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dimanche 22 mai 2016

La Russie en Méditerranée par Alain PIERRET



LA  RUSSIE  EN  MÉDITERRANÉE

Par Alain PIERRET
Ancien Ambassadeur

           
Marins russes à Tartous
          L’annonce du retrait des forces russes envoyées en Syrie est, a priori, une bonne nouvelle. Il ne faut toutefois pas croire à un départ massif, voire total. La formule du président Poutine rappelle celle qui suscita tant de discussions en 1967 lors de l’adoption aux Nations Unies de la résolution 242 dont l’original anglais prévoyait «the withdrawal of Israel armed forces from territories» tandis que la traduction officielle française réclamait le «retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés», c’est-à-dire de toute la Palestine revendiquée par l’OLP. Astucieux, mais malhonnête.





Statue équestre de Pierre Ier à Saint-Pétersbourg

            De longue date, la Russie a cherché à s’implanter en Méditerranée. Il y a trois siècles déjà, des Monténégrins furent chargés par Pierre le Grand de former les marins à Kronstadt pour la défense de Saint-Pétersbourg qu’il venait de fonder. Un siècle plus tard, ce fut au tour des Russes de venir soutenir la petite république adriatique envahie, occupée par les troupes de Marmont, futur duc de Raguse, de Molitor, de Lauriston.
            Au XIXe siècle, la guerre de Crimée fut l'un des avatars de ces expéditions russes pour s'assurer cet accès méditerranéen, comme aussi, indirectement, le développement du «Quartier russe» à Jérusalem. Dans les années 1970, alors que la Yougoslavie titiste continuait officiellement de tenir à l’écart l’URSS, on pouvait voir des navires de guerre soviétiques en carénage à Tivat, dans les bouches de Kotor.
            Après la Seconde Guerre mondiale et les premiers soubresauts du monde arabe, Moscou trouva auprès d’une Syrie fraîchement indépendante une nouvelle possibilité de franchir les Dardanelles. Ce fut le port de Tartous. Fin 1987, lors de sa visite à Jérusalem, le Premier ministre Jacques Chirac avait accepté la demande des frères ennemis Shimon Pérès et Yitzhak Rabin d’envoyer un bâtiment de guerre à Haïfa. 
Frégate Suffren

          Il fallut plusieurs années avant que ce projet prît forme. La Marine choisit la frégate anti-engins Suffren, mais le Quai d’Orsay exigea une escale préalable précisément à Tartous où la marine russe était déjà présente. Comme cela avait été le cas lors de la venue de la Patrouille de France à Tel Aviv début mai 1989, coïncidant avec la visite de Yasser Arafat à Paris au jour de commémoration de la Shoah, aucune autorité militaire israélienne ne jugea opportun de faire le déplacement de Haïfa.
Condoléances de Chirac au fils Assad

            Ces dernières décennies, la politique arabe de la France au Proche-Orient s’est essentiellement appuyée, y compris par d’importantes fournitures d’armements, sur les États «laïcs» : Syrie, Irak, Libye. Temporisant au sujet de sa présence aux funérailles du roi Hussein de Jordanie ou de l’israélien Rabin, le président Chirac avait été le seul représentant occidental à se rendre à celles de Hafez el Assad. Et, sans parler du pays de Saddam Hussein, on constate aujourd’hui les résultats de notre intervention contre Kadhafi.

1 commentaire:

Marianne ARNAUD a dit…

Pour qui l'annonce du retrait des forces russes serait-elle une bonne nouvelle ? Sans doute pour les moudjahidins et autres djihadistes de Syrie mais certainement pas pour les habitants de ces centaines de localités libérées par les Russes et où la vie reprend depuis.

Cordialement.