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vendredi 31 mai 2013

L’IRAK EST DEVENU UN SATELLITE DE L’IRAN



L’IRAK EST DEVENU UN SATELLITE DE L’IRAN

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


Guerre Iran-Irak
Qui se souvient encore de l’Irak ? L’Irak semble être sorti des radars occidentaux. La guerre contre l’Iran, qui a fait en dix ans plus de 500.000 morts dans chaque camp, est presque oubliée. En 1980, Saddam Hussein avait cherché à s’emparer de la province riche en pétrole du Khuzestân en bénéficiant du soutien et des armes des occidentaux qui pensaient ainsi freiner la propagation des idées islamistes. 



Saddam Hussein

Oubliée aussi l’expédition américaine pour neutraliser les armes de destruction massives et pour éliminer le dictateur irakien. On pensait que la situation s’était éclaircie, que le danger était définitivement écarté et que la démocratie avait été restaurée. C’était sans compter sur le voisin iranien qui s’était préparé avant même le départ des américains.

Voir la vidéo de propagande du Hezbollah en Irak





Visée sur le sud irakien




L’Iran a organisé sa prise de contrôle du pays par Hezbollah interposé en s’appuyant sur une nouvelle élite irakienne particulièrement pro-Hezbollah. Des sources du renseignement israélien avaient dévoilé, dès 2110, que des troupes de cette milice libanaise avaient reçu pour mission de déstabiliser l’Irak. D’ailleurs une commission du Sénat américain du 8 juin 2010 avait évalué les menaces du Hezbollah et en conséquence, avait affecté 500 millions de dollars pour contrer les actions de la milice. Au lendemain même du départ des américains d'Irak, le Hezbollah et les iraniens se pavanaient à Bagdad dans un premier festival pour narguer les américains comme le démontre la vidéo qui suit.
 

Le Hezbollah agit en Irak à travers deux associations chiites iraquiennes qui lui servent de camouflage. La ligue des croyants (Asaib Al-Haq) et les brigades Kataïb Hezbollah. La ligue des croyants a été entrainée durant quatre ans dans une base iranienne des Gardiens de la Révolution par des officiers du Hezbollah. Des militants de la ligue ont ensuite été envoyés, déguisés en pèlerins chiites, dans des villes du sud de l’Irak pour s’attaquer à des cibles américaines.

En utilisant son sous-traitant islamiste bien armé par ses soins, l’Iran veut contrôler Kerbala avec les sanctuaires chiites de Najaf. Il a réussi à imposer un gouvernement irakien, à sa solde, dirigé par des chiites, afin de mieux manipuler Bagdad tout en imposant sa mainmise sur tout le pays, quitte à en accepter la partition. Il a surtout une visée affirmée sur les champs pétrolifères du sud afin de gérer l’approvisionnement mondial en pétrole et de se doter d’une nouvelle capacité de raffinage qui fait défaut en Iran.
Najaf Karbala



Des cadavres à la pelle



Mais pendant que les yeux sont tournés vers la Syrie, les morts s’amoncèlent en Irak. Drôle de paix ! On pourrait dire : tout cela pour ça ! De nombreuses vagues d’attentats, avec leur cortège de morts, ont lieu chaque semaine. Les attentats sont  commis, sans pitié, pour la plupart au moyen de voitures piégées, au moment où les irakiens se rendent sur leur lieu de travail. Tout le pays est touché par cette violence : le quartier central de Karrada, Touz Khourmatou à 175 km au nord de Bagdad, Nassiriya dans le sud du pays, Hilla au sud de Bagdad, Samarra dans la province de Salah Eddine, Baqouba, Tikrīt dans le nord, et Kirkuk.  
Ces attaques sont le fait d’insurgés sunnites, membres d’Al-Qaeda en Irak qui visent régulièrement les forces de sécurité, la communauté chiite et les responsables politiques dans le seul but de déstabiliser le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki parce qu’il est soutenu par l’Iran.

L’Irak est devenu le pays de toutes les compromissions. Il ferme les yeux sur les vols qui traversent son espace aérien pour alimenter l’armée syrienne en matériel militaire iranien. En effet, Bagdad s'est démarqué des pays occidentaux, de la Turquie et de la plupart des pays arabes en ne réclamant pas la chute du président Assad et en n’apportant aucune aide à la rébellion. 
Le premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, aide par ailleurs son voisin à contourner les sanctions internationales en lui permettant de participer aux opérations d'échange de devises pour renforcer les réserves en dollars de la banque centrale iranienne. Des société-écrans, contrôlées par des institutions iraniennes, réussissent ainsi à accéder au système financier international qui est normalement fermé aux iraniens.  



Satellite iranien



Le gouvernement irakien autorise, officieusement bien sûr, des échanges commerciaux avec l'Iran parce que plusieurs dirigeants irakiens, dont des proches de Nouri Al-Maliki, tirent directement profit de ces activités illicites. L’Iran, grâce à des partis chiites intégristes qui lui sont inféodés, se trouve donc en position de force pour contrecarrer toute solution alternative. 
Al-Maliki et Ahmadinejad
Barack Obama est complètement désarmé face à un gouvernement chiite corrompu. Il a laissé Téhéran placer ses pions en Irak après le départ de l’armée américaine. L’Irak s’est transformé progressivement  en satellite à la botte de l’Iran. C’est ce qui risque de se passer en Syrie, si les iraniens parvenaient à prendre le pouvoir en Syrie, par Assad et Hezbollah interposés.

Les morts en Irak n’ont pas l’air de gêner l’opinion internationale trop occupée à compter les cadavres en Syrie. En Irak, 712 en avril et plus de 1.000 tués en mai prouvent l’échec des occidentaux à pacifier un pays qui avait pour vocation d’être libéré par les américains. Ces morts actent l’incapacité des autorités locales à réduire la violence suscitée par les groupes affiliés à l’Iran. L’envoyé de l’ONU, Martin Kobler : «exhorte une fois encore tous les dirigeants irakiens à faire tout leur possible pour protéger les civils irakiens. C'est leur responsabilité d'arrêter l'effusion de sang maintenant. Il est de la responsabilité des hommes politiques à agir immédiatement et à s'engager dans un dialogue pour résoudre l'impasse politique et ne pas laisser les terroristes profitent de leurs différences politiques ». Quant aux États-Unis ils se bornent à exprimer leurs condoléances aux victimes.
Carte Sunnites et Chiites

La situation en Irak prouve la capacité de nuisance des iraniens qui sont prêts à investir tout pays où résident des chiites qui leur servent de relais. Ils poursuivent leur stratégie d’étendre leur influence et  de constituer une entité régionale chiite capable de s’opposer au Qatar, à l’Arabie saoudite et même à l’Égypte. Un deuxième pouvoir, qui ne prête pas à l’optimisme, s’installe progressivement au Moyen-Orient dans une certaine indifférence.





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