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jeudi 20 février 2014

L’OR À SOTCHI, LE SANG À KIEV Par Gérard AKOUN



L’OR À SOTCHI, LE SANG À KIEV

Par Gérard AKOUN
Judaïques FM


Manifestants à Kiev

Pendant que la fête olympique battait son plein à Sotchi, la police a tiré à Kiev, sur les manifestants de la place de l’indépendance. Plus de 25 morts, des centaines de blessés. On a une impression de déjà vu ; on pense à la Syrie où des manifestations, au premier abord  pacifiques, avaient dégénéré en véritable guerre civile. Quand un gouvernement reste sourd à des revendications populaires, que sa seule réponse est la police anti-émeutes, que la violence va crescendo, il est malheureusement inévitable que les manifestants en viennent à résister en s’armant à leur tour, même si leurs moyens de défense  sont dérisoires.
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Parallèle avec la Syrie


Mais l’Ukraine n’est pas la Syrie même si la Russie soutient le gouvernement contre ses opposants. Elle a une histoire différente, une géographie différente. Elle n’est réellement indépendante que depuis la fin de l’URSS. Elle a été longtemps rattachée à l’empire russe dans sa partie orientale, alors que la partie occidentale, aux mains de l’empire austro-hongrois jusqu’à sa chute en 1919, avait été, elle, rattachée à la Pologne par le traité de Versailles. L’Ukraine ne fut réunifiée qu’après la guerre de 39-45, dans le cadre de l’Union soviétique.
Une histoire tumultueuse, une géographie qui coupe en deux ce pays situé aux confins de l’Europe entre la Russie et la Pologne. Le conflit actuel ne peut se comprendre qu’au travers de cette histoire et de cette géographie qui ont façonné différemment les représentations géopolitiques des habitants de ces deux parties de l’Ukraine. Les habitants de l’Est et du Sud sont russophones, orthodoxes, ceux de l’Ouest catholiques, Greco-catholiques (des orthodoxes qui reconnaissent l’autorité du Pape), ils parlent l’ukrainien qu’ils considèrent comme la langue nationale dont ils veulent généraliser l’usage dans tout le pays. Les premiers se sentent proches de la Russie et accepteraient, comme la Biélorussie, de rentrer dans son orbite, les seconds sont tournés vers l’Europe.

Enjeu politique

Victor Ianoukovitch

L’Ukraine est aujourd’hui un enjeu entre la Russie et l’Union Européenne. Poutine ne veut la voir, à aucun prix, se rapprocher de l’Europe, sous quelque forme que ce soit, ni association ni adhésion. Nostalgique de l’Union soviétique, il refuse toute intrusion de l’Union Européenne dans ce qu’il considère comme son pré carré. C’est ce qui explique son soutien politique et financier à Victor Ianoukovitch qui, après avoir demandé son adhésion à l’UE, s’est tourné vers la Russie. Les manifestations actuelles trouvent leur origine, entre autres, dans cette volte-face. L’Union européenne est très divisée sur la réponse à donner à l’Ukraine, elle ne parle pas d’une seule voix et n’a ni la volonté ni la possibilité financière de prendre en charge l’Ukraine comme elle a pu le faire pour la Pologne dans le cadre européen. Or c’est bien à ce modèle polonais, qu’aspirent à accéder les Ukrainiens de l’Ouest d’autant que leur région reste agricole alors que l’Est est très industrialisé.
Manifestation pro-Europe

Mais la fracture entre l’Est et l’Ouest n’est certainement pas aussi tranchée, les manifestations les plus importantes ont lieu à Kiev, la capitale, qui se trouve dans la partie orientale du pays. Nous avons pu observer dans les reportages télévisés que ses habitants ne sont pas hostiles aux manifestants, au contraire on a pu les voir leur apporter de la nourriture et des couvertures. Je pense que les ukrainiens ne font pas confiance aux Russes ; ils n’ont pas oublié «la famine organisée» qui a tué des millions des leurs. Ils ne font pas plus confiance aux Occidentaux ; ils se souviennent qu’ils avaient encouragé les Berlinois, les Hongrois, les Tchèques à se libérer du joug soviétique, pour les abandonner au moment où l’URSS les écrasaient.

Actes inqualifiables

Blindés russes en Géorgie

Le monde a changé, bien sûr, la nouvelle Russie n’utilise plus ses blindés mais ses énormes ressources énergétiques et l’argent qu’elles lui rapportent pour imposer sa loi. Poutine ne vient-il pas d’accorder une  aide de deux milliards de dollars au gouvernement pro-russe d’Ianoukovitch qui qualifie ses opposants, les manifestants pro-européens de terroristes ?

Les Européens ne doivent pas se contenter de condamnations verbales, François Hollande et Angela Merkel ont condamné «les actes inqualifiables et inadmissibles de la nuit» ; cela ne suffit pas, il faut qu’ils appliquent des sanctions européennes rapides et ciblées contre les responsables politiques. Ils ont le devoir d’éviter une nouvelle guerre civile en Europe, ou bien le partage de l’Ukraine que Poutine susciterait, à défaut de pouvoir entraîner le pays en totalité dans sa zone d’influence.


2 commentaires:

Pat Quartier a dit…

Mourir pour entrer dans l'UE ;faut-il etre bete...

Marianne ARNAUD a dit…

Qui peut croire que l'UE qui n'a pu empêcher ni les massacres de Yougoslavie, ni ceux de Tchétchénie, se portera au secours de l'Ukraine autrement qu'avec de belles paroles et des larmes de crocodile ?
L'UE n'a ni troupes, ni diplomatie, ni influence.

L'UE est à poil et Poutine le sait.
Alors autant continuer à regarder tranquillement les J.O.