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lundi 9 juin 2014

DJIHADISTES : QUAND LA FRANCE S’ÉVEILLERA



DJIHADISTES : QUAND LA FRANCE S’ÉVEILLERA

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps



Mohamed Merah avait été un symptôme, Mehdi Nemmouche devient la confirmation d’une maladie irréversible qui touche la France et l’Europe d’abord, mais surtout le monde libre. La France ne peut pas se cacher derrière l’illusion d’une méconnaissance d’un problème qui a été ressassé à longueur de mises en garde. Mais elle est contrainte de se positionner de manière ambiguë car, en s’en prenant aux djihadistes, elle fustige indirectement l’Arabie saoudite et le Qatar, de bons clients qui soutiennent et  financent les entreprises françaises au moment même où la France à l’œil fixé sur l’horizon de sa balance commerciale en pleine récession.



Problème déjà traité

Imam Chalghoumi

Le problème a été traité de longue date. En effet, l'imam Hassen Chalghoumi de Drancy, que nous avions rencontré à l’ambassade de France en Israël, est de ceux qui, en fervents pourfendeurs de l'intégrisme musulman, agitent inlassablement le chiffon rouge de l’islamisme radical. D’origine tunisienne et installé en France en 1996, il sait de quoi il parle puisqu’il a été formé en Syrie et au Pakistan dans le mouvement piétiste Tabligh, ce qui lui a valu d’être au départ catalogué «fondamentaliste» par les Renseignements Généraux français. Mais il a évolué après ses prises de position iconoclastes et ses rapports cordiaux avec Israël et les Juifs, faisant le vide autour de lui. Ainsi, pour les musulmans, il ne représente plus rien aujourd’hui, sauf à être «le représentant du camp de la paix».
La France ne pouvait pas ignorer ce qui se tramait sous ses yeux. L’imam avait réuni, dès le 8 février 2014 à Montreuil près de Paris, des responsables religieux pour aborder avec eux le sujet des jeunes Européens qui partent faire le djihad à l'étranger. Pour lui, il y avait urgence face à la multiplication des départs vers la Syrie de jeunes issus de la communauté musulmane française. Il considère que le phénomène se généralise et que la communauté, mais aussi le gouvernement français, ont leur part de responsabilités car dans les mosquées les jeunes sont soumis à un véritable «lavage de cerveau».
 
Manifestation à Strasbourg
Des mosquées formatrices


Selon le ministère de l'intérieur, ces jeunes seraient des centaines à avoir rejoint cette terre de djihad qu'est devenue la Syrie. L’imam avait déjà confirmé que ces départs se faisaient sur un coup de cœur, avec une facilité déconcertante, après une courte période «d'autoradicalisation». Il est persuadé que les jeunes musulmans ne sont pas nés radicaux mais qu’ils le sont devenus en Europe en raison d’une attitude bienveillante et indulgente, pour ne pas dire complice, vis-à-vis des terroristes.

L’imam a mis en garde les autorités françaises, peu regardantes sur les faits avérés dans les mosquées financées par les États du Golfe. Ces lieux de culte sont devenus en fait des foyers de prosélytisme islamiste et de radicalisation pour des jeunes égarés, perdus et en quête d’idéal, qui entendent à longueur de prêches des discours de haine contre les Juifs et Israël certes, mais aussi contre le monde libre. Les mosquées sont devenues des lieux où la théorie est enseignée avec un passage obligatoire par la pratique en Syrie.
Les mises en garde de février de l’imam sont restées lettres mortes car l’Europe mise sur le multiculturalisme plutôt que sur l’intégration. La France a préféré fermer les yeux pour s’acheter le calme dans ses villes et échapper au terrorisme islamiste. Mais elle constate à présent qu’après leur départ en Syrie, ces jeunes idéalistes sont vite enrôlés par les intégristes violents de l’EIIL (État islamique d’Irak et du Levant) qui leur imposent des tests sanglants pour leur «titularisation». Alors ils s’adonnent à des massacres et à des actes d’horreur comme la décapitation ou les crucifixions.
Miliciens EIIL

Après ces travaux pratiques sanglants, ces jeunes djihadistes retournent en Europe où, impunément, ils deviennent des bombes à retardement chargés d’enseigner la haine du monde libre. L’Europe observe avec passivité cette montée d’un islamisme radical parce que s’en prendre à ces jeunes fous, risque d’entraîner le soulèvement de tous les musulmans. Et pourtant tout est fait en pleine lumière puisque les pays du Golfe déversent leurs dollars pour financer des centres d’études islamiques en diabolisant Israël, seul point de consensus.

L’Europe dans l’erreur
 
Catherine Ashton
Mais l’Europe persiste à vouloir se voiler la face en attaquant les mauvaises cibles. Ainsi Catherine Ashton, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité pour l'Union européenne, dont les sympathies anti israéliennes sont notoires, est encore la seule qui pense que les djihadistes de Syrie, et d’ailleurs, en veulent uniquement à Israël alors qu’ils s’attaquent en fait à tout le monde libre.
Elle avait déclaré lors d’un discours prononcé à Bruxelles : «Quand nous pensons à ce qui s’est passé aujourd’hui à Toulouse, quand nous nous souvenons de ce qui s’est passé en Norvège il y a un an, quand nous savons ce qui se passe en Syrie, quand nous voyons ce qui se passe à Gaza et dans différentes parties du monde, nous pensons aux jeunes et aux enfants qui perdent leur vie.» Les Israéliens avaient été alors scandalisés par l’amalgame entre djihadistes et Palestiniens et par la mauvaise connaissance de Catherine Ashton du dossier israélo-palestinien.
Par ailleurs, l’UE déverse souvent des fonds à des organisations impliquées dans le boycott anti-Israël et dans les manifestations violentes qui «sapent les efforts de l'UE pour assurer la paix dans le Moyen-Orient.» L’UE est l’autre source de financement après le financement islamique. Elle feint de l’ignorer car on constate un manque de diligence dans la prise de décision de la Commission européenne qui finance des ONG radicales et qui veut ignorer l’usage des fonds. Elle participe de fait à l’incitation à la haine contre les Juifs et Israël avec un débordement sur le monde libre. L’Europe, et la France en particulier, se cachent derrière leurs bons sentiments pour masquer leur vision éronée afin de n’avoir pas à agir.

Djihadistes ou Assad
 
Djihadistes en Syrie

Il est vrai que, de manière tardive, les ministres européens de l’Intérieur se sont réunis  en compagnie de leurs homologues américain, marocain, tunisien, jordanien et turc, pour discuter de la lutte contre les filières djihadistes qui poussent des Européens à aller combattre en Syrie. Il était temps que l’Occident prenne conscience des risques à soutenir indirectement les djihadistes. Après une longue période de passivité et de tolérance à l’égard de ces nouveaux terroristes, la France s’inquiète enfin de ces recruteurs pour le djihad en Syrie qui agissent au grand jour comme des organisateurs de voyages touristiques.
Certes dans ce grand concert de fausseté et de sournoiserie la France et le Quai d’Orsay en particulier semblent bridés par leur proximité avec le Qatar et l’Arabie saoudite, engagés dans le démantèlement du régime de Bachar al Assad donnant ainsi aux recruteurs une liberté d’agir en toute impunité. La France doit intégrer le principe que l’islam est le moteur de la radicalisation des jeunes candidats au djihad et elle doit modifier le logiciel utilisé par son appareil sécuritaire.  Mais la diplomatie française fait face à un dilemme. 
Assécher les filières djihadistes, qui œuvrent pour la création d’un État islamique en Syrie, revient à consolider le régime syrien. Alors pour éradiquer le danger djihadiste qui déborde en France et en Europe, la France pourrait adopter la même attitude qu’Israël, une attitude neutre en Syrie consistant en fait à maintenir au pouvoir un Bachar Al-Assad sanguinaire, mais oh combien efficace contre l’islamisme radical. 

5 commentaires:

Bernard LAVIN a dit…

On ne peut pas contrer un loup solitaire mais le gros de leur troupe est bien connu des services spécialisés et surveillé de près

Anonyme a dit…

Si c'est un loup solitaire, pourquoi craindre quoi que ce soit en mettant autour de lui une armée de policiers en tenue de guerre et bien armés?
Soliaires ces assassins?
Je n'y crois pas un seul instant, pas plus que les autorités.....
Karol

Marianne ARNAUD a dit…

Cher monsieur Benillouche,

Lorsque vous écrivez : "Quand la France s'éveillera", de quelle France voulez-vous parler ?

Est-ce de celle du peuple français qui vient de voter à 25% pour le FN qui depuis plus de trente ans - et sous les injures - essaie contre vents et marées, d'attirer l'attention des citoyens sur le danger qui menace la société française qui a renoncé à l'assimilation des étrangers pour favoriser le multiculturalisme ?

Ou est-ce de la France de ses élites, tel monsieur Cazeneuve, ministre de l'Intérieur, qui déclarait il y a quelques jours seulement, à propos de la tuerie de Bruxelles : "Il n'y a pas de guerre de religion ou de civilisation. L'islam n'a rien à voir avec ces agissements" ?

Mais vous l'aurez constaté par vous-même, déjà Nemmouche a rejoint les dernières pages des journaux, quand il y figure encore. Quant au jeune employé de 24 ans du musée juif de Bruxelles qui vient de mourir à son tour, il n'a fait l'objet que d'une "brève" au même titre que la grève du métro de Sao-Paulo.

Très cordialement.

Jean a dit…

Que pourrait faire la France afin de faire en sorte que l'Arabie Sèoudite et le Quatar n'agissent plus en toute impunité , dans l'ėtat actuel des choses ?

Tom a dit…

je suis surpris de l'attentisme de l'opinion Française sur ce problème.
ils ont le sentiment que cela ne concerne que les Juifs. ils ne voient pas le danger, ou semblent étranger à ces attentats.
hélas la communauté se retrouve "en première ligne" des cibles potentielles, mais le danger est bien plus grand.
les ennemis sont devenus Français, ils habitent nos quartiers, notre pays.
cela intéresse que les services de renseignements, qui eux par contre mesure très bien la dangerosité de ces comportements et actions terroristes. ils sont la véritable défense de la République.