Jordanie, puis en Syrie où il a
immédiatement repris ses activités terroristes. A Damas, il a été élu au bureau
politique du Hamas et a reçu le «portefeuille des prisonniers» ce qui
l’a qualifié pour participer aux négociations pour la libération de Gilad Shalit.
Mais lorsque les dirigeants du Hamas ont dû quitter Damas au déclenchement
de la guerre civile, al-Arouri s'est réfugié à Istanbul où il a ouvert un
bureau politique pour le Hamas. De Turquie, il a financé et renforcé
l'infrastructure du Hamas en Cisjordanie et est devenu son «ambassadeur itinérant» à l’étranger avec le
soutien affiché d’Erdogan. Dans ce cadre, il s'est occupé d'opérations
secrètes, notamment en créant des réseaux terroristes et en les manipulant
pour mener des attaques terroristes.
Le 20 août 2014, Saleh al-Arouri a admis lors de la quatrième conférence de
l'Union internationale des savants musulmans en Turquie, que l'aile militaire
du Hamas était derrière l'enlèvement et le meurtre des trois garçons juifs à
Gush Etzion (12 juin 2014). Sa déclaration avait été enregistrée en secret et publiée
sur YouTube, comme preuve de l’implication du Hamas dans
l'enlèvement et le meurtre des jeunes Israéliens.
Avec Hassan Nasrallah |
Avant la signature de la réconciliation entre Israël et la Turquie, en juin
2016, la Turquie lui avait demandé de quitter le pays pour le Qatar. Mais il
n’y est pas resté longtemps car fin 2016
il avait écourté son séjour en raison de la crise entre l'Arabie saoudite et
les États du Golfe, pour retourner au Liban accompagné de plusieurs dizaines de
membres du Hamas. Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, les avait installés dans
son fief de la banlieue sud chiite de
Beyrouth. Il était devenu naturellement l’agent de liaison du Hamas avec l'Iran
et le Hezbollah. Le 9 octobre 2017, le Hamas avait annoncé que Saleh al-Arouri
avait été élu vice-président du bureau politique du Hamas en remplacement de Musa
Abu Marzouq, devenant ainsi la personnalité «extérieure» du Hamas.
On ignore l'avenir qui sera réservé à Saleh al-Arouri mais il est certainement hypothéqué depuis que les États-Unis et Israël ont décidé de le considérer comme une cible. Mais un homme aux abois perd beaucoup de son efficacité et c'est peut-être le seul but recherché par les Américains.
On ignore l'avenir qui sera réservé à Saleh al-Arouri mais il est certainement hypothéqué depuis que les États-Unis et Israël ont décidé de le considérer comme une cible. Mais un homme aux abois perd beaucoup de son efficacité et c'est peut-être le seul but recherché par les Américains.
2 commentaires:
Quelle précision dans les déambulations de ce terroriste.
Il ne reste plus qu'à choisir la méthode pour le supprimer.
Quelle précision dans les déambulations de ce terroriste.
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