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jeudi 30 juillet 2015

LA TURQUIE ENTRE EN GUERRE Par André NAHUM



LA TURQUIE ENTRE EN GUERRE

La chronique de André NAHUM


Sur les lieux de l'attentat-suicide à Suruç en Turquie, le 20 juillet 2015.

Mais contre qui ? Essayons d’y voir un peu plus clair. Il y a quelques jours, un attentat, du côté turc de la frontière syrienne, tuait 30 Kurdes et en blessait plusieurs autres. Les Kurdes ont soupçonné les services  turcs d’être derrière cet attentat et en représailles, leur PKK  assassina deux policiers qu’il accusait d’en être les auteurs ou les instigateurs.



Immédiatement après, le gouvernement turc qui jusque-là faisait preuve d’une certaine indulgence envers le Daesh  a bombardé les positions de celui-ci en Syrie et a adhéré à la coalition montée par les États-Unis pour le combattre. Mais pour faire bonne mesure, il est allé également bombarder les positions du PKK, mettant ainsi fin à l’accord d’armistice signé en 2012 ; et la guerre entre eux a repris.
Le gouvernement de M. Erdogan se bat donc actuellement sur deux fronts. D’une part aux côtés des Américains contre l’État islamique et d’autre part contre le PKK son ennemi juré. Or les Kurdes d’Irak qui abritent le PKK sont également les alliés des USA et sont les combattants les plus efficaces contre le Daesh. Où est la logique dans tout cela ?
Il faut dire que la priorité des priorités du gouvernement turc est d’empêcher à tout prix la création d’un État kurde en Irak qui donnerait des idées aux 20 millions de Kurdes de Turquie. Par ailleurs ce pays sunnite voit d’un très mauvais œil l’accession de l’Iran chiite propulsé par les États-Unis au rang de première puissance de la région. Mais en prenant part à la guerre contre le Daesh, il se comporte objectivement comme l’allié des Mollahs.
En fait, entre les Sunnites et les Chiites, Barack Obama a choisi ces derniers. Il est persuadé, probablement à tort,  que le danger que représente le djihadisme sunnite est bien plus grand que la menace iranienne, alors que l’Iran est déterminé à renforcer l’axe chiite qu’il dirige. Il fournit ses alliés en armes, en hommes et en  argent  dans la guerre contre le Daesh et les autres groupes sunnites. Il soutient les milices chiites telles que le Hezbollah et déploie ses propres milices Al Qods et Gardiens de la révolution, en Irak et en Syrie. Son objectif prioritaire demeure la destruction d’Israël.
Rebelles syriens

Il y aurait peut-être pourtant une troisième voie, au moins en ce qui concerne la Syrie. Sous le nom de «Jaish al-Fatah», l’armée syrienne libre,  d’importants groupes d’opposants sunnites, les Frères musulmans et même la Jabhat al-Nusra liée à Al Qaeda se sont unis sous la houlette des États sunnites modérés et se battent à la fois  contre le Daesh et les forces de Bachar Al Assad. Leur éventuelle victoire serait probablement la moins mauvaise solution pour Israël et pour la région.
Pour en revenir à la Turquie, Erdogan pourrait être tenté à la faveur de la situation actuelle de dissoudre le parlement et provoquer de nouvelles élections pour retrouver une majorité absolue. Tout cela est bien compliqué et dangereux. Souhaitons à Israël que sa diplomatie sache se montrer à la hauteur.

1 commentaire:

Haim KOHEN a dit…

Après le génocide Arménien, voici venu le génocide Kurde. 100 ans après la Turquie va marquer l'histoire à sa façon. Et la coalition dans tour ça?