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samedi 20 septembre 2014

LE DÉSESPOIR À GAZA POUSSE LES HABITANTS À LA FUITE



LE DÉSESPOIR À GAZA POUSSE LES HABITANTS À LA FUITE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps 
        
Jeunes à Gaza

      On imagine que la population de Gaza est monolithique et entièrement dévouée à ses dirigeants islamiques. Il n’en est rien mais elle ne peut pas contester et encore moins se révolter. Ceux qui ont émis, durant la guerre de Gaza, quelques critiques sur la stratégie du Hamas ont été passés par les armes sous la fausse accusation de collaborateurs d’Israël.

Exécution à Gaza

La charia à Gaza

Les frappes de Tsahal pendant 50 jours et les destructions ont rendu impossible une vie normale mais face à la chape de plomb qui s’est abattu à Gaza, nul n’est en mesure de critiquer ouvertement. Un collectif de jeunes artistes s’est exprimé sous le sceau du secret : «Au cours des dernières années, le Hamas a tout fait pour prendre le contrôle de nos pensées, de notre comportement et de nos attentes. Nous vivons dans la peur. Ici, à Gaza, nous avons peur d’être incarcérés, interrogés, battus, torturés, bombardés, tués».
            La charia est en application stricte à Gaza et la mainmise des islamistes devient contraignante. Les organisations internationales, d’habitude promptes à réagir à la moindre atteinte aux Droits de l’Homme, n’ont pas estimé utile de commenter les souffrances infligées par les dirigeants de Gaza à leur peuple et volontairement tues. 

           L’intolérance et le fanatisme ont enchaîné dans le désespoir une partie du peuple palestinien, jadis considéré comme le plus évolué et le plus démocratique parmi les pays arabes. Gaza s’est alors inspiré des méthodes de Téhéran. Les groupes de jeunes musiciens sont définitivement interdits de concert parce qu’ils ne véhiculent pas les préceptes édictées par le Coran. Les jeunes, ne trouvant plus les moyens de s’exprimer, finissent par tromper leur oisiveté dans les arrières salles des cafés où ils chantent leurs textes en acceptant les risques encourus. Ils n’ont plus le droit de se produire en public.

Mal-être des jeunes


Les jeunes ont perdu jusqu’au goût de vivre et il ne leur reste plus qu’à jouer avec leur vie, à défaut de jouer avec les mots et les notes. Le porte-parole du Hamas s’efforce de justifier une pression qui mène au mal-être des jeunes de Gaza : «nous sommes modérés et nous respectons les libertés mais nous voulons préserver la culture palestinienne et nous voulons que nos jeunes soient de bons patriotes. C’est pourquoi on les guide sur ce qui est conforme ou non à la religion». La liberté de penser est étroitement surveillée. Les jeunes s’enfoncent alors dans le désespoir et n’ont plus que le choix du célibat, du renoncement, de l’extrémisme ou, cas plus révoltant, de l’action kamikaze.
La dictature assimile la culture à leur ennemi primordial et cherche donc à limiter la réflexion et le développement des loisirs afin de rendre le cerveau imperméable aux idées modernes. Les libraires ont reçu pour mission de n’exposer que les exemplaires du Coran ou les recueils de discours des dirigeants du Hamas. L’asphyxie culturelle d’une population vivant sous la contrainte est en marche tandis qu’on brise les velléités et qu’on enchaine les pensées. Les islamistes s’attaquent d’abord à la culture pour ensuite bafouer les Droits de l’Homme. Le silence des pays bien-pensants permet au Hamas de couper le son et l’image dans une région soumise dorénavant à l’arbitraire des intégristes de Gaza.

Alors des milliers d’habitants de Gaza décident de fuir vers l’Europe soit en utilisant les quelques tunnels encore en fonctionnement avec l’Égypte, soit en utilisant des bateaux de passeurs. Gaza n’a plus la cote auprès de ses habitants qui estiment qu’«il vaut mieux mourir en mer que de mourir de désespoir et de frustration dans la bande de Gaza». Beaucoup d’entre eux ont déjà réussi leur fuite mais les médias n’ont pas couvert ces départs de crainte de porter atteinte aux éventuels nouveaux fuyards. Cependant le naufrage de deux navires au large de Malte et de l’Égypte, transportant des Palestiniens  dont des centaines ont péri noyés, a attiré les l’attention des médias.

Noyades


Selon les autorités palestiniennes, le navire qui a coulé au large de Malte transportait plus de 450 passagers fuyant la bande de Gaza, en grande majorité des jeunes. Au large de l’Égypte, 15 Palestiniens ont péri noyés. La plupart ont traversé un petit tunnel, encore en fonctionnement à Rafah, après avoir payé des contrebandiers pour les conduire vers l’Europe, souvent avec la complicité d’Égyptiens qui se paient au prix fort, de l’ordre de 4.000 dollars par personne, ce qui pour Gaza est une somme très élevée. 
Passeurs égyptiens

Attendus au bout du tunnel, les Palestiniens sont alors conduits par véhicule bâché vers Port-Saïd. Les passeurs bénéficient de la complicité d’Égyptiens soudoyés qui ferment les yeux sur les visas des passeports. Ils leur font traverser les eaux territoriales égyptiennes pour être ensuite envoyés par des bateaux relais jusqu’en Italie où ils sont pris en charge par la Croix-Rouge, après un voyage de plus d’une semaine.
Bien sûr les noyades dissuadent les nouveaux départs mais le désespoir est tel que certains entrevoient la mort comme une délivrance.

2 commentaires:

Jean CORCOS a dit…

Très bon article. Qui est émouvant, aussi, même s'il s'agit de populations "ennemies" !

Sandra SALOMON a dit…

qu'ils soient désespérés, on peut le comprendre hélas.

Cela dit, dans un tout autre contexte, tout à fait différent, une proportion très impressionnante d'Israéliens ne rêve que de quitter le pays, s'en aller s'ils pouvaient (1/3 ou 1/4 de la population, je ne sais plus exactement)
Ce conflit est ravageur, et l'irrédentisme des dirigeants, Hamas et extrême-droite israélienne, détruit leur propre peuple, de chaque côté.