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jeudi 8 novembre 2018

Chronique d'humeur : dérapages honteux à la Knesset



DÉRAPAGES HONTEUX À LA KNESSET

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps


Youli Edelstein

On ne comprends pas que les excès et les dérapages honteux à la Knesset ne soient pas punis sévèrement. Le Président du parlement Yuli Yoel Edelstein ne tient pas bien ses ouailles et laisse faire. Le lieu où s’affirme avec vigueur la démocratie israélienne ne peut pas être un lieu de règlements de compte abjects qui ne font pas honneur aux parlementaires. Quand un député arabe dérape il est rapidement sanctionné, parfois jusqu’à l’exclusion,  alors que certains députés juifs, dont on se demande s'ils n'ont pas usurpé leur place, déversent leur haine sur leurs collègues. A cette allure, Israël ne sera pas détruit par les Iraniens mais par les Juifs eux-mêmes. Et cela d’autant plus que ces déchaînements s’expriment face aux médias et dans l’enceinte même de la Knesset. 



Oren Hazan

Le comportement le plus abject a été celui du très contesté Oren Hazan qui reste l’allié et le défenseur fidèle du premier ministre. Ce n’est pas la première fois que, sous prétexte de défendre le premier ministre, il déverse ses propos orduriers en pleine séance, face à la passivité totale du président de la Knesset. Hazan s’est permis de traiter de «moitié homme» Ilan Gil-On, député du Meretz, handicapé à la suite d’une polio qui l'a touché très jeune. Utiliser ce genre d'attaques physiques dénote une absence d’arguments politiques.
Gil-On au deuxième plan

 Mais venant de ce personnage, il n’y a rien d’étonnant. Il a fréquenté le "milieu" en tant que gérant d’un casino en Bulgarie où les Israéliens venaient perdre leur fortune tous les week-ends. En 2015, il avait été  suspendu du poste de vice-président de la Knesset pour des accusations de proxénétisme et en raison d’affaires de drogue concernant son passé en Bulgarie. Alors, se comporter en lâche en s’attaquant à une personne dont la vie a été cruelle à son égard, est une bassesse qui ne mérite même pas de commentaire. C’est ainsi à la Knesset ; on tolère les repris de justice, les condamnés, les voleurs, les menteurs, toute la «grande classe» en fait.
Karin Elharar

C’est un coutumier de ce genre d’attaques. Il ne connaît pas les arguments politiques, trop complexes pour son cerveau limité. Il s’était déjà attaqué à la députée Yesh Atid, Karin Elharar, qui fait un travail exceptionnel à la Knesset et dans la vie. Elle souffre d'une maladie musculaire dégénérative qui la force à se déplacer en fauteuil roulant. Elharar, dont la maladie lui rend parfois difficile de bouger les mains, se faisait aider par son voisin, Issawi Frej de Meretz, pour voter avec la permission du président de la Knesset. Oren l’avait accusée d’exploiter son handicap pour tricher à des fins politiques.
Général Elazar Stern

Mais il n’y a pas que les membres du Likoud qui ont un comportement détestable. L’ancien général de division Elazar Stern, ancien directeur du personnel de Tsahal, et actuel député Yesh Atid a eu un humour offensant vis-à-vis de la ministre Miri Regev. Lors d’une discussion tendue sur le projet de loi Regev, la ministre de la culture a cru devoir l’attaquer avec des mots blessants en disant  : «qu’il était un excellent chef du département du personnel de Tsahal lorsqu’il a été renvoyé». Se sentant déstabilisé par elle, il se défendit avec une phrase qui n’était pas à son honneur car elle était plein de sous-entendus : «Je ne veux pas parler de la façon dont vous avez progressé dans l'armée. Vous savez ce que je sais à ce sujet». Les attaques sexistes sont de mauvais goût, ne sont pas dignes d'un parlementaire et ne grandissent pas ceux qui les profèrent.
Voila c’est cela la Knesset où les combats ne sont plus idéologiques mais au dessous de la ceinture. Et l’on s’étonne ensuite que la fine fleur du pays préfère le monde de l’entreprise plutôt que celui de la politique. Certes les combats y sont aussi durs mais toujours dignes. Il serait temps qu’au sommet de la Knesset on y mette de l’ordre sinon toute la classe politique sera discréditée.
Mais les politiques ne semblent pas vouloir prendre leurs responsabilités et comptent sur les électeurs pour faire le ménage. Ainsi le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a publié une déclaration appelant "les citoyens israéliens à voter contre les députés qui dégradent le discours public dans le pays" alors qu'il peut prendre lui-même des mesures punitives à l'égard de ceux qui usent de propos offensants. 


2 commentaires:

Estelle STARK a dit…

Elazar Stern n'a pas fait une remarque sexiste, sa remarque se rapportait à la façon dont Regev se comporte avec ses supérieurs pour être "bien vu" une "lèche bottes" ! Mais sa réflexion peut en effet porter à confusion et Regev en a profité !

Arie WOLFF a dit…

Les interventions "en dessous de la ceinture ne sont pas une exclusivité israélienne.
Ça se passe dans tous les parlements du monde.
Une anecdote célèbre à ce propos:
Dans les années 50, Pierre Mendès-France monte à la tribune de l'Assemblée pour prononcer un discours..
Un député d'extrême droite l'interrompt avec un tonitruant
- " Ta gueule le circoncis" !
PMF se tourne vers lui moqueur, et réplique :
-"Monsieur, votre femme est trop bavarde!"