LE DÉSESPOIR À GAZA POUSSE LES HABITANTS À LA
FUITE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Jeunes à Gaza |
On imagine que la population de Gaza est monolithique
et entièrement dévouée à ses dirigeants islamiques. Il n’en est rien mais elle
ne peut pas contester et encore moins se révolter. Ceux qui ont émis, durant la
guerre de Gaza, quelques critiques sur la stratégie du Hamas ont été passés par
les armes sous la fausse accusation de collaborateurs d’Israël.
Exécution à Gaza |
La charia à Gaza
Les frappes de Tsahal pendant 50 jours et les
destructions ont rendu impossible une vie normale mais face à la chape de plomb
qui s’est abattu à Gaza, nul n’est en mesure de critiquer ouvertement. Un
collectif de jeunes artistes s’est exprimé sous le sceau du secret : «Au cours des dernières années, le Hamas a
tout fait pour prendre le contrôle de nos pensées, de notre comportement et de
nos attentes. Nous vivons dans la peur. Ici, à Gaza, nous avons peur d’être
incarcérés, interrogés, battus, torturés, bombardés, tués».
La charia est en
application stricte à Gaza et la mainmise des islamistes devient contraignante.
Les organisations internationales, d’habitude promptes à réagir à la moindre
atteinte aux Droits de l’Homme, n’ont pas estimé utile de commenter les
souffrances infligées par les dirigeants de Gaza à leur peuple et
volontairement tues.
L’intolérance et le fanatisme ont enchaîné dans le désespoir une partie du peuple palestinien, jadis considéré comme le plus évolué et le plus démocratique parmi les pays arabes. Gaza s’est alors inspiré des méthodes de Téhéran. Les groupes de jeunes musiciens sont définitivement interdits de concert parce qu’ils ne véhiculent pas les préceptes édictées par le Coran. Les jeunes, ne trouvant plus les moyens de s’exprimer, finissent par tromper leur oisiveté dans les arrières salles des cafés où ils chantent leurs textes en acceptant les risques encourus. Ils n’ont plus le droit de se produire en public.
L’intolérance et le fanatisme ont enchaîné dans le désespoir une partie du peuple palestinien, jadis considéré comme le plus évolué et le plus démocratique parmi les pays arabes. Gaza s’est alors inspiré des méthodes de Téhéran. Les groupes de jeunes musiciens sont définitivement interdits de concert parce qu’ils ne véhiculent pas les préceptes édictées par le Coran. Les jeunes, ne trouvant plus les moyens de s’exprimer, finissent par tromper leur oisiveté dans les arrières salles des cafés où ils chantent leurs textes en acceptant les risques encourus. Ils n’ont plus le droit de se produire en public.
Mal-être des jeunes
Les jeunes ont perdu jusqu’au goût de vivre et il ne leur
reste plus qu’à jouer avec leur vie, à défaut de jouer avec les mots et les
notes. Le porte-parole du Hamas s’efforce de justifier une pression qui mène au
mal-être des jeunes de Gaza : «nous
sommes modérés et nous respectons les libertés mais nous voulons préserver la
culture palestinienne et nous voulons que nos jeunes soient de bons patriotes.
C’est pourquoi on les guide sur ce qui est conforme ou non à la religion».
La liberté de penser est étroitement surveillée. Les jeunes s’enfoncent alors dans le désespoir
et n’ont plus que le choix du célibat, du renoncement, de l’extrémisme ou, cas
plus révoltant, de l’action kamikaze.
La dictature assimile la culture à leur ennemi
primordial et cherche donc à limiter la réflexion et le développement des
loisirs afin de rendre le cerveau imperméable aux idées modernes. Les libraires
ont reçu pour mission de n’exposer que les exemplaires du Coran ou les recueils
de discours des dirigeants du Hamas. L’asphyxie culturelle d’une population
vivant sous la contrainte est en marche tandis qu’on brise les velléités et
qu’on enchaine les pensées. Les islamistes s’attaquent d’abord à la culture
pour ensuite bafouer les Droits de l’Homme. Le silence des pays bien-pensants
permet au Hamas de couper le son et l’image dans une région soumise dorénavant
à l’arbitraire des intégristes de Gaza.
Alors des milliers d’habitants de Gaza décident de
fuir vers l’Europe soit en utilisant les quelques tunnels encore en fonctionnement
avec l’Égypte, soit en utilisant des bateaux de passeurs. Gaza n’a plus la cote
auprès de ses habitants qui estiment qu’«il vaut mieux mourir en mer que de mourir de désespoir et de frustration
dans la bande de Gaza». Beaucoup d’entre eux ont déjà réussi leur fuite mais
les médias n’ont pas couvert ces départs de crainte de porter atteinte aux
éventuels nouveaux fuyards. Cependant le naufrage de deux navires au large de
Malte et de l’Égypte, transportant des Palestiniens dont des centaines ont péri noyés, a attiré
les l’attention des médias.
Noyades
Selon les autorités palestiniennes, le navire qui a coulé au large de Malte
transportait plus de 450 passagers fuyant la bande de Gaza, en grande majorité
des jeunes. Au large de l’Égypte, 15 Palestiniens ont péri noyés. La plupart
ont traversé un petit tunnel, encore en fonctionnement à Rafah, après avoir payé des contrebandiers
pour les conduire vers l’Europe, souvent avec la complicité d’Égyptiens qui se
paient au prix fort, de l’ordre de 4.000 dollars par personne, ce qui pour Gaza
est une somme très élevée.
Attendus au bout du tunnel, les Palestiniens sont alors conduits par véhicule bâché vers Port-Saïd. Les passeurs bénéficient de la complicité d’Égyptiens soudoyés qui ferment les yeux sur les visas des passeports. Ils leur font traverser les eaux territoriales égyptiennes pour être ensuite envoyés par des bateaux relais jusqu’en Italie où ils sont pris en charge par la Croix-Rouge, après un voyage de plus d’une semaine.
Passeurs égyptiens |
Attendus au bout du tunnel, les Palestiniens sont alors conduits par véhicule bâché vers Port-Saïd. Les passeurs bénéficient de la complicité d’Égyptiens soudoyés qui ferment les yeux sur les visas des passeports. Ils leur font traverser les eaux territoriales égyptiennes pour être ensuite envoyés par des bateaux relais jusqu’en Italie où ils sont pris en charge par la Croix-Rouge, après un voyage de plus d’une semaine.
Bien sûr les noyades
dissuadent les nouveaux départs mais le désespoir est tel que certains
entrevoient la mort comme une délivrance.
2 commentaires:
Très bon article. Qui est émouvant, aussi, même s'il s'agit de populations "ennemies" !
qu'ils soient désespérés, on peut le comprendre hélas.
Cela dit, dans un tout autre contexte, tout à fait différent, une proportion très impressionnante d'Israéliens ne rêve que de quitter le pays, s'en aller s'ils pouvaient (1/3 ou 1/4 de la population, je ne sais plus exactement)
Ce conflit est ravageur, et l'irrédentisme des dirigeants, Hamas et extrême-droite israélienne, détruit leur propre peuple, de chaque côté.
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