LE BEST-OF DES ARTICLES LES PLUS LUS DU SITE, cliquer sur l'image pour lire l'article


 

samedi 29 octobre 2022

Eizenkot veut prouver que les généraux ont toujours la côte en Israël

 


EIZENKOT VEUT PROUVER QUE LES GÉNÉRAUX ONT TOUJOURS LA CÔTE EN ISRAËL


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

           

Eizenkot

          Israël est un pays en guerre depuis sa création et c’est pourquoi les électeurs ont besoin de se sentir protégés. Les chefs d’État-major partent jeunes à la retraite, la cinquantaine, et leur expérience militaire est très demandée. La rotation rapide dans Tsahal est un gage d’efficacité et de dynamisme. Cela dit, il n’existe pas de parti politique qui ne soit pas dirigé par un militaire, ou qui n’inclue pas dans ses rangs un grand officier. Ceux qui arrivent au sommet de Tsahal disposent d’une grande expérience à la fois militaire et administrative en raison des énormes budgets qu’ils ont à gérer et surtout des responsabilités sécuritaires qu’ils détiennent.




Le dernier à entrer en politique est l’ancien chef d’État-major, Gadi Eizenkot, qui était très sollicité en raison de ses origines marocaines. Il a choisi le camp de Gantz avec qui il était très proche sur les champs de bataille. Les sondages ont encore peu réagi à son arrivée mais les Israéliens sont réputés pour décider à la dernière minute, voire à l’entrée du bureau de vote. Cela explique que les sondages expriment mal la réalité des scrutins. Les Israéliens sont rassurés par la présence d’un général sur les listes électorales. D’ailleurs, quatorze chefs d’État-major sur 21 sont entrés en politique ainsi que 28 généraux de division, 11 généraux de brigade et 16 colonels.

            Les deux premiers à avoir donné l’exemple dans l’Histoire ont été Moshé Dayan et Yigal Alon, puis plus tard le plus décoré de l’armée Ehud Barak. La réussite de ces militaires n’est pas toujours au rendez-vous car les méthodes de commandement à l’armée n’ont rien à voir avec les joutes politiques ou les campagnes électorales. Tous ne réussissent pas la mutation brutale, à l’instar de Moshé Yaalon qui a eu une carrière politique très courte.

De gauche à droite Moshe Dayan, Yitshaq Sadeh, Yigal Allon.


            Benny Gantz a choisi Gadi Eizenkot pour «gauchir» et équilibrer sa liste face à Gidéon Saar et Zeev Elkin qui représentaient la droite dure au Likoud. Eizenkot a d’ailleurs exprimé ses vues pacifiques sur les implantations de Cisjordanie. Lors d'une réunion à Métoula avec des militants, il a vivement critiqué ceux qui préconisent la «construction de colonies partout en Judée-Samarie parce qu’elles conduiraient Israël au désastre». Il a également exprimé son soutien à la loi sur le désengagement qui a vu l'évacuation de Chomesh et d'autres implantations en 2005. Par obligation de réserve, il n’avait pas exprimé jusqu’alors ses positions politiques : «Les gens qui ne comprennent pas, nous conduiront à un État binational. L'expansion illimitée des colonies et le contrôle continu sur des millions de Palestiniens menacent la vie d'Israël et la capacité à rester un État majoritairement juif et démocratique». Il a critiqué les députés du sionisme religieux Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ainsi que certains membres du parti Likoud qui sont chargés d'orienter Israël dans cette direction. Pour lui, «ces députés ne croient pas vraiment à une implantation élargie, mais la réalité politique les pousse à avoir des opinions qui vont à l'encontre des intérêts nationaux de l'État d’Israël».

Eizenkot, à travers ses anciennes fonctions militaires, se qualifie lui-même de «grand expert de la question palestinienne», dont le programme «comprendrait l'achèvement et le scellement de la barrière de sécurité en Cisjordanie, la création d'hôpitaux en Cisjordanie pour traiter les Palestiniens, la création de zones industrielles pour améliorer l'économie palestinienne et l'indépendance énergétique des Palestiniens».



Mais face à une idéologie ancrée dans les esprits, voire une intoxication politique, être une autorité en matière de sécurité n'est plus la clé pour gagner les élections. Les Israéliens ont changé d’état d’esprit car jusqu’à ces dernières années, leurs principales préoccupations étaient la sécurité en général et notamment le conflit israélo-palestinien. Les élections à répétition ont poussé les électeurs israéliens à s’intéresser à l’identité juive du pays et à ses références démocratiques. Ils votent d’abord pour une personne et non plus pour un programme ou une idéologie. Auparavant, les électeurs voyaient le chef d'État-major comme le symbole de la sécurité, mais paradoxalement de nos jours, la sécurité est symbolisée par des gens qui n'ont même pas servi dans l'armée comme le chef du parti Otzma Yehudit, Itamar Ben-Gvir. Un autre changement important a modifié le comportement des électeurs à travers l’identité religieuse. Plus un électeur est religieux et plus il votera Likoud sans tenir compte de sa compréhension des affaires étrangères et de la sécurité, encore moins des questions économiques.

Ben Gvir dans l'implantation Barkan


Gadi Eizenkot estime que les valeurs de l’État sont mises entre parenthèses. Les dirigeants d'extrême droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, sont devenus populaires en particulier parmi les jeunes électeurs, parce qu’ils «représentent le contraire de ce qu'il représente. Il me semble paradoxal que deux personnes dont la caractéristique commune est qu'elles ont enfreint la loi, et dont l'une n'a pas du tout servi dans l'armée israélienne, tandis que l'autre a servi pendant 10 mois, servent de modèles pour la jeunesse israélienne. C'est un monde à l'envers».

Eizenkot a quitté l'armée, mais en tant que personne qui comprend la complexité des ennemis qui entourent Israël, il est convaincu que ce qui a peut-être été ignoré par les politiciens israéliens doit être au centre des préoccupations pour prévenir de futurs conflits. «La réalité est toujours compliquée, et les civils israéliens ne la voient que lorsqu'il y a des pics de violence, alors que la réalité est que Tsahal déjoue continuellement les attaques terroristes en Cisjordanie. Israël n'a pas eu de stratégie contre les Palestiniens pendant des années. Il n'a jamais été clair ce que nous voulions, aller de l'avant avec les Palestiniens. Et lorsque la violence éclate, nous devons laisser Tsahal et le Shin Bet faire leur travail, et nous devons faire la différence entre les terroristes et les 90% de Palestiniens ordinaires qui veulent travailler et mener une vie normale».

Groupe Lion's Den


Eizenkot veut démystifier le groupe Lion’s Den qui ne se compose que d’une trentaine de membres. Mais le plus inquiétant est le solide soutien dont bénéficie le groupe dans toute la Cisjordanie. Il explique la fosse aux lions comme un événement tactique qui pointe vers un problème plus large d'une Autorité palestinienne affaiblie et ce sont le Hamas et le Djihad islamique qui ont réussi à s'emparer du cœur des Palestiniens en Cisjordanie. Eizenkot pense que Netanyahou, «a mis en avant une politique dangereuse qui a affaibli l'AP tout en renforçant le Hamas. La stagnation du processus de paix était une erreur. Cela a donné un coup de pouce au Hamas. Nous avions un intérêt commun à maintenir la force de l'AP».

 Bien que le Hamas et le Jihad islamique n'aient pas encore officiellement exprimé leur soutien à la violence en Cisjordanie, les cellules du Hamas en pleine planification d'attaques ont été démantelées par le Shin Bet. Pour Eizenkot, «si le Hamas dirige des attaques en Cisjordanie, alors il doit payer un gros prix. Je vois un besoin de gagner contre le régime du Hamas. Quiconque pense que le Hamas devient pragmatique a tort. Je le vois comme un ennemi, et nous devons gagner contre lui. Je ne lui fais pas confiance».

Itamar Ben-Gvir, Michael Ben-Ari, Benzi Gopstein et Baruch Marzel


Eizenkot a rejoint Gantz qui a promu la politique de séparation de Gaza de la Cisjordanie et qui a donné son approbation pour un maximum de 20.000 permis d'entrée pour les Gazaouis pour travailler en Israël, tant que le calme demeure dans le sud d'Israël. La décennie la moins calme de l’Histoire d’Israël a été sous Netanyahou. Eizenkot ne croit pas qu'un gouvernement dirigé par Netanyahou, avec Ben-Gvir comme allié central, soit la solution : «Netanyahou a peut-être une chance d'atteindre les 61 sièges, mais ce sera une évolution négative pour l'État d'Israël»,

 

5 commentaires:

Unknown a dit…

Bonjour monsieur Benillouche ne votant pas et ne vivant pas en Israel et m'interdisant de prendre position sur les élections et le choix de ses citoyens. Nous attendons en tant que juifs de la diaspora une certaine objectivité de votre tout en respectant vos choix politique. Nous sommes abreuvés tous les jours d'informations biaisées par les presses étrangères et un peu d'objectivité nous ferait du bien.
merci

Véronique ALLOUCHE a dit…

@unknown
La politique ce n’est pas des mathématiques, il n’y a pas de neutralité il n’y a que les idées de chacun. À vous d’aller chercher un autre point de vue, une autre vision ailleurs si celle-ci ne vous convient pas mais l’objectivité des opinions en tant que telle vous ne la trouverez nul part.
Jacques Benillouche a au moins le mérite de donner des faits et de les expliquer clairement. C’est déjà pas si mal….

frenkel david a dit…

Chacun à sa place. Et les généraux aux leurs. Mosche Dayan est l'exemple d'un homme qui ne fut pas à sa place. Israël étant sorti vainqueur d'une guerre que la Jordanie lui avait déclarée, pourquoi Dayan, ministre de la Défense, s'était-il empressé de donner le Mont du Temple au WAQF ? Et Benny Gantz pourquoi a-t-il rendu visite à Mahamoud Abbas qui utilise le double langage, dans son fief à Ramallah ?

Anonyme a dit…

Frenkel, simplement pour réparer l’absence de contact entre Bibi et Abbas. Bibi avait tourné le dos à Abbas et au roi de Jordanie.
Tout comme les relations avec les Usa qui étaient si exécrables qu’il fallait d’urgence preter allégeance tout en exigeant ZÉRO accord avec l’Iran.
Tout cela a été accompli. Sans compter les +20 ambassadeurs israéliens non nommés par Bibi et que ce Gvnt a nommé pour asseoir la voix forte d’Israël à l’extérieur.
Tout comme construire la séparation d’Israël et de la Palestine (en dur) plutôt qu’en un grillage percé.
Tout en allant chercher les terroristes de Naplouse / Djenine / Tulkarem… « jusque dans les chiottes » comme dirait l’autre.

Tsahal le fait avec presque aucune mort collatérale en face.

Et tout cela sans le fanatisme de Ben Gvir ou l'impérieuse nécessité de mettre les mains dans les coffres de l’état (de la part des partis religieux) pour aider leurs frères dans le besoin… mais sans aucun discernement quant à l’intérêt de l’ensemble du pays.
Il faut les aider cependant. C’est urgent.

Georges Kabi a dit…

Aucun ex-chef d'etat-major n'a reussi sa carriere politique. Ils sont probablement (je l'espere) des wxperts en matiere militiaire, mais c'est tout. Un adage israelien le dit assez bien: attache un ane a un arbre pendant 10 ans, et il deviendra colonel".
Et toutes guerres gagnees par Israel ont ete attribuees a des politiciens et les defaites aux militaires. Il y a quelques annees le depute d'origine sovietique Liebermann declarait qu'il enverrait Tsahal et en 2 jours Gaza n'existera pas. Gaza est toujours la, Liebermann a ete reelu de justesse. Les exagerations et les provocations de Ben Gvir n'auront aucun effet meme si il deviendra ministre. Et commme disait Sharon:"Ce qu'on voit d'ici, on le voit pas de la-bas". A propos, ni Ben Gvir ni Smotritch n'ont jamais ete a l'armee. C'est tout dire.