PARTIE D’ÉCHECS
À GENÈVE
Par Gérard AKOUN
Judaïques
FM
Vendredi dernier au cours d’un entretien téléphonique, François Hollande a assuré Benyamin Netanyahou «de toute sa fermeté à l’égard de l’Iran» pendant les négociations de Genève. Il maintiendra a-t-il dit «une ligne dure» ; il attend de Téhéran des actes, notamment, ceci a été précisé par Laurent Fabius, l’arrêt de la construction du réacteur au plutonium, une filière autre que celle de l’uranium, pour se doter de la bombe.
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Soutien
français
Je suppose
que le premier ministre israélien a
apprécié ce soutien, la France fait partie du groupe, dit des «cinq plus un»,
formé par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité plus un l’Allemagne,
qui vont négocier avec l’Iran à Genève. Mais a-t-il été rassuré, je ne le pense
pas, dans la mesure où ni les États-Unis, ni la Grande Bretagne, ni l’Allemagne
et à fortiori la Russie ou la Chine ne se montrent aussi méfiants et donc aussi
exigeants vis-à-vis des propositions que
pourrait faire l’Iran pour obtenir un allègement des sanctions économiques.
Réunion des délégations à Genève |
Les principaux
protagonistes de cette conférence, sont l’Iran, la Russie et les États-Uunis,
les autres sont des figurants, à l’exception de la France, mais elle ne pèse
pas très lourd, malheureusement. Quelles sont leurs positions respectives dans
cette négociation qu’on pourrait assimiler à une partie d’échecs ?
Les Iraniens
sont demandeurs d’un accord qui les soulageraient économiquement, mais Ils veulent conserver leur stock d’uranium
enrichi et garder la maitrise de cet enrichissement au prix de quelques concessions
qui pourraient ne pas être de pure forme. Ils ont besoin de ne plus être
ostracisés, de normaliser leurs relations avec l’Occident. Ils ne peuvent se
contenter du seul allié russe, d’autant qu’historiquement, la Russie impériale comme l’URSS, à sa suite, ont toujours eu des visées
expansionnistes sur le territoire perse, iranien, et ses richesses en
hydrocarbures.
Les Russes participent
à la défense de leur allié en lui fournissant des armes sophistiquées ;
ils construisent en Iran des centrales
nucléaires mais ils voudraient bien
éviter qu’il ne se dote d’un armement nucléaire. Quant aux Américains, ils
souhaitent se dégager du Proche-Orient pour se consacrer au Pacifique. C’est
pourquoi, tout en garantissant la
sécurité de l’État d’Israël, ils voudraient bien arriver à un accord
avec les Iraniens à condition que ces derniers fournissent les preuves qu’ils
ne développent pas de programme nucléaire militaire, comme ils ne cessent de
l’affirmer, et qu’ils renoncent à la fabrication de la bombe. Pour ce faire,
qu’ils permettent donc, les inspections surprises ou programmées de l’AIEA.
Catherine Ashton en négociation |
Scepticisme
d’Israël
Reste le
protagoniste de poids: Israël qui ne participe pas aux négociations mais qui
est concerné au premier chef par leur résultat. Benyamin Netanyahou ne fait pas
confiance aux Iraniens ; il a raison de se méfier. Les Iraniens ne sont
pas nets, quel besoin de développer une filière au plutonium lorsque l’on
détient déjà un important stock d’uranium enrichi et qu’on envisage une
utilisation pacifique de l’énergie atomique ? Le premier ministre ne cesse de mettre en garde le groupe «des
cinq+1» contre la signature d’accords partiels qui allégeraient les
sanctions, en contrepartie de concessions iraniennes importantes, mais qui
pourraient s’avérer réversibles soit parce que Rohani était de mauvaise foi, il
ne cherchait qu’à gagner du temps pour atteindre le point de non-retour, soit
parce que les plus opposés à l’Occident reprendraient les rênes du pouvoir en
Iran. Il serait très difficile, alors, de relancer les sanctions économiques.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi à l'issue d'une première journée de négociation sur le nucléaire iranien, le 15 octobre 2013 à Genève |
Israël réclame
le démantèlement complet du programme
nucléaire militaire iranien, la solution
idéale, mais je doute que le groupe des «cinq plus un» soit disposé à
soutenir une telle exigence. Il me semble que la proposition finale sera le
fruit d’un accord russo-américain: l’Iran pourrait demeurer à un état de seuil
atomique sans pouvoir fabriquer la bombe. Mais cela ne sera pas suffisant pour
calmer les inquiétudes légitimes d’Israël, quelles que soient les garanties que
lui offriraient les États-Unis.
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