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samedi 15 juin 2013

ISLAMOPHOBIE : LES MOTS AUSSI ONT UNE HISTOIRE



ISLAMOPHOBIE : LES MOTS AUSSI ONT UNE HISTOIRE

Par Dr Richard ROSSIN

Khomeiny

Le terme d’islamophobie naît en Iran sous Khomeiny pour fustiger les femmes qui se refusent au port du voile. Il signifie, au-delà de la religion, le refus par les femmes de suivre des coutumes : le voile n’est pas dans le Coran mais prôné par les théocrates. Le mot nouveau affirme une phobie de la laïcité. Il fait du rejet des règles une phobie, c’est-à-dire un des maux mentaux, à l’instar autrefois de l’URSS…



La peur


Le fait que le voile ne soit pas une obligation de l’islam, mais une simple coutume, témoigne bien du cynisme des concepteurs du mot. À y regarder de plus près, l’acceptation imposée du terme est une déviation : phobie signifie «peur». En quoi une peur de l’islam serait-elle une agression ? Bien sûr, il se peut que les réactions à la peur soient violentes mais, craindre n’est pas haïr ! Et plus même : la haine aveugle alors que la crainte met en éveil. Pourtant ce n’est pas ce que soulignent les utilisateurs du mot arraché à son sens et utilisé à tout propos. L’appauvrissement de la langue est une arme de combat pernicieuse et efficace. La langue souffre en silence.
Le Coran


À tout démocrate ne devrait pas paraître illégitime la crainte d’une règle qui s’oppose fermement à toute liberté, toute opinion contraire à une loi antique laissée à l’appréciation d’oulémas, une règle qui impose l’irruption du religieux dans le politique, la certitude du caractère incréé du Coran et l’inégalité entre les êtres humains selon leurs convictions religieuses ou leur sexe. Ces règles mettent en danger la démocratie. Pourtant… L’accusation d’islamophobie est habituellement amenée par la question «avez-vous lu le Coran ?» lancée par des interlocuteurs qui ne l’ont eux-mêmes pas lu mais ont la certitude qu’il s’agit d’un texte de tolérance et d’amour. Une pensée néocolonialiste qui fait accroire à son porteur que ses héros partagent et sa langue et sa vision du monde. S’il y a, bien sûr, des passages d’amour, comme dans tous les textes religieux, il y en a de violence et d’exclusion. Ces accusateurs d’islamophobie seraient abasourdis s’ils l’avaient lu. Mais il faudrait d’abord qu’ils s’avouent à eux même n’avoir pas lu.


La burqua



Sur la coutume du voile il n’est pas anodin d’en rappeler l’origine sumérienne : les prostituées se couvraient d’un voile intégral, une burqa, tel que rapporté dans l’extraordinaire histoire de Tamar trompant son beau-père… c’est dire comment sont perçues les femmes dans les pays burquaïques ! Les défenseurs de la liberté, de l’égalité de droits et devoirs des citoyens, de la fraternité, de la sexualité libérée ne sont-ils pas en plein fourvoiement ?

Par ses actions et par l’invention de ce mot, l’islamisme radical a rendu tout «vivre ensemble» impossible. Il a aussi pris l’islam en otage imposant lui-même une deuxième séparation qualitative entre les êtres : il représente les bons et vrais musulmans. L’islamisme supplante l’islam. Les autres musulmans en sont les premières victimes et elles se comptent par dizaines de milliers tous les ans. C’est cela que défendent les borgnes à la langue acérée. Ils sont des soutiens d’assassins.

Être islamophobe, par la crainte que ces dérives de fondamentalistes haineux inspirent, ce n’est pas détester les musulmans c’est les défendre. Leitmotiv : la haine aveugle mais la crainte met en éveil, les fondamentalistes ont la haine aveugle de tous ceux qui ne sont pas eux, qui ne pensent pas comme eux, qu’ils soient chiites, sunnites, soufis… mécréants.
Mais cela n’est pas nouveau. Quand les wahhabites sunnites détruisirent Karbala la chiite en 1801, ils massacrèrent la population, quand ils prirent La Mecque et Médine en 1806 ils firent déterrer les compagnons de leur prophète et arrachèrent le dôme vert de son mausolée… Tombouctou 2012 était inscrit.



Totalitarisme




Totalitarisme, c’est le mot qui convient, celui qui dit au plus proche dans notre culture ce que cachent les semeurs du mot jusque dans les instances internationales et clament que les droits du musulman sont différents des droits des autres hommes. Cela provoque forcément une islamophobie, elle est le dernier rempart contre la haine distillée par les islamistes surgis du cœur de l’islam et dans le silence de ses penseurs et autorités.

Ici, certains se croyant bien-pensants, au nom d’une égalité mal digérée, utilisent de façon erronée un mot dont ils n’ont saisi ni le sens ni les conséquences. Du coup ils abandonnent tous les démocrates en combat dans l’espace musulman majoritaire comme au Soudan, en Syrie, au Mali et ailleurs. Espérons que leur orgueil ne les enfermera pas dans leur erreur.

6 commentaires:

Marianne ARNAUD a dit…


@ Dr Richard Rossin

Vous avez mis le doigt sur des "mots qui tuent" : islamophobie, terrorisme, mais j'ai bien peur que vous ne soyez en retard d'une guerre.
Peut-être l'ignorez-vous encore, mais notre ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, vient de commettre un livre qu'il n'a pas hésité à intituler : "La Révolution française n'est pas terminée."
Monsieur Peillon y affirme qu'"on ne pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion catholique. comme on ne peut pas non plus acclimater le protestantisme en France comme on l'a fait dans d'autres démocraties, il faut inventer une religion républicaine... c'est la laïcité."
Bizarrement il ne fait pas allusion à l'islam pour qui pourtant cette "laïcité" dont on ne définit pas les contours pourrait bien être une porte d'entrée au pouvoir islamique.
Et d'ailleurs n'est-ce pas déjà au nom des droits de l'Homme et des valeurs républicaines que certains islamistes ont déjà demandé et obtenu : salles de prière, port de la burqa pour les femmes, ramadan forcé pour les jeunes maghrébins, etc.
Impossible que monsieur Peillon l'ignore. Il le sait, mais comme toute la gauche, il pense sans doute devoir faire alliance avec ces citoyens -là, comme on a pu le voir lors des dernières présidentielles, où on a même vu se développer sournoisement un anti-sémitisme assumé, rebaptisé anti-sionisme.

Très cordialement.

Guy Sitbon a dit…

Islamophobie nous vient-il du persan? Richard Rossin le soutient avec tant de grâce qu'on n'en débattra pas. On serait tenté pourtant de laisser les controverses théologiques boudhistes aux boudhistes et les islamistes aux musulmans. Ils ont développé des courants de pensée qui passeraient en France pour de l'islamophobie virulente (Lire Hamadi Ridissi aux Seuil). Qu'ils règlent leurs affaires bondieusardes entre eux.
Merci pour ce beau texte.

Richard ROSSIN a dit…

à Guy Sitbon

je fais remarquer que je n’ai pas écrit que le mot vient du persan à moins de lire avec une terrible mauvaise foi (sic). Merci en tous cas pour la grâce supposée.
De fait, le terme fut utilisé dans le premier quart du XXème siècle puis laissé à l’abandon (notion intéressante) et remis au goût du jour par les ayatollah (amis de Giscard)en 1979 et dévoyé: c’est ce que je souligne.

Etre tenté de laisser ces controverses aux théologiens serait juste si elles ne débordent pas dans le domaine politique et se veulent liberticides. C’est un vieux débat entre Guy et moi. Est-ce à dire qu’avec élégance verbale, Guy abandonnerait le combat politique et l’égalité des sexes même en Europe ?

La lutte contre la dhimmitude et donc pour l’égalité de droit doit-elle être jetée avec la baignoire, le bébé et l’eau du bain ? Au nom de quoi ? Qui mieux que Guy Sitbon, élève de Jean Daniel, sait le pouvoir des mots et les effets de leurs perversions ? il ne s’agit pas d’affaires bondieusardes, il s’agit de l’avenir que nous voulons pour nos concitoyens... Guy avait bien dû fuir sa Tunisie natale adorée et il aurait encore plus de mal à y survivre libre aujourd’hui s’il en était un citoyen résident permanent.

Richard ROSSIN a dit…

à Marianne Arnaud,

je répondrai volontiers que d’avoir perdu quelques batailles n’est pas perdre la guerre. Que Peillon en la matière soit décevant, ce n’est pas le seul. Mais pour autant, baisser les bras et tendre le cou... La guerre pour la défense de la Liberté et la démocratie ne cesse jamais. Curieusement ceux aujourd’hui qui sont en première ligne et n’osent lever la tête sont probablement les musulmans affamés de liberté, il leur est ici demandé d’assumer leur rôle de citoyen et de refuser le suicide. Je suis d’accord pour dire qu’un des premiers stigmates de ce réveil sera la requalification de l’antisémitisme déguisé... Le déguisement est la marque de l’obscurcissement de la raison.

Unknown a dit…

Merci, Jacques,
Effectivement, il est des jeux avec les mots qui sont de jeux de vilains.
Une certaine dialectique permet de déformer le sens des mots, avec le but d'en dévoyer le sens.
Le mot islamophobie est utilisé intentionnellement à la place du mot ISLAMISTOPHOBIE. Ce voisinage de consonance permet tous les amalgames pour ceux qui ont des difficultés à saisir les nuances de notre langue.( amalgame dont profitent certains médias avides d'indignations).
Beaucoup de vrais musulmans sont des islamistophobes, mais ne le savent pas. (voir en Tunisie et Turquie). Et si vous leur dites, ils prendraient ça pour une insulte.
Si cela n'était pas atrocement dramatique, il serait amusant de dire : je suis islamistophobe et mon soutien à Hollande dans son action au Mali me rend complice d'islamisticide, mais mon profond respect pour la religion musulmane me rend hostile à tout acte musulmicide.

Cependant il est assez ardu de faire une distinction dans les mots.
On dit :
Libertophobique ou liberticide ?
Laïcophobique  ou Laïcicide ?
Christianophobique ou christianicide ?
Démocratophobique ou démocraticide ?
Arabophobique ou sémiticide ?
Sont-ce des néologismes, des contresens ou des barbarismes ?

Marianne ARNAUD a dit…

@ Dr Richard ROSSIN

Vous écrivez : "Que Peillon soit décevant... ce n'est pas le seul."

Voici ce qu'il écrivait dans La Révolution française n’est pas terminée, Le Seuil, Paris, 2008.

« La révolution française est l’irruption dans le temps de quelque chose qui n’appartient pas au temps, c’est un commencement absolu, c’est la présence et l’incarnation d’un sens, d’une régénération et d’une expiation du peuple français. 1789, l’année sans pareille, est celle de l’engendrement par un brusque saut de l’histoire d’un homme nouveau. La révolution est un événement méta-historique, c’est-à-dire un événement religieux. La révolution implique l’oubli total de ce qui précède la révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qui opère dans l’école et par l’école, cette nouvelle église avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses nouvelles tables de la loi.»
Vous dites "décevant"' et moi je dis éminemment dangereux !

Très cordialement.