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dimanche 2 novembre 2014

TUNISIE : VICTOIRE POSTHUME DE BOURGUIBA ? Par André NAHUM



TUNISIE : VICTOIRE POSTHUME DE BOURGUIBA ?

La chronique de André NAHUM


La queue pour le vote

Alors que le monde arabe est dans une situation particulièrement difficile, les électeurs tunisiens ont voté sage et utile. En mettant en tête le parti laïc Nida Tounes de Beji Caïd Essebsi devant Ennahda, ils ont voulu montrer leur maturité politique,  tourner le dos à l’aventure et renouer avec l’héritage  de Bourguiba.



Islamisme modéré

Ghannouchi et Caïd Essebsi

Trois ans  après s’être débarrassés  de la dictature de Ben Ali,  ils  ont donné un coup d’arrêt à l’islamisme dit «modéré» et ont su trouver le chemin de la démocratie. Malgré la présence sur son sol d’une mouvance djihadiste agissante, liée à ses congénères du Moyen-Orient et de l’Afrique sub-saharienne, la Tunisie a évité de tomber dans l’anarchie et le désordre.
Ceci, elle le doit, non seulement à son degré de maturité, mais aussi, on doit le reconnaître,  à l’habileté politique de M. Ghannouchi, patron de Ennahda, qui, instruit par l’exemple déplorable de l’Égypte de l’après-Moubarak, a tout de suite compris qu’il fallait  jouer  le jeu de la démocratie et durant ses trois années de pouvoir, n’a pas commis l’erreur d’instaurer un régime ouvertement islamiste comme avait tenté de le faire au Caire, le président Morsi ; il a pris le risque d’accepter l’alternance.
Tunisie : les femmes soldats

Largement désavoué par le corps électoral, ce fin manœuvrier a eu l’élégance de téléphoner le soir même à son rival Caïd Essebsi pour le féliciter de sa victoire. Mais ne disposant pas de la majorité absolue ; 83 sièges sur 217, contre 68 à Ennahda, Nida Tounes ne pourra pas gouverner tout seul. Il lui faudra trouver des alliés. Ira-t-il les chercher chez les deux autres partis laïcs, ou préférera-t-il, étant donné la gravité de la situation économique et sociale, faire un front commun avec Ghannouchi. L’avenir proche nous le dira, mais on a bien l’impression que la majorité du peuple tunisien ne souhaite pas voir Ennahda revenir au pouvoir de quelque façon que ce soit.

Risque salafiste

Salafistes tunisiens

Mais, il ne faut pas croire que les Islamistes et les Salafistes vont brusquement disparaître. Bien structurés, disposant d’une assise populaire certaine,  riches de l’argent qui se déverse sur eux à flots, ils pèseront encore longtemps sur la société et la vie politiques tunisiennes et attendront patiemment leur revanche. Autre problème, M. Caïd Essebsi est âgé de 87 ans. Sera-t-il lui-même le prochain premier ministre  ou cédera-t-il la place à un homme plus jeune ?
L’œuvre à accomplir est immense : renflouer l’économie, ranimer le tourisme qui est la principale richesse du pays, lutter contre le chômage, tenir compte du fait que le Tunisiens ont pris goût à la liberté et  que rien ne les fera revenir en arrière. Le futur gouvernement devra aussi continuer à lutter contre le terrorisme, le djihadisme et l’obscurantisme avec encore plus de vigueur, et à redonner  au pays, le charme et l’attrait que nous lui avions toujours connus. Un pays de la douceur de vivre, «à nul autre semblable» chantait notre grand  Raoul Journo.
Raoul Journo

Je vais vous faire une confidence. Au lendemain de l’Indépendance, dans l’euphorie de la société nouvelle que l’on nous promettait et dans laquelle nous, Juifs, aurions notre place pleine et entière, je faisais  un rêve fou. J’avais  imaginé que la Tunisie serait  un jour un pont entre le monde arabe et Israël. C’était hier !...

4 commentaires:

Parole VOLEE a dit…

Les victoires c'est comme les mémoires; il vaut mieux qu'elles soient anthumes plutôt que posthumes.

Joyce MILDRED MOYER a dit…

bravo pour la Tunisie je felicite ces hommes et ces femmes qui veulent le progres et la democratie

Paule ALFON a dit…

Le sort de la Tunisie est scellé ,les islamistes vont continuer leurs danses macabres !

Marianne ARNAUD a dit…


Peut-être que votre "rêve fou" se réalisera-t-il dans le futur puisque la Tunisie a réussi ce qu'aucun pays arabe de la région n'a réussi, ni l'Algérie, ni la Libye, ni l'Egypte, c'est-à-dire d'organiser des élections démocratiques où les partis laïcs et religieux ont décidé de placer l'intérêt de la nation au-dessus de leurs propres intérêts.
Verra-t-on donc la mise en place d'un gouvernement d'union nationale - dont bien des pays se disant de démocratie avancée auraient besoin - qui permettrait le retour de la croissance, de l'investissement et du tourisme ?
Déjà certains n'ont pas attendu pour chanter les louanges de ce pays modèle politique pour le monde arabo-musulman. Cela ne va-t-il pas dans le sens de votre rêve ?

Très cordialement.