IRAK : UN PARADIS POUR LES FEMMES
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
Forces de sécurité irakiennes |
Les forces
de sécurité irakiennes ne lésinent pas sur les moyens en faisant subir aux
femmes en détention des exactions incluant toutes les formes de torture, pour
«rendre le pays plus sûr». Selon le rapport de HRW (Human Rights Watch), publié
le 6 février 2014, des milliers de femmes irakiennes sont détenues illégalement
parce que le système judiciaire est gangrené par la corruption. Les aveux sont
extorqués tandis que les procédures pénales ne sont pas conformes aux normes
internationales.
C’est à se demander si les irakiennes ne regrettent pas Saddam Hussein parce que l’intervention américaine a aggravé leur sort. De nombreuses femmes sont détenues pendant des mois, voire des années, sans qu’aucune accusation ne soit retenue contre elles.
C’est à se demander si les irakiennes ne regrettent pas Saddam Hussein parce que l’intervention américaine a aggravé leur sort. De nombreuses femmes sont détenues pendant des mois, voire des années, sans qu’aucune accusation ne soit retenue contre elles.
Rapport de HRW
Dans ce
rapport de 105 pages, intitulé «No One Is Safe: Abuses of Women in Iraq’s
Criminal Justice System» (Personne n'est en sécurité : Abus à l’encontre de
femmes dans le cadre du système de justice pénale en Irak), HRW précise les
exactions subies par les femmes après avoir interrogé en prison des femmes et
des filles sunnites et chiites, leurs familles et leurs avocats. HRM s’est
aussi appuyé sur les informations fournies par les autorités irakiennes, parmi
lesquelles des responsables des ministères de la Justice, de l'Intérieur, de la
Défense et des Droits de l'homme, ainsi que deux premiers ministres adjoints.
Pourtant en janvier 2013, le premier
ministre Nouri al-Maliki avait promis de réformer le système de justice pénale,
en commençant par élargir les femmes détenues dont la liberté est requise. Mais rien n’a changé puisque des centaines de femmes sont
toujours enfermées illégalement. Les forces de sécurité s’en prennent aux
habitants des régions sunnites sous prétexte de combattre Al-Qaeda et les
méthodes n’ont rien à envier aux bourreaux les plus célèbres de notre siècle.
Impuissants face au terrorisme qu'ils ne peuvent endiguer, elles se rabattent avec lâcheté sur les femmes rendues coupables de complicité. Il est
vrai que les actions terroristes sont quotidiennes en Irak. Ainsi le 14 février, sept policiers et quatre soldats ont péri dans des attaques au nord de la capitale tandis que cinq militaires ont trouvé la mort dans différents incidents
au sud de Bagdad.
Impuissants face au terrorisme qu'ils ne peuvent endiguer, elles se rabattent avec lâcheté sur les femmes rendues coupables de complicité.
Exécution de sunnites irakiens |
Selon le rapport, les femmes sont
battues, rouées de coups de pied, giflées, suspendues la tête en bas et
frappées sur la plante des pieds, soumises à des électrochocs et violées ou
menacées de violences sexuelles par les forces de sécurité pendant leur
interrogatoire. Elles sont tenues pour responsables des éventuelles activités
des hommes de leur famille. Certaines, devenues infirmes après avoir
eu le nez éclaté, des cicatrices sur le dos et des brûlures sur les seins, ont
été exécutées alors que par pitié un tribunal avait exceptionnellement accepté
le rapport médical confirmant qu’elles avaient été torturées.
Victimes sunnites
Plus de 4.200 femmes sunnites
sont actuellement détenues dans des locaux dépendant du ministère de
l’intérieur ou de la défense. Elles ne disposent que d'un statut de membres de seconde
classe de la société irakienne. Mais le drame s'aggrave après leur détention et
leur éventuelle libération car elles sont alors rejetées par leur famille et leur
communauté qui s’estiment déshonorées. Les habitants de ces zones sunnites en
sont venus à craindre plus les forces spéciales irakiennes qu’Al-Qaeda parce que les Irakiens ont
tendance à procéder à des punitions collectives contre les femmes pour les
activités terroristes de leurs époux ou frères.
La loi irakienne est bafouée
puisque les accusées ne bénéficient pas de l’aide d’un avocat et qu’elles sont
forcées sous la torture de signer des fausses dépositions. Selon HRW :
«Les violations des droits humains des femmes que nous avons documentées sont à bien des égards au cœur de la crise actuelle en Irak. Ces exactions ont généré une colère et une défiance très profondes entre les diverses communautés irakiennes et les forces de sécurité et tous les Irakiens en payent le prix.»
La guerre de religion entre
Sunnites et Chiites démontre, s'il en était besoin, l’horreur de certains comportement humains dans les milieux arabes. Si leur lâcheté les pousse à se conduire ainsi avec des femmes, on peut imaginer le sort qui pourrait être fait à des Juifs s’ils dépendaient
de ces barbares.
Certes la lapidation, la
pendaison ou la décapitation sont monnaie courante dans les pays musulmans et l’Irak
n’est pas une exception. L’Arabie saoudite a décapité 40
femmes entre 1990 et 2010. Mais il y a une constante historique. En fait, chaque
fois que les Occidentaux ont éliminé un dictateur en promettant la liberté et
la démocratie, les populations «libérées» ont connu une situation souvent
pire. C’est ce qui a poussé certains
syriens à préférer le régime de Bachar Al-Assad plutôt que la sollicitude des
djihadistes avec leur cortège de crimes parce que les islamistes continuent à
considérer les femmes comme une marchandise dévaluée.
Le président du Parlement
Européen, Martin Schulz, qui a tenu à «donner une leçon» aux Israéliens depuis la
tribune de la Knesset, devrait se rendre dans ces contrées «très évoluées» pour constater la réalité de la «détresse» des peuples, comme il a osé
qualifier celle des habitants de Gaza. Il aurait été plus inspiré. N’étant plus à un mensonge près, il pourrait revenir avec la certitude que l’Irak est un paradis
pour les femmes.
3 commentaires:
Je souscris sans retenue à l'analyse faite dans cet article.
Félicitations pour cet article instructif faisant état de faits non explicités dans la classique presse quotidienne.
Le rapprochement en pirouette finale du comportement du représentant de l'UE à la Knesseth proférant des critiques inacceptables comme s'il se trouvait en territoire en contraste des délarations et discours attendus de celui-ci en Irak démontreront s'il en était besoin l'hypocrisie et la lâcheté de l'UE.
Dur dur à lire... et on est là impuissant !
Enregistrer un commentaire