DAESH NE VISE PAS ISRAËL MAIS LE SPHINX
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Yaacov Amidror |
L’ancien conseiller à la
Sécurité Nationale, le général Yaacov Amidror, vient d’affirmer que l'État
islamique est devenu une vraie puissance au Moyen-Orient, mais qu’il ne
représente pas une menace directe pour Israël, du moins dans l’immédiat. Certes
le tir de deux roquettes depuis le Sinaï contre Israël a laissé croire un
instant que Daesh cherchait à provoquer ou à impliquer Israël dans les
développements de la situation au Sinaï mais il semble, pour lui, qu’il
s’agisse d’une péripétie sans conséquence immédiate : «Daesh se renforce à
travers le Moyen-Orient. Nous voyons qu'il a réussi à devenir plus organisé
dans la péninsule du Sinaï pour rendre la guerre contre lui plus longue et plus
difficile mais je ne pense pas que sa présence dans le Sinaï redéfinisse sa
réelle présence au Moyen-Orient».
Pour lui il ne s’agit pas
cependant de le sous-estimer : «Je pense que le monde comprend que Daesh est
la menace la plus sérieuse et la plus significative. Il faut s’attendre à ce
qu’il reste longtemps dans la région et qu’il sera difficile de le détruire». L’ancien
Conseiller à la Sécurité estime à présent que la menace est double pour Israël
en termes de défense, puisque Tsahal devra surveiller les hauteurs du Golan et les frontières sud avec
l’Égypte.
Israël est conscient de cette
menace mais il la tempère : «Daesh a compris qu’il lui était nécessaire tout
d’abord de renverser les dirigeants des pays arabes et que l’État juif était
dur à cuire. Je pense qu’il mettra du temps avant de s’en prendre à nous, mais
cela viendra».
On commence à percer la
stratégie de l’État islamique qui a lancé ses milices à l’assaut des fortins
égyptiens au nord-Sinaï. Il est certain, aujourd’hui, que l’objectif n’est pas
la confrontation avec Israël mais le déclenchement d’une insurrection dans
toute l’Égypte, en frappant à différents endroits du pays pour désorganiser les
forces militaires et pour réveiller les éléments dormants islamistes.
L’importance des pertes humaines se comptant par centaines, des deux côtés,
atteste de la violence des combats et de la volonté de Daesh d’en découdre.
On peut se poser des questions
sérieuses sur la qualité des services de renseignements égyptiens, voire
occidentaux, qui n’ont pas prévu le déferlement de troupes venues de Libye et
d’Irak vers le Sinaï. En effet, des extrémistes bien armés, installés autour de
la ville libyenne de Benghazi, ont drainé sur leur passage les sympathisants
Frères musulmans qui ont rejoint le combat. Ils ont reçu pour mission de
noyauter les populations du Caire et du Canal de Suez en attendant le gros des
troupes aguerries en provenance d’Irak et de Syrie. Ils ont pu librement traverser
la frontière en apportant avec eux une partie des arsenaux libyens jusqu’au Sinaï, sans qu’ils aient pu être repérés ou interceptés.
Chars égyptiens au Sinaï |
Cette nouvelle donne implique un
changement de tactique des forces égyptiennes qui doivent à présent défendre
deux cibles à la fois, le Sinaï et le Canal de Suez, poumon économique du pays.
Les djihadistes sont arrivés en masse d’Irak à travers le sud de la Jordanie
pour parvenir au Golfe d’Aqaba où ils sont transportés par des bateaux de
passeurs jusqu’au Sinaï. Israël avait prévu ce risque. En décidant de bloquer
la route 12 parallèle à la frontière égyptienne, il voulait d’abord contrôler
les mouvements djihadistes dans la région et surtout dissuader les troupes en
provenance d’Irak d’utiliser un transit par Israël en utilisant la complicité des bédouins connaissant
parfaitement la région.
Bédouins du Sinaï |
Les services de renseignements
israéliens ont évalué à un millier le nombre de djihadistes présents au
nord-Sinaï. Ceux qui ont pris part aux combats contre l’armée égyptienne ont
par ailleurs réussi à recruter de nombreux bédouins, toujours en délicatesse avec
l’Égypte. Pour l’instant les combats se
sont concentrés autour de Sheikh Zoweid, Al-Arish et Rafah. Des terroristes ont
été vus cependant aux environs de Charm el-Cheik où ils ont été déposés par
bateaux.
Al-Sissi au Sinaï |
C’est pourquoi le président Al-Sissi s’est déplacé le 5 juillet au
Sinaï, en sa qualité d’ancien général, pour se rendre compte par lui-même des
mesures à prendre pour endiguer l’avancée des djihadistes. Seulement 3.000
soldats sur une armée de 300.000 ont été engagés car l’accord de Camp
David de 1979 limite les troupes égyptiennes et le matériel lourd au Sinaï. Il
est fort probable que le gouvernement israélien fermera les yeux sur cet
aspect de l'accord. Il n’est pas impossible que devant le danger, Al-Sissi engage, avec
l’accord de Benjamin Netanyahou, une grande partie de son armée et de son
aviation pour éradiquer les milices de
djihadistes avant qu’elles ne s’installent fortement dans la région.
Le président en tenue militaire au Sinaï |
Le président Al-Sissi évalue
parfaitement la situation et il sait, pour l’avoir vécu, que les terroristes
sont bien implantés dans une région montagneuse difficile d’accès. Il reste
prudent avant d’envoyer son armée dans la gueule du loup, avec peu de moyens, d’autant
plus qu’il doit aussi protéger le Caire et tout le Canal de Suez. Il prépare
donc une riposte à la mesure du danger.
Palmyre |
L’État islamique a préparé ses
plans à long terme et il veut appliquer la stratégie utilisée en Syrie et en
Irak en s’en prenant et en détruisant les monuments historiques symboles de
l’Occident païen. Près de 300 sites du patrimoine culturel syrien ont été
détruits, endommagés ou pillés en plus de trois ans de guerre, notamment à Alep
ou Palmyre. L’armée égyptienne doit donc ajouter dans ses objectifs la
protection des Pyramides, du Sphinx de Gizeh, voire du barrage d’Assouan pour
les mettre à l’abri du pillage et du vandalisme.
Devant ce danger de destruction du patrimoine
de l’Unesco, il n’est pas impossible qu’Al Sissi demande l’aide logistique des
drones israéliens et des moyens israéliens de surveillance et de renseignements,
en complément des F-16 égyptiens qui sont à présent en action au nord-Sinaï.
Amidror est cependant certain
que cette situation désastreuse dans la région va pousser les pays arabes à une
coopération régionale selon l’adage : «l'ennemi de mon ennemi reste
généralement mon ennemi».
2 commentaires:
Intéressantes informations ... en même temps, un millier de djihadistes dans un espace désertique, cela ne doit pas être trop dur à contenir : on n'arrivera jamais à tous les tuer dans leurs repères, mais le contrôle des côtes + la coopération militaire avec Israël + plus de soldats, cela aura un effet. Reste l'immense territoire égyptien proprement dit, et là ce sera beaucoup plus dur !
Pas facile certe en même temps il faut que l'égypte fasse attention à ne pas être déborder,là ou je suis étonner c'est que les bombardement des autres forces en action n'a aucun effet,que bombardent-ils alors ?
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