JUDAÏQUES : MENACES DE L'ÉTAT ISLAMIQUE CONTRE ISRAËL
Jacques
BENILLOUCHE
au micro de
Eva SOTO
Al-Baghdadi |
Il
ne fait à présent aucun doute que l’État islamique subit de nombreux revers de la part de la grande
coalition internationale. On ne compte plus les échecs des djihadistes qui
avaient bénéficié pendant longtemps de la passivité du monde occidental. Les frappes russes et françaises ont
occasionné à la fois de nombreuses pertes et surtout une désorganisation des troupes.
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Les
derniers mois ont vu l’EI reculer dans plusieurs places. Tout a commencé le 28
juillet quand il a été chassé de la ville de Hassaké en Syrie par la branche
armée du PTK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui a pris le contrôle de la
zone. En novembre, les Kurdes irakiens ont réussi à entrer dans la ville
irakienne de Sinjar tenue par l’E.I depuis août 2014. Cette ville stratégique,
située près de la frontière syrienne, a été est le théâtre de violents combats.
L’armée irakienne vient de reprendre la ville symbolique de Ramadi aux djihadistes de
l'État islamique. Le 26 décembre, l'alliance formée au sol par des
combattants kurdes et arabes a pris possession du barrage de Tichrine situé
à seulement 22 kilomètres de Raqqa, la capitale syrienne de l'État islamique.
Barrage de Tichrine |
Enfin, les Américains ont annoncé avoir tué à l'aide de drones une dizaine de hauts
chefs djihadistes dont le français Al Mouadan. Le colonel américain de l'US
Army Steve Warren, porte-parole de la coalition anti-EI, a annoncé la mort «de
dix personnalités dirigeantes de l'EI dans des frappes aériennes ciblées, y
compris plusieurs organisateurs d'attentats à l'étranger, dont certains étaient
liés aux attaques de Paris». Parmi eux, figurent le Français Charaffe al
Mouadan, un combattant du groupe directement lié au djihadiste
belge Abdelhamid Abaaoud, instigateur présumé des attentats de Paris. Cette
information a été confirmée par les djihadistes.
Face
à ces défis qui risquent de porter atteinte à sa réputation, l’EI a d’abord
cherché à introduire une nouvelle donne au Liban en attisant les tensions
communautaires entre sunnites et chiites pour détourner l’attention et pour affaiblir
le Hezbollah libanais qui combat aux côtés de l’armée syrienne. Le 12 novembre
la population civile d’un quartier à majorité chiite, dans la banlieue sud de
Beyrouth : Bourj al-Barajneh, a été frappée faisant 44 tués et 239 blessés, un
moyen pour lui de forcer la milice à dégarnir ses troupes en Syrie pour
défendre son bastion au Liban.
Bourj al-Barajneh |
Alors
il est de tradition dans les pays arabo-islamiques de s’attirer la sympathie des
masses arabes en sonnant la charge contre Israël, le seul qui fédère par
consensus. Dans un enregistrement audio – le premier en sept mois – al-Baghdadi
a brandi des menaces contre Israël tout en demandant aux musulmans de se
soulever en Arabie saoudite. Cette nouvelle déclaration fait donc suite à ses
revers militaires importants en Syrie et en Irak depuis plusieurs semaines qui
ont réduit son territoire de 14% en 2015. Il a donc besoin de redorer son
blason en appelant les Arabes à combattre le petit Satan : «La
Palestine ne sera qu'un cimetière pour vous. Allah ne vous y a rassemblés que
pour que les musulmans vous y tuent. Vous savez cela parfaitement, alors
attendez donc, nous attendons aussi avec vous». Il sait que le thème
palestinien est toujours porteur et fédérateur.
Forces irakiennes à Ramadi le 28 décembre 2015 |
Mais
l’EI est constitué de dirigeants conscients de la réalité. Ils connaissent la puissance
d’Israël et sa détermination; donc ils se garderont d’affronter Tsahal, se
bornant à susciter des vocations djihadistes au sein de la population
palestinienne. Il s’agit donc d’une manœuvre de diversion ayant vocation à
remonter le moral des troupes et à dynamiser les combattants qui commencent à
fléchir dans le combat contre leurs frères arabes.
Israël
met ces invectives sur le dos de la propagande de l’EI mais il ne néglige
jamais les menaces sachant que l’EI dispose de moyens matériels et humains pour
mettre sa menace à exécution. Israël n'est pas à l'abri d'un grave attentat mais cela concerne tous les citoyens; la population veille et les services de renseignements sont sur le qui-vive. Le chef d’État-major a donc pris plusieurs
mesures visant à consolider la sécurité au nord et au sud du pays. Au sud il
s’agit du désert du Sinaï qui est loin d’avoir été pacifié par l’Égypte. L’EI
dispose d’une branche intitulée Ansar Bayt al-Maqdis (les partisans de
Jérusalem) qui est constituée d’un millier de miliciens hétéroclites : Bédouins,
Tchéchènes, Afghans et volontaires africains totalement armés par les arsenaux
libyens. Les Israéliens ont donc consolidé la frontière avec l’Égypte.
Le deuxième point chaud est
constitué par la frontière nord et le Golan où l’EI cherche à s’implanter avec
quelques miliciens coincés entre les rebelles, l’armée syrienne et les Gardiens
de la révolution iranienne. Aucune chance qu’ils parviennent à inquiéter les
forces israéliennes. Le général Gadi Eizenkot, chef d’État-Major a anticipé les
menaces de l’EI en créant la 89 ème brigade de forces spéciales chargée de «coordonner les opérations conjointes menées sur des profondeurs
stratégiques» avec des unités spéciales appartenant à la fois aux forces
terrestres, à l’aviation et à la marine. Elle est constituée des unités d’élite
Douvdevan, Egoz, Maglan et Rimon sous le commandement du colonel David Zini.
L’unité Douvdevan est spécialisée pour agir au sein de la population arabe afin de localiser et d'arrêter les personnes soupçonnées de terrorisme. L’unité Egoz intervient en très petites équipes derrière les lignes ennemies, en particulier aux frontières syrienne et libanaise. L’unité Maglan est chargée d’utiliser des armes de haute technologie contre des cibles ennemies en allant profondément à l'intérieur du territoire ennemi pour rechercher les armes de haute technologie. L’unité Rimon comprend des combattants du désert qui ont acquis leur expérience sur le terrain de la bande de Gaza et qui connaissent le combat urbain en milieu civil.
Suite à ces nouvelles menaces le
général Gadi Eizenkot a lancé un message de fermeté aux djihadistes et au
Hezbollah les avertissant sur les
conséquences qu'ils subiraient s’ils tentaient d'attaquer Israël : «Nos
ennemis savent que s’ils essaient de perturber la sécurité d'Israël, ils vont
payer le prix. Même au-delà de nos frontières, parmi les menaces de notre Nord,
nous sommes prêts à toute épreuve et, comme nous l'avons prouvé dans le passé,
nous savons comment trouver et nuire à tous ceux qui opèrent contre nous».
L’unité Douvdevan est spécialisée pour agir au sein de la population arabe afin de localiser et d'arrêter les personnes soupçonnées de terrorisme. L’unité Egoz intervient en très petites équipes derrière les lignes ennemies, en particulier aux frontières syrienne et libanaise. L’unité Maglan est chargée d’utiliser des armes de haute technologie contre des cibles ennemies en allant profondément à l'intérieur du territoire ennemi pour rechercher les armes de haute technologie. L’unité Rimon comprend des combattants du désert qui ont acquis leur expérience sur le terrain de la bande de Gaza et qui connaissent le combat urbain en milieu civil.
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