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samedi 16 juin 2018

Les puissants lobbies pro-israéliens



LES PUISSANTS LOBBIES PRO-ISRAÉLIENS

Par Jacques BENILLOUCHE 
Copyright ©  Temps et Contretemps

           

          L’arrivée de Donald Trump au pouvoir a fait émerger de nouveaux lobbies pro-israéliens en plus du lobby historique AIPAC : les Évangélistes chrétiens, la droite alternative, et l’Arabie saoudite. Ces lobbies exercent une puissance et un pouvoir d’influence sans précédent. Ils ont obtenu le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem en étant en phase avec le premier ministre Benjamin Netanyahou. Mais ils ont cette caractéristique de tenir compte, d’abord des intérêts israéliens, avant les priorités proprement américaines ; parfois ces deux intérêts se recoupent.






            A chaque visite d’un premier ministre israélien, il est reçu au Congrès avec une ferveur exceptionnelle ; c’est un rituel aux Etats-Unis. Mais le chroniqueur du New York Times, Thomas Friedman, pourtant longtemps ardent défenseur d’Israël, estime que l’ovation qu’il reçoit «a été achetée et payée par le lobby israélien».  Le Congrès n’ovationne pas forcément la politique israélienne et encore moins la personnalité du premier ministre parce que les lobbies pro-israéliens «maîtrisent parfaitement les techniques d’intimidation politique». Il est un fait qu’au moment des élections, ces groupes de pression disposent de fonds illimités pour soutenir ou neutraliser un candidat au Congrès. Chaque prétendant doit donc composer pour éviter de se retrouver face à un adversaire mieux ou plus financé que lui. 
            L’exemple de Donald Trump est éloquent et significatif de la puissance des lobbies face aux plus grands. Au début de sa course à l’investiture, les observateurs politiques ne lui donnaient aucune chance. Il a donc été contraint de financer lui-même sa campagne mais parallèlement il s’est totalement libéré des donateurs et a donc usé de toute sa liberté de parole. Il en a usé et abusé. On se souvient ainsi des propos critiques à l’égard d’Israël. Il avait promis de rester «neutre» sur le conflit israélo-palestinien.  Il se posait même la question sur l’opportunité de poursuivre l’aide militaire de plusieurs milliards de dollars versée à Israël. Il avait appuyé la solution à deux États et refusé à l’époque de s’engager à reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
Avec Sheldon Adelson et sa femme


            Il a dû vite réviser sa position quand il a compris qu’il avait besoin de beaucoup de financements pour aller au bout de sa candidature. C’est là qu’intervint le faiseur de roi du parti républicain, Sheldon Adelson, juif milliardaire, propriétaire de casinos et soutien indéfectible de Netanyahou et des ultra-nationalistes à travers son quotidien israélien gratuit, Israël Hayom, qui ne roule que pour la droite israélienne. Il avait offert 35 millions de dollars à Trump pour sa campagne et pratiquement imposé David Friedman comme ambassadeur en Israël. Il a été récompensé en obtenant une place de choix parmi les invités d’honneur, lors de l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem. 
            Peu nombreux sont ceux qui acceptent d’affronter le lobby. Ils savent qu’ils mettent leur avenir politique en jeu. D’ailleurs même Barack Obama a dû rétropédaler dans sa confrontation avec Netanyahou après lui avoir demandé de limiter les implantations juives illégales en Cisjordanie. Le premier ministre israélien n’était fort que derrière le poids du lobby.
Richard Spencer


            Mais sous Trump d’autres lobbies ont émergé. Celui des Évangélistes chrétiens et de la droite alternative s’est montré le plus actif. Il est difficile d’expliquer pourquoi les dirigeants de l’extrême-droite américaine, parfois d’obédience néo-nazie, ont adoubé Israël.  Leur leader Richard Spencer se qualifie lui-même de «sioniste blanc».  Il se justifie en affirmant qu’Israël est devenu une forteresse, une incarnation d’une communauté exclusivement juive. C’est ainsi que plusieurs personnalités de ce courant ont été promus dans l’administration de Trump, à savoir Steve Bannon, Stephen Miller, Michael Flynn, Julia Hahn et Sebastian Gorka. Mais certains n’y sont pas restés longtemps, eu égard à leurs positions extrémistes.
Trump entouré des Evangélistes 


            Les Évangélistes ont à présent plus de poids, à l’instar du vice-président et fervent chrétien Mike Pence, depuis qu’ils ont compris qu’ils pouvaient influer sur la politique de Trump. Par fanatisme, ils soutiennent le dogme du Grand Israël qui consiste à intégrer la Cisjordanie à Israël mais pas pour des raisons politiques. Les sionistes chrétiens sont des illuminés qui sont convaincus qu’ils peuvent aider à accomplir la prophétie divine de la seconde venue du Messie. C’est pourquoi ils font tout pour renforcer Israël. Ils ont d’ailleurs été honorés par Donald Trump, et par Israël en même temps, puisque deux de leurs pasteurs évangéliques, qui avaient proféré des propos antisémites, John Hagee et Robert Jeffress, ont joint leurs bénédictions à la cérémonie d’ouverture de la nouvelle ambassade.
MBS et Trump


            Un nouveau lobby s’est constitué depuis l’alliance, qui n’est plus secrète, entre Israël et l’Arabie. Jusqu’alors le lobby pétrolier américain faisait contrepoids au lobby israélien. Mais Trump a développé des liens étroits avec les Saoudiens pour leur vendre des armes et revitaliser l’économie des États-Unis. Lors d’une visite du prince héritier MBS (Mohammed ben Salmane) aux États-Unis en mars, Trump n’avait pas hésité à déclarer : «L’Arabie saoudite, nation très riche, va, nous l’espérons, faire bénéficier les États-Unis d’une partie de son abondance, sous la forme d’emplois et en acquérant les meilleurs équipements militaires au monde». Parallèlement Israël et l’Arabie se sont retrouvés au sein d’une cause commune, contre l’Iran et ses alliés chiites en Syrie et au Liban, au point de réussir à convaincre Trump de mettre fin à l’accord nucléaire de 2015. L’Arabie souhaite plus, qu’il attaque l’Iran pour éradiquer toute menace chiite.


            Mais rien n’est immuable en politique et tout peut changer pour Israël car les progressistes gagnent du terrain aux Etats-Unis. Bernie Sanders progresse dans l’opinion et se lance à nouveau dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle. La montée en puissance du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanction) s’effectue dans l’indifférence occidentale. La désaffection croissante des jeunes juifs américains envers Israël, et les critiques américaines croissantes à l’égard de la politique israélienne deviennent une source sérieuse de préoccupation. Les lobbies risquent donc d’être dépassés.


1 commentaire:

Yaakov NEEMAN a dit…

Bon article, mais du fait de son titre (le mot "lobby" est très polémique) je crains qu'il ne soit récupéré et instrumentalisé par les anti-israéliens nombreux sur le web. Vous auriez pu titrer "Les multiples soutiens d'Israël aux USA".