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mercredi 11 juin 2014

PALESTINE : RÊVERIES D’UN NAÏF SOLITAIRE


PALESTINE : RÊVERIES D’UN NAÏF SOLITAIRE

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps



Dani Dayan

      Dani Dayan, ancien président du Conseil Yesha des communautés juives de Cisjordanie, est un personnage clé dans le mouvement de colonisation, en grande partie religieuse. Le paradoxe est qu’il est laïc. Il s'oppose à la solution à deux États et il estime que le maintien de la Cisjordanie dans le giron d’Israël est dans l'intérêt du pays. Il vit actuellement dans l’implantation de Ma'ale Shomron dans les territoires.



Plan pour la Cisjordanie



Il vient de publier un plan pour résoudre à sa manière le conflit israélo-palestinien. Ce plan a l’intérêt d’exister quand on sait que le gouvernement israélien a toujours été critiqué pour ne pas écrire, noir sur blanc, le programme qu’il compte mettre en œuvre. Le projet de Dani Dayan est marqué par la même absence de courage qui a caractérisé les gouvernements de droite et de gauche jusqu’alors car il n’envisage pas l’annexion pure et simple des territoires. Il craint en effet que cela ne constitue un casus belli pour les Occidentaux et pour les pays arabes qui entretiennent des relations avec Israël. Mais son projet prône en fait une annexion déguisée qui ne dit pas son nom.
Son plan très détaillé et bien ordonné se distingue par son côté irréaliste bien que pavé de bonnes intentions. Les principes du plan comportent huit sections :
1/ Liberté de mouvement des palestiniens et suppression de la barrière de séparation
2/ Liberté de l'emploi pour tous les Palestiniens
3/ Augmentation du revenu par habitant palestinien
4/ Démilitarisation de l'administration civile
5/ Application des normes juridiques égales des deux côtés de la Ligne verte
6/ Renforcement de la gouvernance de l'AP
7/ Hébron en tant que symbole
8/ Réhabilitation des camps de réfugiés

Solutions irréalistes tardives
Dhimmi

            Dani Dayan feint d’ignorer que ces solutions viennent trop tard, après que les Palestiniens se soient faits à l’idée de leur propre État pour gérer leurs populations à leur guise.  Il propose en fait aux Arabes une situation de Dhimmis, inversée car le juif devient le maître, à l’instar de celle qu’ont connue les populations juives dans les pays arabes, c’est-à-dire une situation de citoyens de deuxième zone. S’ils n’ont pas leur État, les Palestiniens persisteront dans leur agressivité et leur jeunesse continuera à se rebeller, faisant de la suppression de la barrière de sécurité une hérésie que peu de responsables sécuritaires pourraient cautionner.
Clôture de sécurité

            Les Juifs qui ont décidé de vivre leur sionisme en Israël s’attendent à un État juif à la fois par ses principes, sa culture, sa religion que par ses habitants. Or ce melting-pot voulu par Dani Dayan enlèvera sa spécificité à un pays conçu dès l’origine pour n’accueillir que des Juifs. Si l’État n’est plus celui des Juifs uniquement, alors nos jeunes estimeront qu’ils n’ont plus rien à y faire et qu’il leur sera préférable d’aller vivre à New-York, ville juive et cosmopolite par excellence.
            Démilitariser l’administration c’est ouvrir aux jeunes terroristes des perspectives quant à leur action violente qui sera accrue par une liberté totale de circulation. Nous reviendrons alors à la situation qui prévalait pendant les Intifada. On ne donnera alors pas cher de nos centres commerciaux et de nos écoles qui seront sous le feu d’illuminés. Il est quand même étonnant que les nationalistes juifs craignent de vivre aux côtés d’un État indépendant et qu’ils se sentent à l’aise et en sécurité lorsqu’ils seront entourés de Palestiniens à l’intérieur de Tel-Aviv ou  de Jérusalem. 
          On peut ne pas vouloir de mal aux Palestiniens sans pour autant accepter de cohabiter avec eux. Nous n’avons pas la même mentalité ni la même conception de la vie moderne. Il ne s’agit pas de racisme comme tendent à accuser les tenants d’un État binational mais d’une réalité à laquelle est difficile d'échapper après plus de soixante années de conflits. Cela ne pourra s’envisager à la rigueur qu’après une ou deux générations de paix au même titre que le temps qui s’est écoulé pour que les Français reprennent vie commune avec les Allemands.

Paternalisme désuet


Camp de réfugiés de la Plage à Gaza

            Dani Dayan propose que le gouvernement israélien se charge de problèmes spécifiquement arabes dans le cadre d’un paternalisme désuet. En effet, le gouvernement n’a pas vocation à s’occuper à réhabiliter les camps de réfugiés ni à les financer. Cela reste de la responsabilité de tous les pays arabes qui ont attaqué Israël en 1947 et qui ont favorisé le départ de ceux qui vivaient sous mandat britannique.
Le projet envisage par ailleurs une liberté de l’emploi pour les Arabes des territoires. Or cela coulera de source sans nécessité de légiférer en cas de création d’un État palestinien. Il suffira d’ouvrir les frontières à tous les ouvriers arabes étrangers, candidats au travail en Israël dans le cadre d’accords bilatéraux. Ils seront alors obligés de réintégrer leur pays au moins le week-end pour éviter de créer des quartiers de non-droit où la prostitution et la drogue deviennent le lot des miséreux à la recherche d’une subsistance. Cela diminuera d’autant le nombre de clandestins et de ressortissants de certains pays de l’Est, générateurs de troubles.
Ouvriers palestiniens à un chekpoint

Si les frontières restent ouvertes, alors Gaza et la Cisjordanie pourront exporter leurs marchandises dans le cadre d’accords et d’échanges économiques entre pays pacifiques. Les Palestiniens ont goûté au luxe et à la belle vie et ils n’auront de cesse que d’améliorer leur quotidien dès lors où ils seront maitres de leur avenir.
Toutes les solutions proposées par Dani Dayan, qui tendent à retarder la création d’un État Palestinien et qui contournent le principe même d’une annexion pure et simple, ne sont pas viables et ne sont vues que par le petit bout de la lorgnette de nationalistes qui veulent tout et qui ne veulent rien donner. Mais les rêveries d’un naïf solitaire ne font pas de mal et ne servent qu’à dédouaner ceux qui sentent qu’il faut agir à moins qu’il ne s’agisse d’un ballon d’essai transmis de manière stérile dans le camp adverse pour mesurer sa réaction.


3 commentaires:

Saulnier a dit…

Vous oubliez les Trois NON de Khartoum

Tom a dit…

Dani Dayan, ancien président du Conseil Yesha des communautés juives de Cisjordanie, propose une belle solution, non concertée, tout seul dans son coin.
c'est le reste de la pensée du "Grand Israël", qui revient sur le devant de la scène.
vu le taux de pauvreté de certains habitants israéliens, ce monsieur propose de financer et de rénover tous les camps palestiniens.
A-t-il bien regardé son pays avant de dire de si grosses bêtises?

M.M a dit…

Un peu tôt pour rêver de père Noel, non?