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lundi 3 novembre 2014

ERDOGAN À PARIS : SPÉCIAL LANGUE DE BOIS par Jean CORCOS


EXCLUSIVITÉ Jean CORCOS pour Temps et Contretemps

ERDOGAN À PARIS : SPÉCIAL LANGUE DE BOIS

Par Jean CORCOS
copyright © Temps et Contretemps

Photo exclusive d'Erdogan sortant de l'ACF

J'ai eu le privilège d'assister à la rencontre avec le Président de la République turque, Recep Tayyip Erdogan, organisée par l'Institut Français des Relations Internationales (IFRI), vendredi 31 octobre à Paris. Une conférence de presse, dans la grande bibliothèque de l'Automobile Club de France, place de la Concorde, et qui attira un parterre impressionnant de journalistes, télévisions, diplomates et personnalités. Il faut dire que tous les feux de l'actualité sont braqués sur la Turquie ces dernières semaines, avec les affrontements furieux entre les Djihadistes du Daesh et les combattants kurdes défendant la ville de Kobané, quasiment à quelques centaines de mètres de la frontière turque où les soldats restent immobiles.



Mauvais souvenirs


Erdogan sortait d'un entretien à l'Elysée, faisant un aller-retour depuis Ankara dans la journée : autant dire qu'il a dû aller à l'essentiel avec François Hollande, lui et sa délégation ministérielle. A propos des relations bilatérales, il n'a pas caché le mauvais souvenir que lui avait laissé l'épisode Sarkozy laissant entendre que, selon lui, tous les autres présidents français avaient soutenu la candidature de son pays pour entrer dans l'Union Européenne. Quelques chiffres à propos des relations économiques, qui sont certes impressionnantes et à la mesure d'un indéniable succès de l'AKP au pouvoir depuis 2002, expliquant ses résultats lors des élections législatives de 2007 et 2011, et présidentielle de 2014 : les échanges commerciaux devraient passer de 14 milliards d'euros en 2013 à 20 milliards en 2020. Plus de mille entreprises françaises sont implantées dans le pays. 610.000 originaires de Turquie vivent en France. Un vaste programme de construction de centrales nucléaires est prévu, et la France sera associée au Japon pour leur construction.
Parlant d'une voix forte et assurée - mais son talent de tribun n'était pas une surprise - je l'ai entendu critiquer fortement les réticences européennes, disant «aucun autre pays n'a été traité de la sorte, nous avons un droit naturel et légitime de voir les promesses tenues». Sans doute par courtoisie, manque de temps mais aussi parce que ce n'était pas l'actualité du moment, aucune question n'est revenue sur les vraies raisons de ce blocage aux portes de l'U.E, en particulier l'occupation partielle de Chypre depuis 40 ans.

Daesh et Kobané
Kobané

Recep Tayyip Erdogan a ensuite parlé, longuement, des combats à Kobané et des critiques faites à la Turquie. On le sentait furieux des accusations de la presse qui évoquent régulièrement son soutien au Daesh, en développant une plaidoirie souvent «langue de bois», mais parfois acceptable au moins en partie :
- «Nous ne pouvons pas soutenir des terroristes car nous combattons le terrorisme depuis des années» : certes, mais dans son esprit il s'agit des actions des séparatistes du PKK. Pour le régime syrien, tous les opposants armés sont des terroristes, or il soutient la rébellion anti-Assad ; et enfin, pour lui le Hamas n'est pas du tout une organisation terroriste alors qu'elle est reconnue comme telle par les puissances occidentales, alliées en théorie de la Turquie au sein de l'OTAN ;
- «Actuellement, on ne parle que de Kobané. Or il y a très peu de civils dans cette ville, 200.000 civils réfugiés sont en Turquie. Kobané ne représente qu'un pourcentage infime du drame de la région. Y-a-t-il de l'or, des diamants, pourquoi Kobané ?» En vérité, un mélange entre un beau numéro de langue de bois et un discours renfermant une part de vérité. Médiatiquement parlant, il y a un oubli de la Syrie où on comptabilise maintenant largement plus de 200.000 morts (Erdogan a donné le chiffre de 300.000). Certes, tous les regards sont portés maintenant vers cette petite ville frontalière, mais pourquoi ? Parce que les pays occidentaux et arabes sont maintenant en guerre contre l'État islamique (patronyme que refuse le président turc, disant que le Daesh «n'est pas musulman») ; parce qu'une victoire des Djihadistes là-bas rendrait très difficile leur expulsion des autres territoires syriens et irakiens ; parce que, surtout, l'armée turque aurait pu en intervenant, les écraser rapidement.
Le président a quand même dû répondre à une question sur le refus de laisser utiliser les bases aériennes de son territoire pour mener des raids, en disant que «c'était en discussion et que cela serait possible». Idem à propos du transit des Peshmergas kurdes en provenance d'Irak, qui commencerait effectivement, mais au compte-gouttes.

Réfugiés syriens

Réfugiés près de la frontière turque

- «La Turquie a accueilli 1,6 millions de réfugiés syriens, l'Europe 200.000 ; nous avons dépensé 4,5 milliards de dollars pour les accueillir, l'aide étrangère n'a été que de 200 millions». Si ces chiffres sont exacts, alors l'argument mérite d'être entendu.
Heureuse surprise, j'ai eu l'impression que le président turc cherchait à se présenter en allié fidèle et cohérent des Occidentaux :
_ En mentionnant, à propos justement des bases de l'OTAN, le fait que des soldats de son armée demeureraient encore en Afghanistan pendant 2 ans ;
_ En prenant ses distances avec la Russie - certes, essentiellement parce que cette puissance soutient à bout de bras le régime syrien -, lorsqu'il a dit (information surprenante) que la Turquie condamnait l'annexion de la Crimée où vit une minorité musulmane conséquente.
Après avoir passé un moment à dénoncer les séparatistes du PKK en disant qu'ils tentaient de détruire tout ce que son pays construit dans les zones à majorité kurde, il a évoqué «les événements de 1915», hélas un bien pénible euphémisme pour évoquer le génocide arménien jamais reconnu par la Turquie - et pas seulement par les islamistes au pouvoir, reconnaissons-le. «L'Histoire ne doit pas être exploitée par les politiques», a-t-il dit à l'adresse de l'Arménie et de la Diaspora arménienne, en disant aussi qu'il faut «laisser travailler les historiens» : un discours révisionniste que les Juifs ont aussi entendu de leur côté !

Trois oublis


Trois oublis étonnants dans l'exposé d’Erdogan, qui ont été relevés par Thierry de Montbrial, président de l'IFRI et qui a voulu le faire parler à leur sujet. D'abord l'Iran. Un peu gêné, son hôte a dit qu'il avait établi un Conseil de Coopération de haut niveau avec le président iranien. Mais cette fois sans langue de bois, il devait critiquer  «l'approche sectaire de la religion»  par la République Islamique - comprendre ses alliances pro-chiites qui menacent indirectement la Turquie. Il a vivement critiqué la même dérive en Irak «où l'armée n'est constituée que de chiites», et la politique également sectaire de l'ex-premier ministre Maliki : et là, on ne pouvait que partager son point de vue.
Mavi Marmara

Ensuite Israël, et j'ai trouvé ses propos moins pires que ce qu'on pouvait attendre. Il a d'abord dit qu'avant l'abordage sanglant du Mavi Marmara en 2010, la Turquie était le pays musulman le plus proche d'Israël, mais en soulignant qu’ensuite les relations amicales avaient cessé, en rappelant ses trois demandes : excuses officielles (c'est fait) ; réparations (il n'a pas été précis) ; lever du blocus de Gaza, et là son discours a été conforme à ce que l'on attendait ("Tragédie humanitaire" ; "colonies en Cisjordanie" ; "Gaza prison à ciel ouvert") ... Ceci étant, il a dit qu'il n'avait rien contre le peuple israélien, mais qu'il était simplement en opposition contre son gouvernement actuel. A noter qu'il n'a même pas prononcé le mot Hamas.
Enfin l'Egypte, où je l'ai senti franchement furieux de la tournure des évènements : il a amèrement reproché aux pays occidentaux d'avoir accepté un coup d'État, rappelé que Morsi avait été élu démocratiquement  et reconnu que les relations avec ce pays étaient franchement mauvaises.

Sujets moins délicats

Notons pour finir les questions et réponses sur des sujets plus ou moins délicats, et qui à nouveau m'ont donné l'impression d'entendre un tribun doué par la langue de bois :
- En réponse à Gilles Kepel qui le questionnait sur un changement des frontières au Moyen-Orient, qui datent des accords Sykes-Picot il y a près d'un siècle, il a déclaré que la Turquie «ne pourra jamais dire oui» à de tels changements, alors même que pour beaucoup d'observateurs c'est déjà la fin des plusieurs États nations de la région ;
- A propos d'une question sur la prise d'otages de diplomates turcs par le Daesh à Mossoul, il est resté très vague sur les conditions ayant permis leur libération ;
Nouveau palais présidentiel turc


- Sur l'héritage de Mustapha Kemal Atatürk qui serait symboliquement bradé avec le nouveau palais présidentiel qu'il se fait construire en ce moment, il a dit que l'ancien bâtiment serait un musée, tandis qu'il en fallait un nouveau «à la mesure de la nouvelle puissance du pays». 

4 commentaires:

Donato TROVARELLI a dit…

ISRAELE deve allargare i suoi confini a dismisura, fino ad arrivare ad un accettabile grado di sicurezza per i suoi abitanti.
Deve dominare il medio-oriente con pugno di ferro, secondo come la STORIA gli ha insegnato guadando gli altri popoli e governi.
Deve impedire che ci siano focolai di attacchi terroristici, annettendo tutti i territori conquistati. Non esiste uno stato palestinese, perché non è mai esistito.
Tutto ciò che D-o ha dato ad Israele, Israele deve custodirlo, costruirci e farci quello che le pare, senza alcuna ingerenza di altri popoli, indegni di giudicare Israele, per il loro passato di sangue...
BASTA CON LA MENTALITA' DI ULTIMO DELLA CLASSE.
SEI IL MIGLIORE, E FATTI RISPETTARE...
Se serve, manda ogni tanto qualche missile a lunga gittata, senza testate nucleari... sui paesi canaglia.. come monito!

Donato TROVARELLI a dit…

Traduction sous réserve :

Israël doit étendre ses frontières au-delà de la mesure, jusqu'à ce que vous atteignez un niveau de sécurité acceptable pour ses résidents.
Doit dominer le Moyen-Orient avec une poigne de fer, selon la façon dont l'histoire enseignée à gué d'autres peuples et les gouvernements.
Il faut éviter que des épidémies d'attentats terroristes, l'annexion des territoires conquis. Il y a un état palestinien, car il n'a jamais existé.
Tout ce que Dieu a donné à Israël, Israël doit garder, et bâtissons-nous ce que vous pensez, sans interférence avec d'autres personnes, indigne de juger Israël pour leur histoire de sang ...
Assez avec la mentalité «dernière classe.
Vous êtes le meilleur, et se conformer aux FAITS ...
Si nécessaire, envoie un missile à longue portée occasionnelle sans armes nucléaires ... .. dans les États voyous comme un avertissement!

Henri OLTUSKI a dit…

Bienvenu dans notre future Europe musulmane

Saunier a dit…

La France s'oppose à l'entrée de la Turquie au sein de l'UE car elle tient à rester le premier et seul pays musulman d' Europe