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mardi 3 juin 2014

BON VENT AU GOUVERNEMENT PALESTINIEN



BON VENT AU GOUVERNEMENT PALESTINIEN

Par Jacques BENILLOUCHE


copyright © Temps et Contretemps

                

     Les membres du nouveau gouvernement palestinien, à l’exception de ceux qui se trouvent bloqués à Gaza, ont prêté serment ce lundi 2 juin à la Mouqata, le palais présidentiel, devant Mahmoud Abbas. Après un petit épisode volontairement empreint de dramaturgie, le Hamas a fini par accepter d’une part, le nom du ministre des affaires étrangères imposé par l’OLP et d’autre part, la suppression du ministère des prisonniers dont les attributions ont été transférées au premier ministre.



Ministres alliés de Mahmoud Abbas

Le nouveau gouvernement de 17 membres, censé n’inclure que  des technocrates, comprendra huit membres qui garderont leur ancienne attribution et qui sont des proches et des alliés de Mahmoud Abbas. C’est ce dernier qui a choisi les titulaires des postes ministériels et il est donc difficile de croire que le Hamas ait pu influencer en quoi que ce soit sa formation. Rami Hamdallah restera premier ministre et Ziad Abou Amr sera le vice-premier ministre et ministre de la culture. Riyad al-Maliki, qui avait été la cause d’un ultime blocage, garde son poste aux affaires étrangères Les nouveaux ministres occuperont des postes secondaires.
Riyad Al-Maliki

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait eu un entretien téléphoné dimanche 1er juin avec Mahmoud Abbas pour le prévenir que l'administration Obama jugerait le nouveau gouvernement sur ses actes et en particulier sur le respect des engagements internationaux palestiniens précédemment signés. Il lui a recommandé à nouveau d’éviter d’inciter au terrorisme et de s'abstenir de toutes formes de violence. Le président de l’Autorité a pointé du doigt le fait que les nouveaux ministres ont été nommés par lui et qu’ils se conformeraient donc aux exigences américaines.
Abbas et le premier ministre Hadallah

John Kerry a décidé d’adopter une position attentiste en raison du blocage du processus de paix, espérant que de nouvelles initiatives seraient prises par le gouvernement de consensus. Il sait que Benjamin Netanyahou ne reconnaîtra jamais une équipe qui comprend des islamistes de Gaza sachant que : «Le Hamas est une organisation terroriste qui vise la destruction d'Israël.  Un tel gouvernement ne soutiendra pas la paix, mais renforcera la terreur». Le premier ministre israélien ne comprend pas pourquoi les dirigeants européens avaient des paroles amicales pour les terroristes palestiniens, au moment même où des actions islamistes antisémites étaient organisées à Bruxelles.

Il est par ailleurs convaincu que l'administration Obama n'a pas l'intention de mettre en place une lutte contre le dialogue avec le Hamas, malgré son bilan terroriste. Il sent qu’Obama a l’intention de jouer à fond la carte du nouveau gouvernement palestinien. En fait, les Etats-Unis ont annoncé leur intention de collaborer avec le nouveau gouvernement et de maintenir leur aide à l'Autorité. "A la lumière de ce que nous savons, nous travaillerons avec ce gouvernement", a déclaré Jennifer Psaki, porte-parole de la diplomatie américaine, soulignant que le gouvernement palestinien ne comptait "aucun membre affilié au Hamas".
De son côté, Benjamin Netanyahou a décidé de ne pas adopter de position extrême puisqu’il ne compte pas suspendre les transferts de fonds à Ramallah et maintient la coopération avec les services de sécurité palestiniens.

Menace pour la coalition

Yaron Ezrahi

Yaron Ezrahi, professeur émérite de sciences politiques à l'Université hébraïque, a déclaré que la réconciliation palestinienne posait un défi à Netanyahou et à sa coalition au pouvoir car selon lui : «Ce gouvernement est une grande menace pour les politiques de refuzniks du gouvernement de droite israélien, parce que l'excuse que Abou Mazen ne représente pas les Palestiniens, ou que le gouvernement est la moitié de la nation palestinienne est en train de s'effondrer».
Bien sûr, ce gouvernement est censé n’avoir aucun pouvoir politique puisqu’il se bornera à organiser les élections de 2015 et à gérer les affaires courantes. D’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. Mais il aura à prouver qu’il a repris sa souveraineté sur Gaza ce qui ne semble pas réalisable dans l’immédiat d’après les observateurs israéliens. Selon le ministre Youval Steinitz, les Israéliens attendent que l’Autorité palestinienne prenne sous son contrôle les 12.000 missiles et roquettes détenus par le Hamas. D’ailleurs le souhait de Benjamin Netanyahou est clair : «Si le nouveau gouvernement palestinien a retrouvé sa souveraineté sur Gaza, la première chose que Mahmoud Abbas devrait faire, c'est annoncer qu'il est en train de démilitariser la bande de Gaza».
Brigade Ezzedine Al-Qassam

Les Israéliens n’imaginent pas le Hamas et le Fatah puissent se mettre d'accord sur les conditions d'organisation d'élections libres en Cisjordanie et dans la bande de Gaza pour un nouveau parlement. Ils ne voient pas le Hamas renoncer à son contrôle de la bande de Gaza et abandonner à l’Autorité son bras militaire autonome, la brigade Ezzedine Al-Qassam. D’ailleurs Moussa Abou Marzouk, vice-président du bureau politique du Hamas, a déclaré dans une interview à la télévision Al Jazeera que le Hamas conservera ses pouvoirs de contrôle sur les armes de l'organisation.

Le grand gagnant reste assurément le Hamas qui, avec cet accord, gagne en respectabilité politique et en légitimité internationale vis-à-vis de l’Iran et de la Russie au moment où il a perdu ses alliés au Caire et à Damas. Saura t-il exploiter cette situation à des fins pacifiques ou guerrières ?

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