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samedi 25 juillet 2015

LE MODE D’INTÉGRATION À L’ANGLAISE EN QUESTION Par Gérard AKOUN




LE MODE D’INTÉGRATION À L’ANGLAISE EN QUESTION

Par Gérard AKOUN 
Judaïques FM


Dans un discours prononcé lundi 20 juillet, le premier ministre, David Cameron, a remis en question le modèle britannique d’intégration des populations  immigrées dans son pays. Vous n’êtes pas sans savoir que jusqu’à présent, dans les grandes villes anglaises, vivent côte à côte, dans des quartiers qu’on peut presque qualifier de micro ghettos, sans se rencontrer, des populations très diverses. Dans ces quartiers, leurs habitants pouvaient jusqu’à aujourd’hui conserver leurs habitudes de vie, leurs mœurs, leur culture, leur religion.


Quartier de Londres cosmopolite

La liberté de parole y était totale, et certains islamistes radicaux ne se privaient pas de clamer y compris sur la voie publique, à Hyde Park notamment, leur hostilité envers l’Occident et ses valeurs. Au point que ces mouvements islamistes ont pu se développer en toute impunité, au vu et au su des autorités qui  pouvaient également fermer  les yeux sur les mariages forcés et sur l’application d’une justice traditionnelle. La Grande-Bretagne se voulait donc un exemple de tolérance, d’accueil de l’autre, et reprochait à d’autres pays, comme la France, de ne pas laisser s’exprimer les différences. Nous avons notamment été critiqués pour notre attitude vis-à-vis du voile à l’école, ou du port de la burqa, sachant qu’en Angleterre, personne ne s’offusque de trouver des policiers Sikh coiffés de leur turban traditionnel.
Attentat Tunisie

Ce modèle communautariste semble avoir montré ses limites, tant auprès des populations issues de l’immigration, qui supportent mal la ségrégation dans les écoles ou dans le logement, que de la population dite «de souche» qui ne comprend pas comment des jeunes élevés en Grande-Bretagne puissent tourner le dos à leur pays et être attirés par les mouvements djihadistes. Depuis le massacre survenu en Tunisie, dans lequel une trentaine de britanniques ont trouvé la mort, David Cameron a réagi en déclarant : «Nous devons faire face à une vérité tragique, il y a des gens qui ont grandi dans ce pays et qui ne se sentent pas vraiment de lien avec la Grande-Bretagne» alors que «chacun – a-t-il précisé -  a sa place au Royaume-Uni».
Londres 7 juillet 2005

Cette prise de conscience est assez tardive si l’on se souvient des attentats commis dans les métros et bus londoniens il y a tout juste 10 ans, en juillet 2005. Un certain nombre de mesures coercitives vont donc être prises pour limiter la liberté de parole des extrémistes. Évoquant la ghettoïsation de certains quartiers, David Cameron a également estimé anormal que «des gens passent toute leur vie sans avoir aucun contact avec les autres religions». C’est l’aveu de l’échec du respect sans limite du communautarisme. 
Pour autant, quoi qu’on en dise, nous n’avons pas, nous, Français, mieux réussi à juguler la montée des extrémismes, ni à éviter toute ségrégation. Le modèle d’intégration à la française semble tout de même préférable, dans la mesure où sans un minimum d’intégration des populations issues de l’immigration, aucune vie en commun n’est possible. Ce qui demande de la part de ces populations la volonté ferme de respecter les valeurs du pays dans lequel elles vivent, et en particulier la laïcité.
Mais ce qui demande aussi, de la part des autres, une absence totale de ségrégation dans tous les domaines. Cela exige de trouver un équilibre difficile entre le respect de la différence, et la recherche d’un dénominateur commun qui garantisse le vivre ensemble. Sachant que celui qui vient de l’extérieur devra faire davantage d’efforts. Nos grands-parents ou nos parents ne nous ont-ils pas dit qu’en arrivant en France, ils avaient considéré qu’il était de leur devoir de se montrer plus français que les Français ? 

La tâche n’est pas aisée. Le fait que toute l’Europe se trouve confrontée au même problème nous montre qu’il n’existe sans doute pas de solution unique. Ce n’est guère rassurant, mais il ne faut pas pour autant se laisser séduire par les sirènes de l’extrémisme, qui ne sont jamais une solution.

2 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…

Qu'appelez-vous : "sirènes de l'extrêmisme" ? Cependant, ayant une idée assez nette de ce qu'est une sirène, je devine à qui vous faites allusion. Mais une personne qui réunit 1/4 des votes exprimés par le corps électoral peut-elle encore raisonnablement être taxée d'extrêmisme ?

Cordialement.

Véronique ALLOUCHE a dit…

L'approche anglo -saxonne est basée sur l'acceptation de tous les tabous religieux. Ainsi, croyaient-ils, c'était un gage de réussite pour que les différentes communautés vivent en paix dans le respect de l'autre.
En France, la laïcité née de la séparation de l'église et de l'état, permet de rompre ces mêmes tabous religieux, d'en parler sans contrainte pour en dénoncer ses excès.
Mais depuis les attentats de janvier à Paris, il me semble que l'impertinence s'est tue dans nombre de média qui ont tendance à attribuer des circonstances atténuantes aux terroristes par crainte d'être accusés d'islamophobie.
Dès après le 11 janvier on entendait les voix de spseudo intellectuels employer les termes " oui, mais"....
Ce "mais" qui semblait déjà justifier les buts de ses massacres.
Dans ce contexte, qui est raciste? Le français de souche qui ne demande qu'à vivre en paix ou ceux qui crachent, insultent, dénigrent leur pays d'accueil?
Bien cordialement
Véronique Allouche