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mardi 7 juillet 2015

DAESH NE VISE PAS ISRAËL MAIS LE SPHINX



DAESH NE VISE PAS ISRAËL MAIS LE SPHINX

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Yaacov Amidror

L’ancien conseiller à la Sécurité Nationale, le général Yaacov Amidror, vient d’affirmer que l'État islamique est devenu une vraie puissance au Moyen-Orient, mais qu’il ne représente pas une menace directe pour Israël, du moins dans l’immédiat. Certes le tir de deux roquettes depuis le Sinaï contre Israël a laissé croire un instant que Daesh cherchait à provoquer ou à impliquer Israël dans les développements de la situation au Sinaï mais il semble, pour lui, qu’il s’agisse d’une péripétie sans conséquence immédiate : «Daesh se renforce à travers le Moyen-Orient. Nous voyons qu'il a réussi à devenir plus organisé dans la péninsule du Sinaï pour rendre la guerre contre lui plus longue et plus difficile mais je ne pense pas que sa présence dans le Sinaï redéfinisse sa réelle présence au Moyen-Orient».





Pour lui il ne s’agit pas cependant de le sous-estimer : «Je pense que le monde comprend que Daesh est la menace la plus sérieuse et la plus significative. Il faut s’attendre à ce qu’il reste longtemps dans la région et qu’il sera difficile de le détruire». L’ancien Conseiller à la Sécurité estime à présent que la menace est double pour Israël en termes de défense, puisque Tsahal devra surveiller les hauteurs du Golan et les frontières sud avec l’Égypte.
Israël est conscient de cette menace mais il la tempère : «Daesh a compris qu’il lui était nécessaire tout d’abord de renverser les dirigeants des pays arabes et que l’État juif était dur à cuire. Je pense qu’il mettra du temps avant de s’en prendre à nous, mais cela viendra».

On commence à percer la stratégie de l’État islamique qui a lancé ses milices à l’assaut des fortins égyptiens au nord-Sinaï. Il est certain, aujourd’hui, que l’objectif n’est pas la confrontation avec Israël mais le déclenchement d’une insurrection dans toute l’Égypte, en frappant à différents endroits du pays pour désorganiser les forces militaires et pour réveiller les éléments dormants islamistes. L’importance des pertes humaines se comptant par centaines, des deux côtés, atteste de la violence des combats et de la volonté de Daesh d’en découdre.
On peut se poser des questions sérieuses sur la qualité des services de renseignements égyptiens, voire occidentaux, qui n’ont pas prévu le déferlement de troupes venues de Libye et d’Irak vers le Sinaï. En effet, des extrémistes bien armés, installés autour de la ville libyenne de Benghazi, ont drainé sur leur passage les sympathisants Frères musulmans qui ont rejoint le combat. Ils ont reçu pour mission de noyauter les populations du Caire et du Canal de Suez en attendant le gros des troupes aguerries en provenance d’Irak et de Syrie. Ils ont pu librement traverser la frontière en apportant avec eux une partie des arsenaux libyens  jusqu’au Sinaï, sans qu’ils aient pu être repérés ou interceptés.
Chars égyptiens au Sinaï

Cette nouvelle donne implique un changement de tactique des forces égyptiennes qui doivent à présent défendre deux cibles à la fois, le Sinaï et le Canal de Suez, poumon économique du pays. Les djihadistes sont arrivés en masse d’Irak à travers le sud de la Jordanie pour parvenir au Golfe d’Aqaba où ils sont transportés par des bateaux de passeurs jusqu’au Sinaï. Israël avait prévu ce risque. En décidant de bloquer la route 12 parallèle à la frontière égyptienne, il voulait d’abord contrôler les mouvements djihadistes dans la région et surtout dissuader les troupes en provenance d’Irak d’utiliser un transit par Israël en utilisant  la complicité des bédouins connaissant parfaitement la région.
Bédouins du Sinaï

Les services de renseignements israéliens ont évalué à un millier le nombre de djihadistes présents au nord-Sinaï. Ceux qui ont pris part aux combats contre l’armée égyptienne ont par ailleurs réussi à recruter de nombreux bédouins, toujours en délicatesse avec l’Égypte.  Pour l’instant les combats se sont concentrés autour de Sheikh Zoweid, Al-Arish et Rafah. Des terroristes ont été vus cependant aux environs de Charm el-Cheik où ils ont été déposés par bateaux. 
Al-Sissi au Sinaï

C’est pourquoi le président Al-Sissi s’est déplacé le 5 juillet au Sinaï, en sa qualité d’ancien général, pour se rendre compte par lui-même des mesures à prendre pour endiguer l’avancée des djihadistes. Seulement 3.000 soldats sur une armée de 300.000 ont été engagés car l’accord de Camp David de 1979 limite les troupes égyptiennes et le matériel lourd au Sinaï. Il est fort probable que le gouvernement israélien fermera les yeux sur cet aspect de l'accord. Il n’est pas impossible que devant le danger, Al-Sissi engage, avec l’accord de Benjamin Netanyahou, une grande partie de son armée et de son aviation  pour éradiquer les milices de djihadistes avant qu’elles ne s’installent fortement dans la région.
Le président en tenue militaire au Sinaï

Le président Al-Sissi évalue parfaitement la situation et il sait, pour l’avoir vécu, que les terroristes sont bien implantés dans une région montagneuse difficile d’accès. Il reste prudent avant d’envoyer son armée dans la gueule du loup, avec peu de moyens, d’autant plus qu’il doit aussi protéger le Caire et tout le Canal de Suez. Il prépare donc une riposte à la mesure du danger.
Palmyre

L’État islamique a préparé ses plans à long terme et il veut appliquer la stratégie utilisée en Syrie et en Irak en s’en prenant et en détruisant les monuments historiques symboles de l’Occident païen. Près de 300 sites du patrimoine culturel syrien ont été détruits, endommagés ou pillés en plus de trois ans de guerre, notamment à Alep ou Palmyre. L’armée égyptienne doit donc ajouter dans ses objectifs la protection des Pyramides, du Sphinx de Gizeh, voire du barrage d’Assouan pour les mettre à l’abri du pillage et du vandalisme.  

Devant ce danger de destruction du patrimoine de l’Unesco, il n’est pas impossible qu’Al Sissi demande l’aide logistique des drones israéliens et des moyens israéliens de surveillance et de renseignements, en complément des F-16 égyptiens qui sont à présent en action au nord-Sinaï.
Amidror est cependant certain que cette situation désastreuse dans la région va pousser les pays arabes à une coopération régionale selon l’adage : «l'ennemi de mon ennemi reste généralement mon ennemi».


2 commentaires:

Jean CORCOS a dit…

Intéressantes informations ... en même temps, un millier de djihadistes dans un espace désertique, cela ne doit pas être trop dur à contenir : on n'arrivera jamais à tous les tuer dans leurs repères, mais le contrôle des côtes + la coopération militaire avec Israël + plus de soldats, cela aura un effet. Reste l'immense territoire égyptien proprement dit, et là ce sera beaucoup plus dur !

AMMONRUSQ a dit…

Pas facile certe en même temps il faut que l'égypte fasse attention à ne pas être déborder,là ou je suis étonner c'est que les bombardement des autres forces en action n'a aucun effet,que bombardent-ils alors ?