LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

samedi 15 février 2014

IRAK : UN PARADIS POUR LES FEMMES



IRAK : UN PARADIS POUR LES FEMMES

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

                
Forces de sécurité irakiennes

          Les forces de sécurité irakiennes ne lésinent pas sur les moyens en faisant subir aux femmes en détention des exactions incluant toutes les formes de torture, pour «rendre le pays plus sûr». Selon le rapport de HRW (Human Rights Watch), publié le 6 février 2014, des milliers de femmes irakiennes sont détenues illégalement parce que le système judiciaire est gangrené par la corruption. Les aveux sont extorqués tandis que les procédures pénales ne sont pas conformes aux normes internationales. 
         C’est à se demander si les irakiennes ne regrettent pas Saddam Hussein parce que l’intervention américaine a aggravé leur sort. De nombreuses femmes sont détenues pendant des mois, voire des années, sans qu’aucune accusation ne soit retenue contre elles.



Rapport de HRW


Prisonnières en Irak

Dans ce rapport de 105 pages, intitulé «No One Is Safe: Abuses of Women in Iraq’s Criminal Justice System» (Personne n'est en sécurité : Abus à l’encontre de femmes dans le cadre du système de justice pénale en Irak), HRW précise les exactions subies par les femmes après avoir interrogé en prison des femmes et des filles sunnites et chiites, leurs familles et leurs avocats. HRM s’est aussi appuyé sur les informations fournies par les autorités irakiennes, parmi lesquelles des responsables des ministères de la Justice, de l'Intérieur, de la Défense et des Droits de l'homme, ainsi que deux premiers ministres adjoints.
Pourtant en janvier 2013, le premier ministre Nouri al-Maliki avait promis de réformer le système de justice pénale, en commençant par élargir les femmes détenues dont la liberté est requise. Mais rien n’a changé puisque des centaines de femmes sont toujours enfermées illégalement. Les forces de sécurité s’en prennent aux habitants des régions sunnites sous prétexte de combattre Al-Qaeda et les méthodes n’ont rien à envier aux bourreaux les plus célèbres de notre siècle. 
Impuissants face au terrorisme qu'ils ne peuvent endiguer, elles se rabattent avec lâcheté sur les femmes rendues coupables de complicité. Il est vrai que les actions terroristes sont quotidiennes en Irak. Ainsi le 14 février, sept policiers et quatre soldats ont péri dans des attaques au nord de la capitale tandis que cinq militaires ont trouvé la mort dans différents incidents au sud de Bagdad.

Exécution de sunnites irakiens

Selon le rapport, les femmes sont battues, rouées de coups de pied, giflées, suspendues la tête en bas et frappées sur la plante des pieds, soumises à des électrochocs et violées ou menacées de violences sexuelles par les forces de sécurité pendant leur interrogatoire. Elles sont tenues pour responsables des éventuelles activités des hommes de leur famille. Certaines, devenues infirmes après avoir eu le nez éclaté, des cicatrices sur le dos et des brûlures sur les seins, ont été exécutées alors que par pitié un tribunal avait exceptionnellement accepté le rapport médical confirmant qu’elles avaient été torturées.

Victimes sunnites

Plus de 4.200 femmes sunnites sont actuellement détenues dans des locaux dépendant du ministère de l’intérieur ou de la défense. Elles ne disposent que d'un statut de membres de seconde classe de la société irakienne. Mais le drame s'aggrave après leur détention et leur éventuelle libération car elles sont alors rejetées par leur famille et leur communauté qui s’estiment déshonorées. Les habitants de ces zones sunnites en sont venus à craindre plus les forces spéciales irakiennes qu’Al-Qaeda parce que les Irakiens ont tendance à procéder à des punitions collectives contre les femmes pour les activités terroristes de leurs époux ou frères.
La loi irakienne est bafouée puisque les accusées ne bénéficient pas de l’aide d’un avocat et qu’elles sont forcées sous la torture de signer des fausses dépositions. Selon HRW :
«Les violations des droits humains des femmes que nous avons documentées sont à bien des égards au cœur de la crise actuelle en Irak. Ces exactions ont généré une colère et une défiance très profondes entre les diverses communautés irakiennes et les forces de sécurité et tous les Irakiens en payent le prix.»
La guerre de religion entre Sunnites et Chiites démontre, s'il en était besoin, l’horreur de certains comportement humains dans les milieux arabes. Si leur lâcheté les pousse à se conduire ainsi avec des femmes, on peut imaginer le sort qui pourrait être fait à des Juifs s’ils dépendaient de ces barbares.
Certes la lapidation, la pendaison ou la décapitation sont monnaie courante dans les pays musulmans et l’Irak n’est pas une exception. L’Arabie saoudite a décapité 40 femmes entre 1990 et 2010. Mais il y a une constante historique. En fait, chaque fois que les Occidentaux ont éliminé un dictateur en promettant la liberté et la démocratie, les populations «libérées» ont connu une situation souvent pire.  C’est ce qui a poussé certains syriens à préférer le régime de Bachar Al-Assad plutôt que la sollicitude des djihadistes avec leur cortège de crimes parce que les islamistes continuent à considérer les femmes comme une marchandise dévaluée.
Le président du Parlement Européen, Martin Schulz, qui a tenu à «donner une leçon» aux Israéliens depuis la tribune de la Knesset, devrait se rendre dans ces contrées «très évoluées» pour constater la réalité de la «détresse» des peuples, comme il a osé qualifier celle des habitants de Gaza.  Il aurait été plus inspiré. N’étant plus à un mensonge près, il pourrait revenir avec la certitude que l’Irak est un paradis pour les femmes.


3 commentaires:

Olivier YPSILANTIS a dit…

Je souscris sans retenue à l'analyse faite dans cet article.

Pat Quartier a dit…

Félicitations pour cet article instructif faisant état de faits non explicités dans la classique presse quotidienne.
Le rapprochement en pirouette finale du comportement du représentant de l'UE à la Knesseth proférant des critiques inacceptables comme s'il se trouvait en territoire en contraste des délarations et discours attendus de celui-ci en Irak démontreront s'il en était besoin l'hypocrisie et la lâcheté de l'UE.


Betty OZARNOT a dit…

Dur dur à lire... et on est là impuissant !