Carnage, massacre,
bain de sang, tous ces mots et bien d’autres encore ont été largement utilisés
pour décrire les dramatiques évènements qui se sont déroulés ce lundi devant
les barrières qui séparent Gaza du territoire israélien et devant lesquelles se
pressaient environ quarante mille personnes, hommes, femmes, enfants, parmi
lesquelles certains espéraient ou s’imaginaient pouvoir les renverser alors que
l’armée israélienne avait averti que ses soldats avaient ordre de tirer à
balles réelles si nécessaire pour les en empêcher. On est bouleversé à juste
titre par tous ces morts et ses blessés mais il faut essayer de comprendre
pourquoi il ne pouvait en être autrement.
Chaque vendredi
depuis le 30 mars des milliers de Palestiniens se retrouvaient pour «la marche du grand retour»
devant ces rangées de barbelés, devant cette clôture qui leur interdisaient
l’entrée sur le territoire israélien. Il y avait déjà eu des morts et des
blessés les semaines précédentes quand des manifestants s’approchaient trop
près des barbelés pour tenter de les cisailler. Cette manifestation, qui
émanait de la société civile gazaouie, se voulait de prime abord pacifique,
elle avait pour but d’obtenir le retour chez eux, c’est-à-dire en Israël, de
tous les Palestiniens et de leurs descendants qui avaient été expulsés de leurs
villages, de leurs maisons ou qui avaient fui les combats, pendant la guerre de
1948.
Sinwar |
Officiellement
elle n’était pas organisée par le Hamas, mais elle était autorisée et soutenue
par le Hamas et bénéficiait de son soutien logistique. Interviewé la semaine
dernière par Piotr Smolar le correspondant du Monde en Israël, le chef militaire
du Hamas, Yahya Sinwar avait déclaré à propos de ces manifestations, et des
risques encourus si les manifestants tentaient de franchir massivement la clôture :
«Quel est le problème si des
centaines de milliers de personnes passent la clôture qui n’est pas une
frontière reconnue ?»
Il pouvait
pourtant prévoir que la foule serait plus importante encore que les semaines
précédentes, car elle ne manifesterait pas seulement pour le retour mais aussi
contre le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, qu’il y aurait
encore plus de jeunes, plus de militants aguerris pour essayer de forcer le
passage et encore plus de victimes qui tomberaient sous les balles israéliennes.
Le Hamas n’a pas appelé les femmes et les enfants à se tenir éloignés des
barbelés israéliens pour ne pas risquer d’être blessés ou tués.
Un bébé de huit
mois serait mort victime des lacrymogènes, j’emploie le conditionnel parce
qu’on ne connait pas la raison exacte de sa mort, mais que faisait-il dans
cette manifestation ? Les agences de presse ont annoncé la nouvelle qui a
circulé sur tous les média, photo à l’appui, sans se poser cette question !
Mais pour le Hamas : «si une génération meurt une autre la
remplacera, les Palestiniens se sont toujours sacrifiés dans leur lutte pour
leurs droits».
Cyrille Louis, correspondant du Figaro
rapporte que de fausses nouvelles ont circulé pour stimuler les manifestants : «les jeunes de Khan Younes sont en train de
découper la clôture, c’est le jour de la victoire, les soldats de l’occupation
ont commencé à reculer sous l’assaut de nos frères». Les jeunes,
blessés par balles, se comptent par centaines mais parmi les soixante morts, il
y a cinquante membres du Hamas, un chiffre revendiqué par un responsable de
l’organisation islamiste. Les Israéliens ne tuaient pas au hasard avec leurs
fusils à lunettes, ils avaient annoncé ce même chiffre, mais ils blessaient au
hasard en tirant dans la foule.
En abandonnant momentanément
l’action militaire pour s’essayer à la résistance populaire pacifique, le Hamas
a mis Israël en difficulté. L’armée ne pouvait prendre le risque de laisser des
Palestiniens pénétrer en territoire israélien en s’opposant aux manifestants avec
modération. Pour les en empêcher il fallait réagir brutalement. C’est ce
qu’elle a fait !
De nombreux
commentateurs, de nombreux responsables politiques aboutissent aux mêmes conclusions,
mais ils n’en condamnent pas moins la violence de la réaction israélienne, tant
de morts, tant de blessés. Les Israéliens
pouvaient-ils utiliser d’autres moyens que le tir à balles réelles pour
protéger leur frontière sachant que si, des Palestiniens avaient pu la traverser,
ce n’aurait pas été pour faire du tourisme ? La question reste posée. Les
dirigeants israéliens n’ignoraient pas qu’une tentative de ce type était possible,
compte tenu de la situation désespérée dans laquelle se trouvent les Gazaouites ;
ils n’ont pas, pour autant, fait beaucoup d’efforts pour faire baisser les
tensions qui régnaient dans ce territoire, en desserrant partiellement leur
blocus.
Les Gazaouites vont continuer semble-t-il
à manifester au moins jusqu’au cinq juin, date du cinquantième anniversaire du
déclenchement de la Guerre des Six-jours et ensuite ? Tant que des
dirigeants courageux ne diront pas à
leurs peuples respectifs, les uns aux Palestiniens qu’il ne peut y avoir de
retour dans ce qui est aujourd’hui Israël mais qu’il pourrait y avoir un
éventuel retour dans ce qui serait un Etat palestinien aux côtés d’Israël, les
autres aux Israéliens que les Palestiniens
ne partiront pas, que s’ils veulent continuer à vivre dans un État juif et démocratique et être légitimés dans le monde
qui les entoure, ils doivent permettre la naissance d’un état palestinien à
leurs côtés. Sans cela, rien ne sera possible et la situation ira en s’aggravant.
2 commentaires:
Inextricable, c'est bien le mot qui convient ! Car comment expliquer aux Palestiniens qu'ils ne peuvent espérer un "droit au retour" après 70 ans d'absence, alors que les Juifs, eux, ont bénéficié d'un droit au retour après 1878 années d'abscence ?
Shalom à tous,
Nous ne sommes pas responsables d'un peuple arabe irresponsable ! il ne veule pas s'occuper de leur surpopulation, résultat ces arabes de "la bande de Gaza" n'ont pas de travail et le genre Humain n'existe pas dans leur conscience...ils sont prêts à sacrifier leurs enfants en se faisant manipuler, une véritable bande de paranoiaque, bref, ne perdons pas notre temps avec cette négativité.. ha, une nouvelle importante, des chercheurs Israelliens ont fait avancer la science concernant la lutte contre le cancer...ils font quoi comme découverte les Arabes..?..rien..?
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