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jeudi 20 octobre 2022

Campagne électorale terne, situation politique bloquée

 

CAMPAGNE ÉLECTORALE TERNE, SITUATION POLITIQUE BLOQUÉE


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

Ben Gvir- Netanyahou


La campagne électorale est terne à l’image d’une population peu enthousiaste et résignée qui a subi quatre scrutins stériles et dont le cinquième s’annonce dans la même verve que les précédents. Les sondages électoraux, qui donnent une image ponctuelle des forces politiques du pays à un instant donné, se suivent et se ressemblent. À quelques exceptions près, le Likoud de Netanyahou ne parvient pas à engranger les 61 députés nécessaires à une coalition gouvernementale. Il a épuisé toutes ses réserves de voix à droite et ne compte que sur des défections au centre.


Shaked- Netanyahou


Une haine féroce, alimentée par une rancune tenace, s’est abattue sur Ayelet Shaked. Netanyahou et Itamar Ben Gvir ne pardonnent pas à la dirigeante de Yamina d’avoir rejoint Lapid pour permettre une coalition anti-droite. Ils ne sont pas loin de la cataloguer comme «gauchiste» et interdisent aux militants de lui faire la courte échelle pour lui permettre de dépasser le seuil électoral. Mais, la volonté de Shaked de maintenir sa candidature fait craindre au Likoud une perte de voix essentielles dans la course électorale, au moins 2,6%.

Bezalel Smotrich se voit déjà dans un gouvernement où lui et ses amis de la droite religieuse et populiste pourront imposer leurs diktats car il sait que le futur premier ministre n’aura pas d’autre choix. Sans complexes, il vise haut puisqu’il exige pour lui et ses amis, la Défense, les Finances, les Transports et la Justice, pas moins que ces principaux postes régaliens. Un portefeuille pour Ben Gvir est inclus dans ses exigences malgré la mise en garde des États-Unis de ne lui offrir aucun ministère.


Refus de Netanyahou de s'afficher avec Ben Gvir

Même Netanyahou n’est pas fier de son alliance contrainte et peu naturelle avec Itamar Ben Gvir au point de refuser d'être photographié à ses côtés. A l’occasion de l’évènement de Simhat Torah du 17 octobre, il a exigé qu'Itamar Ben-Gvir quitte d’abord la scène avant qu’il ne s’installe à sa place, ce qui a entrainé une négociation tendue entre Ben Gvir et les organisateurs. Une photo commune aurait en effet hypothéqué l’avenir. Dans les vidéos de l'événement, plusieurs des organisateurs de l'événement peuvent être vus s'approcher de Ben-Gvir, pour exiger qu'il s'éloigne afin que Netanyahou puisse monter sur scène. Drôle d’association électorale qui, avant même la victoire, préfigure déjà la nature des relations conflictuelles dans un nouveau gouvernement de droite.



La coalition actuelle a une volonté de changement mais elle ne peut faire adopter de loi pendant cette période transitoire et surtout avec un gouvernement minoritaire. Mais elle sent un transfert de voix de la Droite vers Lapid et Gantz car l’attitude bloquante de Netanyahou n’est pas approuvée par ceux qui veulent que la situation évolue en bien. Une certaine lassitude s’empare des électeurs alors que le pays a massivement évolué vers la droite, même vers la droite-extrême. Si Netanyahou ne regroupait pas sur son nom tous les obstacles, la Droite devrait représenter 70 sièges. Mais les guerres intestines empêchent tout regroupement des anciens amis et collaborateurs de Bibi à l’instar d’Avigdor Lieberman et de Gideon Saar et même de certains électeurs qui ont migré vers Benny Gantz.

Alors certains veulent dorénavant voter utile pour débloquer la situation, ce qui explique que tous les sondeurs annoncent que l’écart se resserre entre les deux plus importants partis. Pour les électeurs du Likoud, Netanyahou est en sursis et ils lui donnent une dernière chance, faute de quoi son départ de la tête du parti lui serait imposé.  Les candidats illustres à sa succession ne manquent pas. 

Yomtob Kalfon


Les Francophones, qui ne pèsent pas lourd ni dans le débat et ni dans les urnes, se partagent entre Ben Gvir, le seul selon eux à pouvoir «mater» les Arabes qualifiés tous d’islamistes et Ayelet Shaked en position de donner un espoir au candidat francophone Yomtob Kalfon dont les chances s’amenuisent au fil du temps face à l’intransigeance du Likoud.

Alors Netanyahou se met à rêver. Son propre conseiller avait déclaré que le Likoud pourrait former un gouvernement avec Benny Gantz. Mais, anticipant un refus de Gantz de participer à un gouvernement Likoud, Netanyahou s’est enfermé dans l’excès : «Nous ne formerons pas le gouvernement avec Gantz ou Lapid, ce sont des gauchistes».  Le chef de l’opposition n’a pas compris qu’un langage excessif le desservait car les Israéliens ne sont pas dupes. Il était persuadé qu’il pouvait convaincre à nouveau Benny Gantz à le rejoindre comme si le ministre de la Défense n’avait pas eu déjà une expérience douloureuse quand il avait été humilié par un premier ministre arrogant. A deux semaines des législatives, les deux grandes coalitions aspirant à gouverner Israël sont encore une fois dans un mouchoir de poche. Le bloc de droite de Benjamin Netanyahou obtiendrait 59/60 sièges avec l’appui des religieux, tandis que la coalition menée par Yaïr Lapid et Benny Gantz devrait remporter 55/56 sièges. Un score insuffisant, dans les deux cas, pour obtenir la majorité de 61 sièges.

Mais dans le duo Gantz-Lapid, il semble que Benny Gant ait les plus fortes chances de l’emporter si Lapid se mettait en retrait pour le poste de premier ministre. Gantz et Saar peuvent amener à eux des déçus du Likoud, lassés d'être dans l'opposition. Cette «force tranquille» aux côtés de Gadi Eizenkot, l’ancien chef d’État-major, peut remporter la mise bien qu’aucun sondage ne lui assure de briser le plafond de verre. Il compte sur les indécis de dernière minute et sur les approximations des sondages car 20% des sondés n’expriment pas de choix définitif face à une marge d’erreur de 4%, soit près de 4 députés sur 120.  

Accord Eizenkot-Gantz-Saar


Benny Gantz affiche ses résultats positifs. Après trois jours de conflit dans la bande de Gaza, une trêve est entrée en vigueur le 7 août entre Israël et le Djihad islamique. Face à un calme régnant sans roquettes, il ne peut être qualifié de laxiste. Dans cette opération, le gouvernement israélien est sorti gagnant au détriment du Hamas et du Djihad. Cette victoire a renforcé Yaïr Lapid et Benny Gantz qui n’ont montré aucune faiblesse. En 48 heures, l’opération israélienne «Aurore» avait réussi à neutraliser les dirigeants du Djihad islamique à Gaza.  La population israélienne du sud d’Israël a moins souffert du conflit avec Gaza que du temps de Netanyahou où des milliers de roquettes avaient été lancées depuis la Bande. Par ailleurs, les populations séfarades qui votent en majorité pour le Likoud, pourraient se sentir plus rassurées depuis que Gadi Eizenkot, originaire du Maroc, a rejoint Gantz.

Leaders de droite


Ces deux semaines seront décisives pour le résultat final. La seule nouveauté par rapport aux scrutins précédents, serait l'ingérence de la Russie dans les élections en raison de la détérioration des relations diplomatiques. Des hackers russes pourraient être mobilisés pour fausser les résultats électoraux. Des surprises peuvent arriver, d'un clan ou de l'autre, car rien n’est encore acquis ni écrit dans le marbre. Les amis de Netanyahou, Nir Barkat, Yuli Edelstein, Avi Dichter, David Amsalem, et David Bitan ne montrent aucun empressement pour leur leader, lâché en pleine campagne. Ils savent que leur avenir politique dépend de son départ de la tête du parti. Alors ils ont décidé de rester en réserve dans l'attente d'un jour meilleur pour eux. Nir Barkat pourrait raffler la mise. 

 

1 commentaire:

Georges Kabi a dit…

Cet article date deja de plus de 2 semaines. Nous sommes apres les elections et il ne reste qu'a constituer un gouvernement.
Je donne mon commentaire apres une hospitalisation. Je marche a peine et n'ose pas sortir de mon appartement.
Bibi a toutes les possibilites en mains: un gouvernement entierement a droite compose du Likoud, du parti de Ben Gvir, des orthodoxes. Mais ce gouvernement est trop logique et pas assez politique. Cette coalition pourrait etre boycottee par l'ensemble des democraties occidentales. Aussi, il est possible que Bibi se prive de Ben Gvir et propose a Gantz et a Lapid de le joindre dans un gouvernement d'"union nationale". Bibi apparaitrait comme un homme serieux avec qui on peut faire des affaires. Et Bibi n'aurait aucun mal a forcer la main de ses partenaires pour se faire innocenter.