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jeudi 4 juin 2015

NETANYAHOU OBAMA : LA FRACTURE Par Gérard AKOUN



NETANYAHOU OBAMA : LA FRACTURE

Par Gérard AKOUN


Le mois dernier, Barack Obama, dans un entretien publié par le mensuel The Atlantic avait précisé sa politique et sa relation personnelle avec Israël. Il avait insisté sur son attachement  profond  à  l’État d’Israël et à sa sécurité. Le premier Président noir américain a déclaré : «Il y a un lien  direct entre le soutien accordé au droit du peuple juif à disposer d’une patrie qui garantit sa sécurité et la fin de ses persécutions, et le droit qu’ont acquis  les Africains Américains  à l’égalité civile ;  dans ma tête, ces deux combats sont liés».




Ces phrases qui constituent, pourrait on dire, une profession de foi, n’empêchent pas  Barack Obama d’exprimer dans cet entretien sa méfiance à l’égard de Benyamin Netanyahou et ses désaccords avec la politique menée par le Premier Ministre israélien. Elles peuvent au contraire les expliquer, les justifier dans la mesure où la coopération militaire entre les États-Unis et Israël reste toujours aussi forte.
Mardi dernier, la seconde chaine de télévision israélienne a diffusé une interview de Barack Obama  accordée à la journaliste Ilana Dayan dans laquelle, il  reprenait des points qu’il avait développés  dans The Atlantic. Il exposait, cette fois directement aux Israéliens, ses divergences avec Benyamin Netanyahou, tant sur les négociations avec l’Iran, que sur  la résolution du conflit israélo-palestinien. Sur l’Iran, Barack  Obama a pris le contre-pied de Benyamin Netanyahou en affirmant : «qu’une attaque aérienne américaine ne pourrait ralentir que temporairement le programme nucléaire iranien mais ne pourrait l’éliminer,  j’ai la capacité, a-t-il ajouté, je le crois, que le meilleur  moyen d’empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire est un accord implacable et vérifiable».
Nous avons fait un accord qui nous permettra de voir quand l'Iran commencera à construire une arme nucléaire

Le Premier Ministre israélien, quant à lui, persiste à dire, que l’accord que veut signer Obama ouvre la voie  à l’obtention de l’arme nucléaire par l’Iran, que ce pays se joue  des États-Unis et de l’Occident, qu’il arrivera à se doter de bombes qu’il lancera sur Israël, que l’Iran est plus dangereux que Daesh. Il faut reconnaître que les discours menaçants  des dirigeants iraniens ne sont pas faits pour rassurer les Israéliens. Le Premier Ministre  peut bien répéter qu’Israël  est le seul garant de sa propre sécurité, que peut faire Tsahal ? Bombarder l’Iran  alors que les Américains, et ils ne sont pas les seuls, considèrent que le remède serait pire que le mal ? Netanyahou, en exigeant le tout ou rien dans la négociation avec l’Iran, s’est enfermé dans la position du spectateur impuissant : il n’a pu en aucune manière influencer le cours de cette négociation. Son dernier espoir, que les «durs» du régime iranien la fassent échouer.

Sur la résolution du conflit israélo-palestinien, le fossé s’élargit entre les États-Unis et Israël, même si Barack Obama reconnaît que «les Palestiniens ne sont pas toujours les partenaires les plus faciles» et que «nombre de familles juives puissent être effrayées» au regard de la situation actuelle au Moyen-Orient et soutiennent le statu quo.  «Mais le danger, a-t-il affirmé est  qu’Israël perde sa crédibilité. D’ores et déjà la communauté internationale ne croit pas qu’Israël soit sérieux à propos de la solution de deux États, le Premier ministre présente tellement de mises en garde et conditions qu’il n’est pas réaliste de penser que ces conditions soient remplies dans un proche avenir.» 
Bar Ilan 2009

Il est évident qu’il n’est pas possible de faire  successivement des déclarations aussi  contradictoires que celles qu’a pu faire  Benyamin Netanyahou, au sujet de la création des deux États et rester crédible : être pour, avant les élections (discours de Bar Ilan) contre, pendant la campagne électorale, ce qui lui a permis de gagner ces élections, puis à nouveau pour.  Comment ne pas être sceptique comme l’est le président américain : «il est difficile de prendre au sérieux des déclarations faites après les élections qui apparaissent comme, simplement, un effort pour retourner au statu quo précédent où l’on parlait de paix en restant abstrait». J’ajouterai, quand on est à la tête d’une coalition composée en majorité d’opposants à cette solution, de partisans des constructions dans les implantations.
Délégués israéliens et palestiniens


L’Autorité palestinienne  l’a compris qui refuse de retourner à la table des négociations sans de sérieuses garanties ; elle a rejeté la violence à laquelle elle a substitué des campagnes de déligitimation d’Israël dans les institutions internationales, la FIFA en est le dernier exemple. Elle soutient les actions menées par Boycott, Désinvestissements, Sanctions qui touchent maintenant de nombreux secteurs, en particulier les universités, la recherche scientifique aux États-Unis, en Angleterre, en France et dans d’autres pays européens. Les chercheurs israéliens se sont plaints  des difficultés qu’ils subissent, leurs travaux ne sont pas publiés, des conférenciers refusent de venir en Israël, les chercheurs israéliens ne sont plus invités, ils sont mis à l’index. 
L’image d’Israël se dégrade et il va être de plus en plus difficile aux États-Unis d’imposer leur veto aux résolutions condamnant Israël à l’ONU à fortiori  quand ces résolutions sont présentées par des Européens. Barack Obama l’a aussi affirmé au cours de son interview. Il n’est pas impossible, dans ces conditions, que le projet de résolution patronné par la France et qui prévoit une relance des négociations israélo-palestiniennes, en fixant un calendrier pour aboutir, soit adopté. C’est loin d’être  la meilleure solution pour Israël mais le statu quo dans le contexte actuel du Moyen-Orient n’est plus possible. Il faut souhaiter que le gouvernement israélien l’ait compris.

4 commentaires:

Daniel GAL a dit…

a propos de l'article de monsieur akoun la rupture je voudrais aujourd'hui partager avec vous mon émotion a une cérémonie tenue ce même jour avec les récipiendaires du titre honoris causa de cette prestigieuse institution
je voudrais rapporter un extrait des propos du professeur Jacques Dreze, éminent économiste belge, un des plus prestigieux économistes de notre temps. Il nous a confie qu'il venait souvent assister en Israël a des conférences dans son domaine,qu'il avait des rapports très étroits et importants avec l'université Hébraïque. Il est d'autant plus flatte et honore par ce doctorat car ses collègues israéliens savent qu'il est souvent critique envers certains aspects de la politique d'Israel mais a t il ajoute être critique sur la politique ne veut pas dire boycotter et participer a une campagne contre les universités israéliennes .Il s'opposera toujours et avec énergie a t il ajoute aux universités étrangères et autres organisations qui voudraient un boycott contre Israel

bakoun a dit…

heureusement que tous ne boycottent pas et qu'Israël a encore des amis dans les milieux universitaires
quand j'ai écrit ma chronique j'ignorai l'ignoble déclaration du sieur Richard

Bernard ALLOUCHE a dit…

Mais tous les hommes politiques jouent le même jeux. Les promesses électorales n'ont rien à voir avec les actes appliqués un fois au pouvoir et tous les votants se laissent malheureusement bernés. Alors ne jouez pas les effarouchés en découvrant ce petit manège. Vous qui êtes journaliste avait dû suivre dans votre carrière ce jeu de yoyo et je ne vous ferais pas l'affront de vous rappeler les noms des hommes politiques de gauche comme de droite qui ont, avec finesse, trompé leur électorat.
Notre premier ministre sait qu'un accord solide est la meilleure solution à une guerre dévastatrice. Là aussi vous paraissez surpris de son attitude mais celle ci a certainement permis une implication non négligeable du congrès sur ce dossier Iranien.
Il aurait été louable de votre part d'en parler aussi, nous aurions ainsi eu le plaisir de lire un article moins orienté.
Quant au boycott étranger avec ou sans Netanyahou nous aurions connu ces mêmes problèmes, avec un simple répit si la gauche était passée au pouvoir.
Le seul but de ces mouvements n'étant pas de délégitimer le gouvernement Israélien mais bien l'état d'Israël.
Cordialement

Herve23 a dit…

Mr Akoun, une immense majorité épouse les vues de B. Allouche à ce sujet.

Mr Netanyahou joue la montre. Lorsque Daesh sera entré en Jordanie, la Palestine aura un autre tracé: plus à l'est du Jourdain .. Mais bien plus réduit en taille !

Le soutien "international" n'existe pas ! Israel sera face à son destin (avec des appuis occasionnels et temporaires : Canada, Inde, USA , ...). Le peuple Juif sera le seul greffon -sans rejet- sur lequel Israël pourra puiser son soutien éternel.