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jeudi 1 novembre 2018

Les leçons du scrutin local en Israël



LES LEÇONS DU SCRUTIN LOCAL EN ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps

          
         
          Les élections municipales en Israël ont révélé plusieurs enseignements. Le plus important est que le vote communautaire ne fonctionne pas et c’est mieux ainsi. Les listes purement francophones ou qui se prévalaient de cette caractéristique n’ont pas réussi à percer. Les nouveaux immigrants ont compris, qu’une fois en Israël, ils deviennent des citoyens comme les autres et surtout des citoyens israéliens sans autre étiquette communautaire. Ils ont surtout compris qu’ils doivent s’insérer au sein des listes politiques inspirées par les partis et non pas par leurs racines.





          Quand les Francophones s'intègrent à une liste normale, ils peuvent réussir. C'est le cas logique à Jérusalem de Dan Illouz qui figurait sur une liste municipale sans étiquette communautaire. Leur échec a été total car la division n’a pas payé ; unis, ils auraient obtenu des postes de conseillers municipaux. C’est le cas d’Olivier Rafowicz qui n’a pas réussi à remporter au moins une place au conseil municipal de Tel-Aviv. Ils ont agi avec une certaine dose de politique de la terre brûlée, comme à Netanya ou Raanana, où le slogan semblait être : c’est moi ou personne d’autre. A chaque élection on ressasse les mêmes critiques et l’on prend de nouveaux engagements mais la leçon est dure à apprendre. Par ailleurs l'augmentation de la participation a imposé plus de voix pour chaque conseiller municipal.

Einat Kalisch-Rotem



          Les résultats à Haïfa et Tel-Aviv prouvent que le parti travailliste n’est pas mort car, si sur le plan de la Knesset il est en perte de vitesse, sur le plan local il dispose encore de relais très bien implantés. Einat Kalisch-Rotem, élue travailliste de Haïfa, sera la première femme à diriger l’une des trois grandes villes israéliennes. 

          Seule la réussite sur le plan local permet une projection nationale. Moshé Kahlon et Yaïr Lapid ont dû constater que s’ils veulent réussir à long terme, ils doivent d’abord muscler leurs troupes municipales pour mailler le pays. Pour durer plus qu’une mandature, un nouveau parti doit implanter ses militants à travers tout le pays et dans les institutions locales en particulier.

Moshe Leon et Ofer Berkovitch


          L’échec de certaines personnalités confirme que le premier ministre n’a pas le pouvoir d’influencer les électeurs sur le plan local. Les candidats adoubés par Benjamin Netanyahou n’ont pas réussi ou n’ont pas percé tel le ministre des Affaires de Jérusalem, Zeev Elkin, qui ne passe même pas le premier tour. Certains électeurs n’ont pas apprécié que des oligarques russes financent sa campagne municipale. De source officielle, le ministre du Likoud a collecté 1,68 million de dollars grâce aux prêts de riches individus liés à l'ex-URSS. Les citoyens ont appris à choisir un candidat en fonction de ses acquis et non pas de ses promesses et encore moins de ses sponsors. Dans un scrutin local, sans incidence sécuritaire ou internationale, les valeurs sûres arrivent à se maintenir car les résultats sont faciles à constater sur le terrain des villes.

          Les candidats laïcs Ofer Berkovitch et Moshe Leon s'affronteront donc au second tour de la course à la mairie de Jérusalem. Pour une ville d’obédience religieuse comme Jérusalem, il s’avère que les religieux n’arrivent pas à fédérer car le candidat ultra-orthodoxe Yossi Daitch n’a obtenu que 17% des voix et qu’il a été éliminé. Il faut dire que la division a fonctionné chez les religieux puisque les factions ultra-orthodoxes Shass et Degel HaTorah ont préféré soutenir Moshe Lion.

Bureau de vote au Golan



          Dans les zones annexées, Jérusalem-Est ou le Golan, les habitants arabes de la ville ont en grande partie boycotté les élections municipales, comme toujours. Ils ne se reconnaissent pas au sein de la nouvelle gouvernance. Pourtant, l’électorat arabe dans les villes israéliennes peut influencer une élection. Le cas de Haïfa, qui abrite 270.000 habitants dont 10% d’Arabes, est incontestable. Les Arabes, qui participent au scrutin plus que les autres communautés, ont imposé la nouvelle maire. On imagine ainsi la situation dans le cadre d’un éventuel État binational cher à Benjamin Netanyahou. Sauf à leur enlever le droit de vote, ils constituent une force avec laquelle il faut compter.

          Bien que ces élections n’aient aucune signification nationale, elles ont constitué un revers certain pour Benjamin Netanyahou. La défaite de l’un de ses ministres, Zeev Elkin, malgré ses interventions nombreuses en sa faveur, sans se départir de sa réserve pour un scrutin local, sonne comme un échec. En effet il s’était investi en envoyant un texto à des milliers d'électeurs avant la fermeture des bureaux de vote, en vain. Même s’il s’agit d’un avertissement, pour l’instant il reste en tête des sondages nationaux.
Ces élections constituent cependant un galop d’essai pour les futures élections législatives qui se profilent à l’horizon. Elles laissent à penser que le gouvernement réfléchira à deux fois avant d’envisager de les anticiper.

1 commentaire:

David SILICE a dit…

A Haifa, Yona Yahav est aussi un travailliste. Concernant les législatives, Bibi étant un excellent politicien, à défaut d'être un homme politique, il saura user de toutes les ficelles pour gagner. Le Parti travailliste est en lambeaux au niveau national. A Haifa, par exemple, Gabbai a d'abord soutenu Savyon, avant de soutenir mollement Yahav et puis, sentant qu'elle pouvait gagner, a soutenu Kalish. Cet homme n'a aucune colonne vertébrale politique et c'est inquiétant.