KOL-ISRAEL : MORTS IRANIENS À
QUNEITRA
Jacques BENILLOUCHE
Au micro de
Annie GABBAI
Israéliens au Golan |
Israël a toujours maintenu une position neutre à l’égard du conflit syrien estimant qu’il s’agissait d’un conflit interne. La Syrie de son côté a toujours respecté le cessez-le-feu puisqu’aucun coup de feu n’a été tiré depuis 1973 à travers la frontière. Mais cela ne veut pas dire qu’Israël ne surveille pas de près tout ce qui s’y passe. C’est un secret de polichinelle de d’avancer que des commandos israéliens opèrent sur place pour surveiller de près la zone des combats sans y participer. Il s’agit de noter les mouvements de troupes mais surtout les transferts d’armement sensibles (fusées, armes chimiques) qui pourraient parvenir au Hezbollah. D’ailleurs en décembre dernier l’aviation israélienne avait frappé des entrepôts d’armes proches de Damas lorsque le danger a été avéré.
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Israël suit avec attention toute
évolution qui peut modifier l'équilibre dans la région. L’État-major avait été
sensibilisé par le chef des renseignements militaires, Aviv Kohavi, ce qui a d’ailleurs
entraîné une réorganisation de Tsahal à la frontière avec le Liban. C’est Aviv
Kohavi qui a pris la direction du front nord confirmant l’inquiétude de Tsahal
face à un réchauffement du front nord. Il avait déclaré que «L’année
prochaine, Israël fera face à une situation régionale plus instable que dans le
passé» et il ne s’est pas trompé.
Général Aviv Kohavi |
Depuis quelques temps les
Iraniens sont très actifs au Golan soit en infiltrant leurs propres troupes,
soit à travers les milices du Hezbollah. Israël se méfie de la proximité de
forces ennemies à ses frontières. On peut se poser la question : que fait
l’Iran en Syrie et plus particulièrement au Golan. On sait avec certitude que
l’Iran l’espionne Israël via des stations de renseignement électromagnétique
dans le nord de la Syrie et le plateau du Golan, en coopération avec le
Hezbollah.
Israël a dû constater que le
danger se rapprochait de ses frontières pour marquer le coup et lancer un
avertissement aux troupes étrangères qui se déplacent au Golan. Ainsi un
général iranien et des cadres du Hezbollah ont été tués lors d’un raid en Syrie
attribué à Israël. Il y a quelques jours, Hassan Nasrallah avait menacé Israël.
C’est une sorte de réponse concrète qui lui a été adressée. Le gouvernement
israélien s’oppose à tout transfert d’armes iraniennes vers le Hezbollah et
s’oblige à riposter quand les positions de Tsahal sur le plateau du Golan
essuient des tirs d’origine souvent indéterminée, c’est à dire qu’ils
proviennent soit des rebelles syriens (et en particulier du front al-Nosra, lié
à al-Qaïda), soit des forces alliées du régime syrien.
Imad Moughnié |
Cela étant, le nouveau raid
aérien dans la province syrienne de Quneitra, proche du plateau du Golan, a été
sans doute une réponse aux menaces proférées par le Hezbollah qui a subi de
lourdes pertes. La milice chiite a en effet annoncé la mort de plusieurs de ses
membres au cours de cette frappe, dont Jihad Moughnié, le fils d’Imad Moughnié,
son ancien chef militaire, tué à Damas en 2008 par l’explosion d’une voiture piégée.
Le raid a également tué, en plus des six membres du Hezbollah, six militaires
iraniens. L'Iran a confirmé la mort d'un général des Gardiens de la Révolution,
l'armée d'élite du régime, le général Mohammad Ali Allahdadi, abattus selon eux
par des hélicoptères israéliens. Ce général se trouvait en Syrie pour conseiller
et pour aider le gouvernement syrien et le Hezbollah.
Général Allahdadi |
Allahdadi était l’adjoint de Qasem
Soleimani, le commandant de la Garde révolutionnaire Al-Qods, une cellule
responsable de l'activité à l’extérieur de l'Iran. Il était en charge de
l'activité de l'organisation en Syrie et au Liban. Il faisait donc partie du
convoi qui a été attaqué hier. Un autre cadre du Hezbollah, le commandant
Mohammad Issa, alias Abou Issa, a également été tué avec 6 gardiens de la
révolution.
Israël a estimé que des troupes
dangereuses s’étaient trop rapprochées de la ligne de séparation entre la
partie syrienne du Golan et Israël. Ces éléments terroristes préparaient des
attaques contre l’État hébreu. Reste maintenant
à savoir quelles seront les conséquences de cette attaque. Le Hezbollah risque
en effet de répliquer, mais pas à travers le Golan où sa marge de manœuvre est
étroite mais à travers la frontière qui sépare le Liban d’Israël, où d’ailleurs
la FINUL avec 900 soldats français veille.
Israël craint que le front Nord
s'embrase mais il veut éviter que des troubles à la frontière ravivent les
tensions autour du Golan israélien. Il
veut s’opposer à la propagation de la guerre qui oppose le président Bachar
al-Assad aux rebelles sunnites. Sachant
que le plateau du Golan est devenu le point de rencontre des antagonismes
régionaux avec Israéliens, miliciens chiites du Hezbollah libanais, rebelles
syriens et forces armées de Bachar al-Assad, Israël veut éviter que le Golan ne devienne
une poudrière.
En effet, des rebelles au régime
de Bachar al-Assad se replient dans le Golan pour échapper aux forces armées
syriennes. De son côté le Hezbollah combat aujourd’hui sur deux fronts. En
Syrie, où il a envoyé plusieurs milliers de ses hommes ; et sur le front
intérieur libanais, où il doit faire face à des djihadistes qui commettent des
attentats terroristes contre ses miliciens. Donc, lancer un troisième front
serait donc totalement suicidaire pour le Hezbollah.
Par ailleurs, Israël n’est pas
en ce moment la préoccupation première de Bachar al-Assad, qui doit déjà gérer
une rébellion intérieure. Son intérêt n’est vraiment pas de faire monter la
tension avec Israël, du moins pas à un niveau d’ampleur très élevé. D’ailleurs,
la Syrie ne réplique jamais aux actions militaires des Israéliens, pour la
simple et bonne raison qu’elle n’en a pas les moyens et que les actions
limitées évitent de s’en prendre à son armée.
Les Israéliens ne veulent pas
non plus aller trop loin avec la Syrie, car cela donnerait finalement du grain
à moudre au régime de Bachar al-Assad. Mais Israël a récemment fait savoir,
qu’en cas d’escalade, l’armée ne se limiterait pas à des raids aériens, qu’elle
utiliserait toutes ses capacités, y compris maritimes et terrestre. Pour le moment les Israéliens observent que la
situation du Hezbollah est momentanément fragilisée. Il a ainsi perdu plus de
2.000 hommes sur le front syrien sur un nombre total de 20 000. Mais il ne
faut pas négliger le fait que le Hezbollah est très fort. Avec ses hommes il a
déjà réussi à porter un coup décisif à la rébellion à Bachar al-Assad. L’armement du Hezbollah s’est en effet accru,
avec de plus en plus de missiles de haute technologie. C’est une force
militaire redoutable qu’il ne faut pas négliger.
Hezbollah en Syrie |
Mais Israël a certainement voulu transmettre, avec ces frappes, un
message aux Américains qui semblent privilégier la conciliation sur le dossier
du nucléaire iranien. C’est une façon de leur dire de ne pas faire trop de
concessions, car Israël possède les moyens de faire monter la tension dans la
région et qu’il maintient une stratégie personnelle conforme à ses intérêts
sécuritaires. Ce qui cependant certain, c’est que toutes les questions
régionales s’imbriquent. Celle des Palestiniens, du Golan avec la Syrie, et du
nucléaire iranien. Israël n’hésitera jamais à frapper les Iraniens chaque fois
que l’occasion se présente.
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