Journaliste ou militant politique, il faut chOISIR
Par Jacques BENILLOUCHE
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Ahmed Abu Hussein |
Notre propos n’est pas de juger les mesures prises
par le gouvernement pour endiguer les émeutes à la frontière de Gaza à l’occasion
de la «grande marche du retour». Certes des morts sont
dénombrés parmi ceux qui réussissent à briser la clôture pour fouler le sol
israélien. Mais les media internationaux se sont fait l’écho de la mort d’un
journaliste palestinien, dans le cadre de ses fonctions d’informateur.
Bannière du FPLP |
Mais
quand on creuse un peu plus les faits, on découvre que le journaliste Ahmed Abu
Hussein, mort le 25 avril 2018 après avoir été grièvement blessé le 13 avril
alors qu’il couvrait une manifestation près de la frontière de Jabālīyah, était
certes reporter palestinien mais aussi membre actif du FPLP (front populaire de libération de la Palestine).¨
Avis de décès fu FPLP |
Cette appartenance ne
justifie pas sa mort mais elle pose le problème de la déontologie et de la neutralité
exigées pour ceux qui informent. En effet, l'aile militaire du FPLP a publié un
avis de son décès tandis qu’à son enterrement, les drapeaux rouges du FPLP étaient
mis en évidence. La page Facebook d'Ahmed Abu Hussein était truffée de posts glorifiant
le FPLP, ses dirigeants et les attaques terroristes, comme l'assassinat du
ministre israélien Rehavam Ze'evi. Cette double
appartenance gêne, comme celle du journaliste Yasser Murtaja, tué le 6 avril
2018, alors qu’il était notoirement un agent des forces de sécurité du Hamas.
Ahmed Abu Hussein, âgé
de 25 ans, est né dans le camp de réfugiés de Jabālīyah et a vécu à Gaza où il
a étudié les communications et les relations publiques à l'Université al-Azhar.
Il a travaillé avec plusieurs media, Bisann News et la Radio Voix du Peuple
affiliée au FPLP. Son appartenance à l’organisation terroriste n’est pas
contestée puisqu’une bannière du FPLP a été suspendue pendant les funérailles avec
la mention : «Le Front populaire pour la libération de la Palestine
pleure, avec fierté et courage, son Shahid, son journaliste, le camarade Ahmed
Abu Hussein».
Le 28 avril la grande
scène commémorative comportait des photos du secrétaire général du mouvement et
co-fondateur du FPLP Ahmed Sa‘âdat, responsable du meurtre de plusieurs
israéliens, et de l'ancien secrétaire général Abu Ali Mustafa qui avait planifié et orchestré
l'assassinat du ministre israélien du Tourisme Rehavam Ze'evi, le 17 octobre
2001.
La page Facebook du «journaliste»
affichait des photos encourageant la violence et l’utilisation de cocktails
Molotov contre les Israéliens. Ce n’est pas ce qu’on attend d’un journaliste
sérieux qui a par ailleurs publié sur sa page Facebook des louanges aux agents du FPLP ayant
perpétré des assassinats de civils. La question se pose sur l’usage par le
Hamas ou le FPLP de journalistes à des fins de propagande ou de militantisme.
Mais qu'il soit
chroniqueur, éditorialiste, reporter, journaliste reporter d'image, rédacteur
en chef, secrétaire de rédaction, agencier, enquêteur ou encore correspondant à
l'étranger, le rôle du journaliste est avant tout de transmettre des
informations à son public et non de militer pour un groupe politique, a fortiori
terroriste. Le journaliste est celui dont le métier est d'écrire dans un journal et
d'informer à travers un media. Son travail consiste à collecter, vérifier,
sélectionner, synthétiser et commenter des faits pour les présenter au public
mais il ne peut pas avoir une double casquette qui risque de mettre en doute le
fond de ses informations.
Ceci est aussi valable en Israël et dans tous les
pays démocratiques. De nombreuses publications francophones à la gloire du premier ministre confondent journalisme borné et action politique. Journaliste ou militant politique, il faut choisir.
1 commentaire:
Quelque soit son domaine professionnel (rédacteur, chroniqueur...), le journaliste reste avant tout un être humain qui, avant de transmettre l'information, va d'abord la percevoir de manière tout à fait personnelle, en fonction de ce qu'il est, de qui il est, de son vécu, de ses idées, des différents milieux dans lesquels il a été, ou est, immergé (familial, social, culturel, cultuel...) etc. Par conséquent, peut-on vraiment penser qu'un journaliste puisse être parfaitement objectif ? Objectif à 100 % ? Je reste dubitative à ce sujet...
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