L’IRAK EST DEVENU UN SATELLITE DE L’IRAN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Guerre Iran-Irak |
Saddam Hussein |
Oubliée aussi l’expédition américaine pour neutraliser les armes de destruction massives et pour éliminer le dictateur irakien. On pensait que la situation s’était éclaircie, que le danger était définitivement écarté et que la démocratie avait été restaurée. C’était sans compter sur le voisin iranien qui s’était préparé avant même le départ des américains.
Voir la vidéo de propagande du Hezbollah en Irak
Visée
sur le sud irakien
L’Iran a organisé sa prise de contrôle du pays par
Hezbollah interposé en s’appuyant sur
une nouvelle élite irakienne particulièrement pro-Hezbollah. Des sources du renseignement
israélien avaient dévoilé, dès 2110, que des troupes de cette milice libanaise avaient reçu
pour mission de déstabiliser l’Irak. D’ailleurs une commission du Sénat américain du 8 juin 2010
avait évalué les menaces du Hezbollah et en conséquence, avait affecté 500 millions de
dollars pour contrer les actions de la milice. Au lendemain même du départ des américains d'Irak, le Hezbollah et les iraniens se pavanaient à Bagdad dans un premier festival pour narguer les américains comme le démontre la vidéo qui suit.
Le Hezbollah agit en Irak à travers deux associations
chiites iraquiennes qui lui servent de camouflage. La ligue des croyants (Asaib
Al-Haq) et les brigades Kataïb Hezbollah. La ligue des croyants a été
entrainée durant quatre ans dans une base iranienne des Gardiens de la
Révolution par des officiers du Hezbollah. Des militants de la ligue ont
ensuite été envoyés, déguisés en pèlerins chiites, dans des villes du sud de
l’Irak pour s’attaquer à des cibles américaines.
En utilisant son sous-traitant islamiste bien armé par
ses soins, l’Iran veut contrôler Kerbala avec les sanctuaires chiites de Najaf.
Il a réussi à imposer un gouvernement irakien, à sa solde, dirigé par des
chiites, afin de mieux manipuler Bagdad tout en imposant sa mainmise sur tout le
pays, quitte à en accepter la partition. Il a surtout une visée affirmée sur
les champs pétrolifères du sud afin de gérer l’approvisionnement mondial en
pétrole et de se doter d’une nouvelle capacité de raffinage qui fait défaut en
Iran.
Najaf Karbala |
Des cadavres à la pelle
Mais pendant que les yeux sont tournés vers la Syrie,
les morts s’amoncèlent en Irak. Drôle de paix ! On pourrait dire :
tout cela pour ça ! De nombreuses vagues d’attentats, avec leur cortège de
morts, ont lieu chaque semaine. Les attentats sont commis, sans pitié, pour la plupart au moyen
de voitures piégées, au moment où les irakiens se rendent sur leur lieu de
travail. Tout le pays est touché par cette violence : le quartier central de Karrada,
Touz Khourmatou à 175 km au nord de
Bagdad, Nassiriya
dans le sud du pays, Hilla au sud de Bagdad, Samarra dans la province de Salah
Eddine, Baqouba, Tikrīt dans le nord, et Kirkuk.
Ces attaques sont le fait d’insurgés sunnites, membres
d’Al-Qaeda en Irak qui visent régulièrement les forces de sécurité, la
communauté chiite et les responsables politiques dans le seul but de
déstabiliser le gouvernement du chiite Nouri al-Maliki parce qu’il est soutenu
par l’Iran.
L’Irak est devenu le pays de toutes les
compromissions. Il ferme les yeux sur les vols qui traversent son espace aérien
pour alimenter l’armée syrienne en
matériel militaire iranien. En effet, Bagdad s'est démarqué
des pays occidentaux, de la Turquie et de la plupart des pays arabes en ne réclamant pas la chute du
président Assad et en n’apportant aucune aide à la rébellion.
Le premier
ministre irakien, Nouri Al-Maliki, aide par ailleurs son voisin à contourner les sanctions
internationales en lui permettant de participer aux opérations d'échange de
devises pour renforcer les réserves en dollars de la banque centrale iranienne.
Des société-écrans, contrôlées par des institutions iraniennes, réussissent ainsi à
accéder au système financier international qui est normalement fermé aux
iraniens.
Satellite iranien
Le gouvernement irakien autorise, officieusement bien
sûr, des échanges commerciaux avec l'Iran parce que plusieurs dirigeants
irakiens, dont des proches de Nouri Al-Maliki, tirent directement profit de ces
activités illicites. L’Iran, grâce à des partis chiites intégristes qui lui
sont inféodés, se trouve donc en position de force pour contrecarrer toute
solution alternative.
Al-Maliki et Ahmadinejad |
Barack Obama est complètement désarmé face à un
gouvernement chiite corrompu. Il a laissé Téhéran placer ses pions en Irak après
le départ de l’armée américaine. L’Irak s’est transformé progressivement en satellite à la botte de l’Iran. C’est ce
qui risque de se passer en Syrie, si les iraniens parvenaient à prendre le
pouvoir en Syrie, par Assad et Hezbollah interposés.
Les morts en Irak n’ont pas l’air de gêner l’opinion
internationale trop occupée à compter les cadavres en Syrie. En Irak, 712
en avril et plus de 1.000 tués en mai prouvent l’échec des occidentaux à pacifier un pays
qui avait pour vocation d’être libéré par les américains. Ces morts actent
l’incapacité des autorités locales à réduire la violence suscitée par les
groupes affiliés à l’Iran. L’envoyé de
l’ONU, Martin Kobler : «exhorte une fois encore tous les dirigeants
irakiens à faire tout leur possible pour protéger les civils irakiens. C'est
leur responsabilité d'arrêter l'effusion de sang maintenant. Il est de la
responsabilité des hommes politiques à agir immédiatement et à s'engager dans
un dialogue pour résoudre l'impasse politique et ne pas laisser les terroristes
profitent de leurs différences politiques ». Quant aux États-Unis ils
se bornent à exprimer leurs condoléances aux victimes.
Carte Sunnites et Chiites |
La situation en Irak prouve la capacité de nuisance
des iraniens qui sont prêts à investir tout pays où résident des chiites qui leur servent de relais. Ils
poursuivent leur stratégie d’étendre leur influence et de constituer une entité régionale chiite
capable de s’opposer au Qatar, à l’Arabie saoudite et même à l’Égypte. Un
deuxième pouvoir, qui ne prête pas à l’optimisme, s’installe progressivement au
Moyen-Orient dans une certaine indifférence.
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