ÉLECTIONS : LA SANCTION DES URNES
Par
Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
Alea jacta est,
le sort en est jeté. Deux élections distinctes avaient lieu le même jour.
L’élection à la présidence du Crif et l’élection législative partielle pour la
8ème circonscription, incluant Israël, pour représenter les français de l’Étranger. Mais pour la
deuxième élection la surprise était au rendez-vous.
Une présidence symbolique
Roger Cukierman |
Le premier
résultat concerne l’élection de Roger Cukierman qui avait réussi à éliminer de
la compétition tous ceux qui pouvaient lui faire de l’ombre. Peu de griefs
peuvent être soulevés contre cette personnalité respectable et compétente, sinon
son âge élevé, 77 ans, et le fait qu’il ait déjà occupé la fonction de 2001 à mai 2007. Son conseiller en
communication, Richard Prasquier, l’avait remplacé à la tête du Crif. Dans ce
jeu de tourniquet, il est fort probable que Richard Prasquier sera à nouveau
candidat en 2019, date à laquelle il n’aura que 74 ans !
Il étonnant de
constater que la communauté juive est incapable d’évoluer et de renouveler ses
cadres puisqu’il a été nécessaire de faire appel à de vieilles connaissances pour occuper un poste national.
C’est à désespérer d’une organisation qui perd de plus en plus sa crédibilité
parce la gérontocratie s’accroche désespérément aux leviers de commandes. C’est
à croire que certains ont tellement le goût du pouvoir qu’ils empêchent toute
tête de dépasser. Les jeunes sont bloqués dans leur ascension et quand, par
miracle, l’un d’entre eux parvient presque au sommet, on lui fait miroiter des
intérêts matériels qui lui font perdre le goût du combat et du défi. Or seuls les
jeunes peuvent apporter du sang nouveau et revitaliser une organisation qui
part à la dérive faute d’action et de changement alors que les juifs en France subissent les contrecoups d'un éveil islamiste.
Pourtant une
fois la Légion d’Honneur distribuée, cette fonction bénévole, officiellement
non rémunérée, donne droit à quelques
avantages matériels conséquents en plus de l’honneur de la fonction qui permet
de fréquenter les hautes autorités de l’État. Le président se voit offrir en
outre le droit à des voyages en classe affaires, une voiture de fonction, un
chauffeur et deux gardes du corps fournis par le ministère de l’Intérieur.
Sarkozy Hollande au diner du Crif |
Cependant le Crif ne pèse pas lourd
dans la communauté sauf à organiser son diner annuel où se pressent les
dirigeants et les corps constitués. Il fédère à ce jour près de 60 associations
censées faire vivre la pluralité des idéaux et des missions de la communauté
juive organisée. Certaines organisations ont une poignée d’adhérents alors que
d’autres n’y participent pas par conflit idéologique. Ainsi pour l’exemple, les
anciens de la résistance juive et les anciens combattants et engagés
volontaires juifs ont dû voir leurs rangs s’étioler par le juste jeu de la
nature mais leur voix reste prépondérante. En revanche le Consistoire et les
Loubavitchs, pour ne noter que ces deux organisations à fort potentiel humain,
n’ont pas participé au vote du président du Crif.
La deuxième
élection, la législative partielle, qui a eu lieu le même jour a été
caractérisée, comme prévu, par un très faible taux de participation malgré un
système de vote efficace par Internet qui évite les déplacements. Cela confirme
ainsi le manque de conviction d’un électorat hétéroclite qui pour certains ne
parlaient ni n’écrivaient le français mais qui ont été «aidés» pour
voter ou pour le moins, pour déchiffrer le nom des candidats sur les bulletins
de vote. Cinq candidats, parmi les plus fantaisistes, avaient d’ailleurs jeté
l’éponge avant le premier tour en n’imprimant pas de bulletins de vote ce qui
les excluait de fait de la compétition. Le choix devait donc se faire sur les
quinze courageux restants.
Le premier tour de
2012, qui comportait 109.411 inscrits, avait enregistré 14.626 suffrages exprimés
soit une participation de 13%. Pour l’élection partielle de mai 2013, le nombre
d’inscrits est passé à 111.736 électeurs
tandis qu’il y a eu 11.348 votants dont 5.638 par Internet, soit une
participation de 10%. Les résultats définitifs pour l’ensemble de la
circonscription ont donné dans l’ordre : Valérie Hoffenberg 2.479 voix,
Meyer Habib 1.744 voix, Marie-Rose Koro 1.659 voix.
La surprise
indéniable vient bien sûr de Meyer Habib qui est entré très tard dans la course
à la manière d’un bulldozer. Il a fait une campagne dynamique, sinon agressive, certains candidats l'estiment à la limite de la légalité et
basée sur le «tout Israël». Il a appelé à la rescousse le premier
ministre Benjamin Netanyahou qui s’est départi de sa neutralité dans une
élection française en prenant une position officielle pour son ancien
conseiller.
Le jour de l’élection, Meyer Habib a affrété en Israël des autobus pour amener ses électeurs aux bureaux de vote pour s’assurer de leur vote. C’est de bonne guerre en Israël où la méthode est utilisée lors des élections israéliennes mais cela implique un budget électoral conséquent. Il a ainsi obtenu 1.575 voix en Israël et Jérusalem contre seulement 1.058 pour Valérie Hoffenberg.
Le jour de l’élection, Meyer Habib a affrété en Israël des autobus pour amener ses électeurs aux bureaux de vote pour s’assurer de leur vote. C’est de bonne guerre en Israël où la méthode est utilisée lors des élections israéliennes mais cela implique un budget électoral conséquent. Il a ainsi obtenu 1.575 voix en Israël et Jérusalem contre seulement 1.058 pour Valérie Hoffenberg.
Meyer Habib a
donc fait le bon choix puisqu’il avait flairé que ses chances au Crif étaient
réduites : il a préféré l’élection au poste de député à l’Assemblée nationale.
Le deuxième tour
est ouvert malgré les 700 voix d’écart entre les deux premiers candidats car il
faudra compter avec les 1.659 de la socialiste Koro, les 479 voix de David
Shapira, les 755 voix de Jonathan-Simon Sellem et les 884 voix du dissident UMP
Bérardin. La représentante socialiste a souffert de la désaffection de l’opinion
française pour son président Hollande et n’a pas bénéficié de la dynamique qui
avait suivi l’élection présidentielle.
Les manœuvres vont
à présent avoir lieu pour les recommandations des 18 candidats battus. Valérie
Hoffenberg devra se battre contre les haines qui se sont toujours concentrées,
sans raison, à son égard et contre l’image que ses adversaires veulent donner d’elle
en la qualifiant à tort de candidate des palestiniens. Elle reste la
personnalité la plus légitime parce qu’elle a eu un parcours rectiligne, sans
opportunisme, axé sur le seul objectif israélien.
Remise en cause des élections
Cependant, le
faible taux de participation risque d’avoir des conséquences sur les prochaines
élections. La décision de Nicolas Sarkozy de s’assurer 11 sièges de députés car
les français de l’Étranger votaient majoritairement pour l’UMP est sur le point
d’être remise en question. Le faible taux de participation démontre le désintérêt total des français de l’Étranger pour l’Assemblée nationale.
Il
est donc fortement question que le gouvernement supprime à l'avenir ces nouveaux postes de députés des
français de l'étranger en raison du coût des élections et du faible taux de
participation. En 2012, le taux de participation était de 14% à 24% selon les circonscriptions.
En 2013, le taux de participation en Amérique du Nord était de 13,47 % et de 10,3% pour le sud de la Méditerranée. Quant
au coût, les législatives des français de l'étranger ont coûté 7,1 millions
d'euros et les législatives partielles dans les circonscriptions 1 et 8 auront
coûté 1 million d'euros.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire