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dimanche 1 juin 2014

ISRAËL ASSURE DÉFINITIVEMENT SES BESOINS EN EAU



ISRAËL ASSURE DÉFINITIVEMENT SES BESOINS EN EAU

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

Cet article fait écho à l’émission de mon ami Jean Corcos sur Judaïques 94.8 FM, dimanche 1er juin à 9h30 heure française. Il interrogera Norbert Lipszic, ingénieur, spécialiste en environnement, sur l’eau en partage entre Israéliens et Palestiniens.
Usine de dessalement de Hadera


 
La question de l’eau est un élément récurrent dans les discussions sur le processus de paix israélo-palestinien. Le Proche-Orient est une zone géographique, qualifiée selon les experts en situation de «stress hydrique» en raison d’un déséquilibre structurel entre ses ressources limités et la consommation, en très forte croissance face à l’évolution démographique et au développement économique. Dans cette région au climat semi désertique, les pluies sont inexistantes d’avril à septembre, avec des températures oscillant  entre 30°C et 50°C, entrainant une pénurie d’eau. Il en résulte des répercussions politiques importantes dans le processus de paix israélo-palestinien. Seuls le Liban et la Turquie sont dotés d’un potentiel hydraulique qui les met à l’abri du besoin d’eau.



Ressource rare

Ismail Serageldin

L’eau devient une ressource rare en raison de sa surexploitation et des surconsommations chroniques. Heureusement, la prédiction de 1995 du vice-président de la Banque Mondiale pour les questions de développement durable, Ismail Serageldin : «les guerres du prochain siècle auront l’eau pour objet», ne s’est pas réalisée. La FAO (Food and Agriculture Organization) estime que la quantité d’eau potable de bonne qualité disponible par personne et par an est de 250m3 en Israël, 85m3 dans les Territoires palestiniens et 200m3 en Jordanie. L’eau, considérée «ressource stratégique sous contrôle militaire israélien», fait l’objet d’une législation rigoureuse. En effet une loi de 1959, étendue aux Territoires palestiniens, stipule qu’elle est une propriété publique soumise au contrôle de l’État.
Nappes phréatiques

Jusqu’à ces dernières années, les disponibilités en eau étaient très préoccupantes  car les prélèvements dépassaient les ressources tandis que les nappes souterraines étaient surexploitées. En effet les nappes phréatiques, d’un accès facile et peu coûteux, sont trop souvent surexploitées entraînant une salinisation des eaux. Quand elles sont proches du littoral, l’appel du vide pousse l’eau de mer à s’y introduire entraînant les exploitants à pomper dans les puits de l’eau salée ou saumâtre.
Traitement eaux usées

Mais Israël a investi de gros moyens pour résoudre ses problèmes d’eau afin de compenser les hivers peu pluvieux. Il a recyclé les eaux usées et construit de nouvelles usines de dessalement d’eau de mer qui ont placé le pays parmi les plus hydratés de la région. Il a appris à ne plus compter que sur la pluie qui ne couvre que la moitié des besoins en eau. La région nord par exemple, habituellement bien arrosée, a connu cette année une pluviométrie qui n’a atteint que 50%  de la moyenne annuelle des précipitations. Par ailleurs, de grands progrès ont été réalisés sur le recyclage de 90% des eaux usées qui permettent de satisfaire une grande partie des besoins des infrastructures agricoles.

Usines de dessalement


Le plan de dessalement a été tardif puisqu’il ne date que de 2005 et l’on s’étonne d’ailleurs que l’on n’ait pas pensé plus tôt car le manque d’eau était chronique. Mais depuis lors, cinq usines de dessalement fournissent 35% de l’eau potable utilisée en Israël avec un objectif de parvenir à 70% aux environs des années 2050. Le modèle d’usine est Soreq, l'usine de dessalement la plus grande du monde, située à 15 km au sud de Tel Aviv, qui a développé l’utilisation de membranes d'osmose inverse (RO) de 16 pouces. Ces membranes permettent de produire jusqu'à 150 milliards de litres d'eau potable par an avec un coût de production le plus bas du monde.

Accord sur l'eau entre Israël, la Jordanie et l'Autorité palestinienne


Ces cinq usines ont rendu Israël indépendant en eau tout en écartant tout risque de guerre à cause de l’eau. Israël souhaite apporter son expertise  auprès des pays régionaux dans le cadre d’un traité de paix afin que l’eau ne soit plus une source de conflit. Il pourrait proposer ses techniques de dessalement et ses méthodes avancées de réutilisation des eaux usées. D’ailleurs, un accord a déjà été signé avec la Jordanie pour la construction d’une usine commune de dessalement d’eau de mer dont une partie de la production serait mise à la disposition des Palestiniens. Cet accord pourrait s’étendre à court terme à Chypre et à l’Égypte.

Cibles du Hezbollah


Mais ces usines ont accru la vulnérabilité d’Israël en cas de conflit ou de frappes de missiles car elles peuvent être de nouvelles cibles pour ses ennemis, le Hezbollah en particulier qui avait déjà essayé de les viser lors de la guerre du Liban en 2006. Israël a introduit ce risque dans sa doctrine de défense et a pris des mesures radicales pour la protection des sites de dessalement. Ainsi l’usine de Soreq est très protégée physiquement par des clôtures et des caméras de sécurité, par des systèmes antimissiles, mais aussi par l’absence de connexion à Internet pour éviter toute attaque cybernétique.
L’augmentation des ressources en eau d’Israël permettra aussi de résoudre la baisse dramatique du niveau de la Mer Morte. Si Israël parvient à couvrir ses besoins en extrayant moins d’eau du lac de Tibériade, cela permettrait un débit plus rapide des eaux du Jourdain et à terme, on peut penser que le Jourdain pourra à nouveau alimenter, ou réalimenter, le mer Morte.
Israël assure à présent définitivement ses besoins en eau. Il appartient à présent aux Palestiniens d’exploiter les moyens mis à leur disposition par l’Union européenne pour parvenir aux mêmes résultats. L’argent ne manque pas sinon la volonté.


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