LES DEUX FACETTES DES RELATIONS MAROC-ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
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Le
Maroc se présente sous deux facettes, celle de la rue avec les femmes et les
enfants en première ligne qui manifestent contre Israël en piétinant les
drapeaux israélien et américain et celle du pragmatisme du gouvernement du
Royaume. C’est ainsi que 10.000 manifestants se sont rassemblés à Casablanca en
scandant «mort à Israël» pour protester contre le transfert
de l’ambassade américaine à Jérusalem, en agitant des drapeaux de l'OLP, et des pancartes
portant la mention «Al Qods capitale éternelle de la Palestine»,
sous l’égide de l’agitateur principal, le groupe islamiste radical al-Adl
Wal Ihsan.
Mais
dans les alcôves du palais, les dirigeants marocains s’orientent, comme l’Arabie
saoudite, vers une reconnaissance tacite de l’État d’Israël. Le site marocain Hespress révèle que des instructeurs israéliens
forment les militaires marocains. Pourtant plusieurs députés veulent voter une
loi qui pénalise la normalisation des relations avec Israël bien que le Maroc ait importé en 2016 pour 39 millions de
dollars de produits israéliens. L’avocat Khalid Sefiani, coordinateur du
Groupement de l’action nationale en faveur de la Palestine, a confirmé «l’existence
d’un centre de formation militaire au Maroc, où des officiers
israéliens forment les militaires tandis que notre pays tente de normaliser les
relations avec le régime israélien, est une trahison des valeurs sacrées de
l’Oumma islamique et un outrage à la dignité des musulmans».
Khalid Sefiani |
La Brigade nationale de police judiciaire (BNPJ) du Maroc a
ouvert, le 18 avril, une enquête pour faire toute la lumière sur les activités
d’un centre international israélien dont le siège est à Meknès, suite aux
plaintes portées par deux associations juridiques anti-israéliennes : le
Groupe d’action national pour le soutien à la Palestine et l’Observatoire
marocain contre la normalisation avec Israël.
Le
Groupe d’action national pour le soutien à la Palestine et l’Observatoire
marocain révèlent des «informations surprenantes sur des formations
militaires empreintes d’idéologie et de pensées sionistes au Maroc. Israël
ne se borne plus à des visites et des drapeaux israéliens hissés».
Aziz Hanafi, membre de l’Observatoire marocain contre la normalisation avec
Israël, vient de publier des dizaines d’enregistrements vidéo et d’images
montrant les formations militaires organisées par le centre israélien.
Polisario |
Il
faut dire que le Maroc a de fortes préoccupations militaires et qu’il a besoin
de conseils d’experts. La guerre contre le front Polisario qui revendique le Maroc espagnol est
ravivée et elle impose à l’armée de s’équiper pour contrer la rébellion. Le Royaume cherche donc à se doter d’avions équipés d’une technologie israélienne en
matière d’espionnage, financés par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis,
après un accord avec les États-Unis, selon l’agence de presse iranienne Fars.
Le gouvernement marocain vient donc de finaliser un contrat d’équipement de quatre avions d’espionnage et d’écoute, de type Gulf Stream G550, du fabricant américain Raytheon avec la participation discrète de la compagnie israélienne «Elta Systems».
Gulf Stream G550 |
Le gouvernement marocain vient donc de finaliser un contrat d’équipement de quatre avions d’espionnage et d’écoute, de type Gulf Stream G550, du fabricant américain Raytheon avec la participation discrète de la compagnie israélienne «Elta Systems».
L’Algérie
s’inquiète car il s’agit de technologies beaucoup plus modernes et
sophistiquées que celles dont elle dispose. Elle s’inquiète surtout que l’Arabie
saoudite et les Émirats arabes unis se soient engagés à financer la force
frontalière conjointe de cinq pays sahéliens, Burkina Faso, Mali,
Mauritanie, Niger et Tchad, voisins de l’Algérie.
Les
relations politiques entre le Maroc et Israël ne sont plus un secret. Une délégation marocaine de 16 membres, composée de journalistes,
de chercheurs et de militants communautaires, s’était rendue en novembre 2016
dans le cadre d'une visite sur le thème culture, politique et tourisme. Durant
deux jours ils ont été reçus à l'Institut Yad Vashem et à la
Knesset et ont bénéficié d’une visite touristique à Jérusalem et Tel Aviv. La délégation marocaine comprenait Abdul Rahim Shahyba,
professeur et chercheur, Boubacar Ootaadit, coordinateur de la délégation,
Abdullah Alfreadi, activiste unitaire dans la question du Sahara marocain,
Abdul Nabi Adsalm, journaliste de la chaîne amazighe, d’autres journalistes
marocains, des étudiants et des professeurs de l'enseignement secondaire. Le chercheur universitaire Abdul
Rahim Shahyba, dit Hsebres, s’était engagé sur des activités basées sur les
aspects de la Shoah et sur le rôle historique du sultan Mohammed V concernant la
protection des Juifs marocains face à l’oppression nazie. En fait, ces rencontres de nature culturelle
et scientifique œuvraient pour le rapprochement et la normalisation officiels
entre le Maroc et Israël.
Nasser Bourita |
La
situation militaire marocaine risque de s’envenimer au sud avec le Polisario donc, le Royaume compte sur Israël pour consolider son implantation. Le Maroc vient de rompre
avec l'Iran qui, par Hezbollah interposé, livre des armes au Polisario via
Alger. Selon le ministre marocain des Affaires étrangères, des artificiers et
des instructeurs militaires du Hezbollah se sont rendus à Tindouf pour former
les commandos du Front Polisario à qui ils auraient livré des missiles SAM-9,
SAM-11 et Strella. Selon Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de
la Coopération internationale, «Le Maroc dispose de preuves irréfutables,
de noms identifiés et de faits précis qui corroborent cette connivence entre le
Polisario et le Hezbollah contre les intérêts suprêmes du royaume».
Le
Maroc se plaint aussi des activités de prosélytisme chiite menées par l'Iran
dans le royaume «visant à altérer les fondamentaux religieux du royaume et
à tenter de menacer l’unicité du culte musulman et le rite malékite sunnite au
Maroc». L'Arabie saoudite a aussi réagi en condamnant «fermement
l'ingérence iranienne dans les affaires intérieures du Maroc via son
instrument, la milice terroriste du Hezbollah, qui entraîne les éléments du
soi-disant groupe Polisario en vue de déstabiliser la sécurité et la stabilité
du royaume chérifien».
C’est pourquoi, le Maroc envisage d’entrer dans l’alliance
tripartite avec l'Arabie saoudite, l'Egypte et la Jordanie contre l’Iran.
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