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samedi 24 novembre 2018

Le Liban prend au sérieux la menace israélienne



LE LIBAN PREND AU SÉRIEUX LA MENACE ISRAÉLIENNE
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps


Général Joseph Aoun

Le Liban semble mesurer le danger de l’activisme du Hezbollah influant sur la situation sécuritaire au Moyen-Orient. Dans une sorte de réponse à notre article de Temps et Contretemps [1], le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a exhorté ses troupes à «rester en alerte le long de la frontière-sud» estimant que la «stabilité sécuritaire actuelle est le résultat des actions contre les cellules terroriste». 




Le général Aoun a lancé son ordre du jour à la troupe : «En ces temps de bouleversements et de grands conflits internationaux, restez en alerte le long de la frontière-sud entre le Liban et Israël, afin de déjouer les plans et menaces de l'ennemi israélien et ses tentatives de prendre le contrôle d'une partie de notre territoire et de nos ressources pétrolières». Il a appelé les militaires à «poursuivre leur mission et défendre leur terre et leur peuple, en coopération avec la Force intérimaire de l'ONU au Liban Finul».
La Finul et ses 11.400 soldats, ont été installés depuis 1978 par le Conseil de sécurité de l'ONU pour compenser le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban. En 2006, elle avait été chargée par le Conseil de Sécurité de contrôler la cessation des hostilités. Le 30 août 2017, le Conseil de sécurité de l'ONU avait renouvelé son mandat pour une année supplémentaire, sans en changer les prérogatives, alors que les Etats-Unis et Israël souhaitaient que les soldats de l'ONU puissent être chargés de rechercher les caches d’armes du Hezbollah. Israël et le Liban ont peu de contentieux à l’exception des quelques arpents de terre des fermes de Shabaa et des collines de Kfarchouba convoités par les deux pays.

Le chef d’Etat-major libanais semble vouloir se dédouaner vis-à-vis d’Israël, malgré la capacité de nuisance du Hezbollah, en saluant les efforts menés par l'armée régulière dans la lutte contre le terrorisme et en rappelant la bataille lancée en août 2017 contre les djihadistes  installés dans les hauteurs de Ras Baalbeck et Qaa, deux localités de la Békaa proches de la frontière syrienne : «Vous avez expulsé les terroristes et éloigné le danger qu'ils représentaient et maintenant, vous avez pu vous déployer le long des frontières nord et est du Liban afin d'empêcher l'infiltration de groupes terroristes. La stabilité sécuritaire qui prévaut actuellement à l'intérieur du pays est le résultat de vos actions continues pour débusquer les cellules terroristes et les démanteler». 
Le Liban lance l'opération "l'aube des Jurds pour chasser Daesh hors de ses frontières /

Pour prouver son activisme contre le terrorisme, il a rappelé que le 19 août 2017, l'armée libanaise avait lancé l'opération «Aube des Jurds  à l'issue de laquelle elle était parvenue à chasser les djihadistes de Daesh qui sévissaient sur les hauteurs des villages chrétiens de Ras Baalbeck et Qaa. Le général Aoun  a affirmé «qu'il n'y a aucune place au Liban pour ceux qui mettent en péril la sécurité, et l'armée est déterminée à protéger le citoyen des malveillances de ces criminels et du fléau que représentent les drogues, qui menacent notre société». En fait, il s’agit de donner un point de bonne conduite à l’armée libanaise qui ne doit pas être accusée de laxisme, encore moins de vouloir attaquer son voisin du sud. Le général souhaite être déchargé de responsabilité à l’égard de toute opération militaire israélienne.  
Qassem Soleimani et ses adjoints

Israël vise le Hezbollah car il cible indirectement les Iraniens qui ne dérogent jamais à leur stratégie d’agir par procuration. En effet, le général Qassem Soleimani, chef de la Force Al-Quds, groupe secret d'intervention extraterritoriale des Gardiens iraniens de la révolution,  a mis en place plusieurs milices locales pro-iraniennes, à l’instar du Hezbollah, pour la conduite d'opérations synchronisées sur plusieurs fronts. D’ailleurs, Benjamin Netanyahou avait accusé le Hezbollah d’avoir installé des missiles en plein quartier résidentiel dans la banlieue sud de Beyrouth et le long de la route de l’aéroport. Il avait dévoilé à la tribune de l’ONU des photos aériennes des missiles. Le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, s’était inquiété des conséquences au point de se tourner vers tous les diplomates étrangers accrédités au Liban pour leur prouver que les allégations israéliennes étaient fausses. 
Gebran Bassil

L’inquiétude avait été portée à son paroxysme lorsque Israël avait prévenu par SMS tous les habitants de la banlieue sud de Beyrouth leur signifiant que Tsahal se réservait le droit d’intervenir contre les caches de missiles dans les quartiers populaires. Hassan Nasrallah avait alors accusé Israël de guerre psychologique israélienne sous prétexte de préparer le terrain à une attaque israélienne imminente dans le but de détruire ces missiles. Des émissaires occidentaux ont été envoyés au Liban pour alerter le gouvernement libanais que les menaces israéliennes devraient être prises au sérieux.
Les responsables libanais se sentent, à tort, à l’abri d’une frappe israélienne contre le Hezbollah car depuis la chute de l’avion russe à Lattaquié en septembre, les Russes ont interdit l’usage de l’espace aérien syrien sans leur autorisation et ont installé un système de défense anti-aérien S-300. Ils sont persuadés que l’espace aérien libanais est à présent couvert par ces missiles. Israël peut bombarder les positions du Hezbollah en évitant les zones contrôlées par les Russes et les Syriens. 
Il est vrai que l’espace aérien libanais, jusque-là contrôlé par les Américains, vient de passer sous le contrôle des radars russes ce qui limite la liberté d’action israélienne. Mais l’aviation de Tsahal a plus d’une solution dans ses cartons pour viser le Hezbollah, sans faire de dommages collatéraux. C’est pourquoi les dirigeants libanais sont très inquiets car ils savent que les menaces israéliennes ne sont pas lancées à la légère, surtout lorsque la sécurité d’Israël est en jeu.

Par ailleurs, le gouvernement libanais devrait se méfier des cris de victoire lancés par le Hamas après le lancement de 400 roquettes contre le sud israélien, ayant conduit à la démission du ministre de la défense Avigdor Lieberman. Il ne devrait pas interpréter cela comme une attitude de faiblesse mais comme une volonté de laisser la porte des négociations ouverte. L’acceptation de la trêve était au contraire un signification de force car Tsahal refusait d’exploiter à fond sa supériorité militaire face à des miliciens, certes déterminés, mais militairement défavorisés et temporairement ménagés par Netanyahou. L’armée avait conseillé aux dirigeants politiques d’accepter la demande du cessez-le-feu formulée par le Hamas pour des raisons stratégiques mais également pour des raisons tactiques et opérationnelles. Les Israéliens n’auraient eu aucun mérite à détruire l’infrastructure militaire du Hamas et du Djihad islamique en quelques jours. Ils savent que le danger vient certainement du Nord, et qu’ils pourraient décider d’une attaque contre le Liban sans s’inquiéter des menaces d’esbroufe proférées par le secrétaire général du Hezbollah.
Le général Joseph Aoun s’inquiète à juste titre de la situation qui menace son pays tenu pour responsable des représailles du Hezbollah. Ses dernières déclarations devraient plutôt s’adresser à la milice libanaise qui a gangrené tout le pays avec le risque d’une nouvelle libanisation du Liban.




4 commentaires:

Patrick a dit…

Le comportement du gouvernement lors des derniers événements au sud n est il pas tout simplement liealune politique de dissuasion interne plutôt qu extérieure ?
On va dormir tranquille pendant que le libaLsud et gaza renforcent leur armement !

Michel LEVY a dit…

S'ils pouvaient être raisonnables et souhaiter vivre en paix... ils ne seraient plus menacés.
Le Liban et Israël n'ont aucune raison d'être ennemis.

Philippe BLIAH a dit…

Oui mais le Liban "chasse gardée de la France" disait de Gaulle, permettez moi d'en rire- est entre les mains du Hezbollah...donc de l'Iran qui attendent leur heure.

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Be,illouche,

Où en est la guerre secrète d'Israël contre l'Iran dont le Liban semble devoir faire les frais ?

https://www.les-crises.fr/la-guerre-secrete-disrael-contre-liran-selargit/

Très cordialement.