SALE TEMPS POUR LE HEZBOLLAH AU LIBAN
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Les motivations de l’implication
profonde des militants du Hezbollah dans la guerre de Syrie restent une
inconnue. A priori rien ne prédestinait le mouvement islamiste chiite libanais à
trouver des liens de parenté idéologique avec le mouvement alaouite du
président Bachar Al-Assad. Et pourtant Hassan Nasrallah s’est paré de l’uniforme de chargé de
mission au Moyen-Orient pour s’impliquer dans une stratégie régionale.
Anticiper
l’action d’extrémistes
Au sein même de
la milice, le débat a été ouvert mais l’explication du secrétaire général a
convaincu les élites du Hezbollah. Il estime que plutôt que d’attendre les
extrémistes islamistes venir le combattre aux portes du Liban, il avait été
décidé de choisir le moment et le lieu de cette confrontation. Mais les
objectifs militaires à atteindre ne sont pas très clairs et le retour des
combattants au Liban risque d’être problématique.
L’implication du Hezbollah en
Syrie reste encore une source d’inquiétude pour la base populaire car aucune
explication n’a été donnée par son chef Nasrallah. La base risque de mal
interpréter le coût humain versé qui se chiffre à plusieurs centaines de morts tandis
que l’alibi de la défense du sanctuaire chiite de Sayyida Zaynab semble être
une explication insuffisante pour justifier la mort de jeunes au combat.
Les miliciens
étaient jusqu’alors concentrés sur le combat contre Israël, qui était une cause facile
à expliquer et qui rehaussait le prestige de combattants face à Tsahal. Derrière les défaites
militaires, ils avaient de quoi s’enorgueillir des quelques victoires limitées
contre des objectifs militaires israéliens.
Or cette aventure syrienne déroute la base sociale du Hezbollah qui n’y
voit aucun intérêt et qui craint que la défense de Bachar Al-Assad n’exige une
présence en Syrie de plusieurs années, plombant ainsi le combat aux côtés du peuple
palestinien. Le Hezbollah est conscient qu’il n’a pas les moyens d’agir sur
deux fronts simultanés, celui des opérations contre Israël et celui de la logistique des approvisionnements
en armes du corps expéditionnaire.
Stratégie
globale d’alliance
Bogdanov et Nasrallah |
En fait la véritable
motivation de l’implication du Hezbollah en Syrie s’explique par une stratégie
globale d’alliance avec la Syrie, la Russie, l’Iran et l’Irak. La milice prend
alors une stature régionale, qui augmente ses capacités défensives et qui
accroit sa crédibilité auprès des pays arabes. Cette hypothèse est étayée par la visite du
vice-ministre russe des affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, à Téhéran puis au
Liban avec la certitude qu’il venait coordonner la participation du Hezbollah
aux côtés de Bachar Al-Assad. Il a alors expliqué qu’il venait jeter les bases
d'un rôle de la Russie nouvelle et active au Liban et dans la région en
précisant que les Russes ne sont pas des invités transitoires au Liban. Il a
pour ainsi dire cautionné l’action de Nasrallah en précisant que l’Iran, qui
tire les ficelles en Syrie par Hezbollah interposé, faisait maintenant partie
de l'équilibre régional des forces.
Mais si le Hezbollah,
grâce à son leader, se retrouve rehaussé au rang d’interlocuteur
international, les miliciens en revanche n’ont pas d’objectifs militaires
précis au bout desquels leur retour au Liban pourrait être planifié. Ils dépendent
totalement des décisions syriennes et russes de lever leur camp en Syrie. Ils
attendent que leur leader apparaisse sur les écrans de télévision pour avoir
les réponses aux questions qu’ils se
posent sur l'avenir de la milice en Syrie.
Loin
du théâtre libanais
Mikati embrasse Nasrallah |
Mais certaines
élites du Hezbollah jugent que la guerre en Syrie a éloigné leur mouvement du
théâtre libanais. Il était fortement impliqué dans le gouvernement de Najib
Mikati constitué en juin 2011 alors qu'avec l'allié chrétien Michel Aoun, ils dominaient
le gouvernement libanais. C’était le temps où aucun gouvernement ne pouvait
être constitué sans la participation du Hezbollah et où toutes les tentatives
pour le faire sortir de l'équation politique étaient vouées à l'échec.
Le Hezbollah
avait pourtant négocié un tournant. Longtemps cantonné dans l’opposition avant
de participer avec une minorité de blocage au gouvernement, le Hezbollah avait
presque réussi un «coup d’État» grâce à une habile manœuvre politique.
En soutenant un autre sunnite, Najib Mikati, pour diriger un nouveau
gouvernement, le Parti de Dieu, créé en 1982 par des religieux inspirés par
l’ayatollah Khomeiny, avait accentué son emprise sur le Pays du Cèdre. Son
habileté a été de le faire dans les règles démocratiques et constitutionnelles
libanaises.
Mais
aujourd’hui les dirigeants libanais se rebiffent et ils n’hésitent plus à
fustiger l’existence même de la milice en tant qu’entité indépendante de
l’armée dont l’implication en Syrie risque d’entrainer la guerre au Liban.
Le
président libanais, Michel Sleimane a demandé au Hezbollah de prendre ses
distances avec le conflit syrien : «J'ai dit que protéger le Hezbollah
était quelque chose qui m'est cher, mais je veux aussi les protéger contre
eux-mêmes. Le Liban prône officiellement une politique de neutralité face au
conflit en Syrie, mais celle-ci est mise à mal en raison de la profonde
division du pays entre partisans et adversaires du régime de Damas».
Perte
d’aura
De plus en plus
de voix s’élèvent au Liban contre les milices du Hezbollah. Des jeunes Libanais
se sont rassemblés, 12 mai 2013, devant la Chambre de commerce et d’industrie
de Tripoli, pour protester contre la visite d’une délégation commerciale
iranienne, présidée par l’ambassadeur d’Iran, Ghadanfar Rokon Abadi. Les manifestants, qui ont voulu dénoncer le
soutien iranien au régime syrien, l’ont fait savoir en brûlant le drapeau du
Hezbollah devant la Chambre. Clamant qu’ «ils ne cèderont pas aux chiens de
Hassan Nasrallah». Il est loin le temps où aucune critique ne pouvait être
prononcée en public.
Le Hezbollah a
perdu pied au Liban alors qu’en septembre 2011, 61% des Libanais étaient en faveur du maintien
de l’armement du Hezbollah. Les temps ont changé. Le chef du Courant du Futur,
Saad Hariri, a accusé le Hezbollah de placer le Liban devant un tournant dangereux
et de servir le projet stratégique de l’Iran au Levant afin de dessiner de
nouvelles cartes au Liban, en Syrie, en Jordanie et en Irak : «Le
Hezbollah n’est plus apte à défendre le Liban ni les Chiites, mais à défendre
Assad et les intérêts de l’Iran ainsi que son programme nucléaire. Le Hezbollah
est une menace existentielle pour le Liban».
Convoi attaqué à Zahlé |
Le Hezbollah a
perdu de son aura puisque certaines forces libanaises n’hésitent plus à le contrer
ouvertement, avec violence même. Ainsi deux charges explosives ont visé, le 28
juin 2013, à Zahlé dans la plaine de la Békaa, un «convoi sécuritaire» du
Hezbollah composé de quatre véhicules tout terrain sur la route internationale
reliant Baalbeck à Chtaura. Il est critiqué parce qu’il participe à un conflit
en Syrie qui, selon le secrétaire de l’ONU Ban Ki-Moon, «continue de peser gravement sur la sécurité et la
stabilité du Liban, et cela de manière plus apparente. Les tensions, l’incertitude
politique et les préoccupations humanitaires sont de plus en plus étroitement
liées»
Le Hezbollah
génère une violence inacceptable dans certaines régions du Liban, notamment à
Tripoli. Les Libanais acceptent mal le fait que des miliciens, échappant au
contrôle de l’État, détiennent des armes et menacent la souveraineté et la
stabilité du Liban. Ils appellent aussi au désarmement des groupes non libanais
et au démantèlement des bases militaires du FPLP-commandement
général.
Bref, sale temps pour le Hezbollah au Liban.
Bref, sale temps pour le Hezbollah au Liban.
2 commentaires:
i am meslum but i hate hizbolah
(Je suis musulman mais je hais le Hezbollah)
Il ne faudrait pas sous-estimer la capacité au mal des Hezbollah et Hamas; c'est leurs seules raisons d'exister
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