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dimanche 8 mai 2022

Lévitique-19 ; au cœur de la Torah (et des Evangiles) par Albert NACCACHE

 

LÉVITIQUE 19 : AU COEUR DE LA TORAH (ET DES ÉVANGILES)

Chronique d’un papy flingueur Albert NACCACHE



Lecture de la Torah

         La lecture hebdomadaire de cette semaine, Kedochim, inclut le chapitre 19 du Lévitique. [1] Ce chapitre 19 se situe au cœur même du Lévitique (Vayikra) qui, lui-même, est situé au centre du Pentateuque et occupe une place éminente dans l'Écriture, pour les pierres précieuses qu'il renferme. Les 37 versets, qui composent ce chapitre, contiennent des prescriptions extrêmement variées, concernant aussi bien le Chabbat, l’interdit du sang, les relations sexuelles avec une esclave, l’amour de l’étranger, le respect dû au vieillard, le commerce équitable, les rites de deuil (cheveux, barbe et tatouage), …


Pour les exégètes «le contenu de ce chapitre semble plutôt hétéroclite et donne l’impression d’être un assemblage plus ou moins arbitraire de préceptes qui traitent en partie de la religion, en partie de la morale et en partie de la vie civique ! Aucun fil directeur, contenu aléatoire, structure floue et incertaine» ….

Gordon J. Wenham décrit la structure de Lv 19 de la façon suivante :

1-2a Introduction

2b-10 Les Devoirs Religieux

2b Soyez saint

3 Honorez les parents et le sabbat

4 Pas d’idolâtrie

5-10 Sacrifices et nourriture

11-18 Bon Voisinage

11-12 Honnêteté

13-14 Pas d’exploitation

15-16 Justice au tribunal

17-18 Aimer votre prochain

19-37 Devoirs Divers

19-25 Pas de mélanges

26-28 Pas de pratiques païennes

29-30 Pas de prostitution sacrée

31 Pas de nécromancie

32 Respect des vieillards

33-34 Aimer l’étranger

35-36 Honnêteté dans les échanges

37 Ordre direct de Dieu


La sainteté pour tous

Dans son livre : « La sainteté pour tous : sublime ou ridicule ? Lévitique 19 » [2], Didier Luciani, Bibliste enseignant à l’Université catholique de Louvain (UCL), se focalise sur ce chapitre à la structure en apparence désordonnée afin d'en montrer l'unité et d'en faire ressortir la cohérence.  Cette étude est menée sur la base de trois présupposés : «en premier lieu, l'analyse du sens dépend, au moins partiellement, de l'analyse formelle ; ensuite, l'Écriture est une, et cette unité, décelable aux différents niveaux d'organisation du texte, contraint à éclairer l'Écriture d'abord par elle-même ; enfin, le respect pour les auteurs bibliques et pour le ou les rédacteurs finaux du livre, invite, en cas d'incompréhension, à présupposer l'inintelligence du lecteur plutôt que leur incohérence».                   

Rédigées dans une langue élégante qui rend moins aride la lecture de cette étude très technique, ces analyses font ressortir l'unité foncière du chapitre-19. «En guidant le lecteur par la main, il montre comment ce chapitre est une « unité savamment agencée », étape incontournable avant toute tentative d’interprétation. Du point de vue théologique, il ressort que l’exhortation à la sainteté, motivée par la sainteté de Dieu lui-même (comme lui et à cause de lui) est bien une exigence et non pas une simple recommandation ; il s’agit d’un idéal qui concerne tout le peuple et non pas une catégorie de personnes et qui est le résultat non d’une obéissance sélective mais intégrale. Tel est bien le sublime de la volonté divine ». Sébastien Dehorter

 Il conclut que si le chapitre-19 a une certaine unité, c’est que «deux principes d’organisation l’unifient et le structurent», le premier est «l’affirmation selon laquelle la sainteté a son fondement dans le respect de l’ordre créé. Elle nécessite donc séparation et distinction et se définit n. Un second principe qui est celui de l’imitation, celle de Dieu, qui peut alors «fonder la sainteté sur une relation et en faire un concept qui engage la responsabilité de Dieu et de l’homme et par conséquent engendre une histoire possible». Tout cela bien sûr peut être actualisé pour les chrétiens du XXIe siècle. Alors nous pouvons remercier l’auteur de ce petit ouvrage car, grâce à sa maîtrise et à son sens pédagogique, il transforme un chapitre à première vue bien compliqué d’un des livres les plus méconnus de la Bible en une Parole qui nous parle aujourd’hui ; qui plus est, dans ses dernières pages sous le titre «Ouvertures» (au pluriel !), il parvient même à faire un rapprochement fort utile en ce chapitre-19 du Lévitique et l’exhortation apostolique du pape François de 2018 « sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel »…[3] Lv-19 contient ainsi ce que beaucoup considèrent, à juste titre, comme des marqueurs très caractéristiques du judaïsme et du christianisme : L’appel à la sainteté et l’amour du prochain

Appel à la sainteté

L’exigence de la sainteté (Kédoucha) est motivée par la sainteté de Dieu Lui-même. 19,2b «Parle à toute la communauté des enfants d'Israël et dis-leur : Soyez saints! Car je suis saint, moi l'Éternel, votre Dieu». La nécessité de sainteté est vue par le fait que la nation toute entière des Israélites est ordonnée d’être sainte. La sainteté est un ordre. Dieu Lui-même fournit le modèle de sainteté. La sainteté implique l’obéissance aux commandements de Dieu avec une grande variété d’actions faisant partie de la vie quotidienne d’une personne. Vivre une vie sainte est l’imitation de Dieu, «l'imitatio Dei» des chrétiens.

L’amour du prochain

L'un des versets les plus emblématiques de toute la Bible est le commandement de l'amour fraternel : 19,18b «mais aime ton prochain comme toi-même : je suis l'Éternel». La sainteté est pratiquée en aimant notre prochain comme nous-mêmes. Il y a une relation directe entre le commandement d’être saint, et celui d’aimer son prochain. Le terme «prochain» ayant une grande variété de sens dans ce chapitre :

· Le prochain de quelqu’un est le compatriote de cette personne (v. 11,17)

· Le prochain de quelqu’un est un étranger (v. 10,32-33,34)

· Le prochain de quelqu’un est celui qui est faible et vulnérable (v. 10,14)

· Le prochain de quelqu’un est son ennemi (v. 17-18)

Juifs et chrétiens fondent leur éthique respective sur ces deux commandements. Mais Luciani remarque avec justesse : «La présence même de ces ‘sublimes’ enseignements, repris de nombreuses fois dans le NT (…) contribuent paradoxalement à renforcer l’ignorance et le dédain vis-à-vis du Lévitique. En les entendant, en effet, beaucoup de chrétiens, jamais totalement prémunis du virus marcionite ou de celui, plus insidieux encore, de la théologie de la substitution, en confisquent l’usage et l’interprétation, se les appropriant et parviennent à se convaincre, contre toute évidence, qu’il s’agit là d’une doctrine spécifique et nouvelle délivrée par le Christ».

Vallée de la Qadisha

« Au nord du pays du cèdre, nichée sur les hauteurs du Mont-Liban, se trouve la vallée de la Qadisha, un haut lieu du patrimoine naturel et spirituel libanais. Cette vallée dite «sainte» respire et inspire le mysticisme par ses canyons escarpés et sa nature luxuriante». 

Forêt des Cèdres de Dieu

        «A l’est de Bcharré, une forêt de cèdres (Cedrus Libani) centenaires et, pour certains, millénaires recouvrent les pentes du Mont-Liban. La Horsh Arz el-Rab, la forêt des Cèdres de Dieu, est le vestige de la forêt de cèdres qui couvrait à une époque une grande partie de la montagne libanaise. … Le Roi Salomon en commanda une grande quantité au Roi Hiram de Tyr pour la réalisation du 1er Temple de Jérusalem. Comme le décrit Lamartine dans son récit de voyage, la Qadisha est un haut lieu de la spiritualité chrétienne. La région est en effet considérée comme le berceau du culte maronite. De nombreux couvents et monastères sont ainsi disséminés dans la région. Le monastère Notre-Dame de Qannoubine, le plus ancien, aurait été fondé par l’empereur romain Théodose le Grand au IVème siècle. Son église est construite à même la roche et comporte des peintures murales remarquables, en particulier celle du couronnement de la Vierge par la Trinité surplombée par une inscription issue du Cantique des Cantiques : « Viens du Liban, ma fiancée et tu seras couronnée ». Camille Bougault.



Perversion de la Sainteté

Pierre Lurçat constate : «L’observateur attentif de l’actualité, en France, en Israël ou ailleurs, n’aura pas manqué de constater que le mois du Ramadan, mois le plus sacré du calendrier musulman, est aussi celui qui est marqué chaque année par une vague de violences.  La question plus essentielle encore est en effet de savoir comment s’explique ce lien entre violence et sacré».  Ce thème est développé par René Girard dans son livre «la violence et le sacré» [4] Girard envisage la religion comme un moyen de régulation de la violence sociale, ainsi que de création de cohésion sociale. Il affirme que la violence qui menace la communauté est rituellement chassée, retournée vers l'extérieur plutôt que vers l'intérieur de la communauté et vers ses membres.

Mont du Temple

Le Mont du Temple est un site sacré pour les musulmans qui nomment Jérusalem Al-Qods. Ils prétendent ignorer que cette sacralité est due à l’existence des deux Temples juifs. Jerusalem est la ville sainte du judaïsme avec en centre le Temple (Beit Hamiqdach et au cœur du Temple le Saint des Saints (Kodesh HaKodachim). Pourtant, l'accusation de profanation des lieux saints islamiques par les Juifs est coutumière. Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a déclaré en 2015 : «La mosquée Al-Aqsa et l'église du Saint-Sépulcre sont à nous. Elles sont toutes à nous, et ils [les Juifs] n'ont pas le droit de les souiller de leurs pieds immondes. Nous saluons chaque goutte de sang versée pour le salut de Jérusalem. Ce sang est pur, un sang pur, versé pour l'amour d'Allah. Chaque martyr ira au paradis, et tous les blessés seront récompensés par Allah.»

Emeutiers palestiniens dans Al-Aq


Mais ce sont les Palestiniens eux-mêmes qui profanent la mosquée et l’Esplanade. Armés de pierres, de barres de fer, ils se barricadent et lancent des projectiles incendiaires. Comment comprendre que des musulmans puissent eux-mêmes profaner l’endroit qu’ils disent considérer comme sacré ?

[1] https://www.torah-box.com/torah-pdf/torah/levitique/19.html

[2] Éditions jésuites / Lessius, coll. Péricopes

[3] David Roure, la-Croix.com

[4] publié en 1972 par Grasset

3 commentaires:

Anonyme a dit…

الكاتب الصحفي البيــــــــــر نقــــــــــــــــــاش يأخذنا معه في كتابة جديدة إلى أعماق التاريخ. لقد راوح بين التاريخ القديم و التاريخ الجديث . ماجاء في التوراة و الأناجيل نجده في القرآن أيضا.. إن الله عز وجل بعث برسالة واحدة لجميع مخلوقاته النهي عن الفحشاء و المنكر..احتلفت الملل و النحل والرسالة أصبحت رسائل ..أصبحت الرسائل سببا من أسباب الإختلاف عند مخلوقات الله ليجد كل دين من الديانات حجة ينازع بها الدين الآخر و يكفره و ويقتل أهله,أي أهل الدين و تتقاطع الديانات وتحصل القطيعة و تستمر.. المقال ذكرني بكتاب
للكاتب الصحفي البيـــــــــر نقاش، عنوان الكتاب "هل أقدر أوهل يمكن أن أكون حارس أخي" ؟ إننا ندور في نفس الدائرة لا نخرج منها ولانتحرر،نحن لا نطبق ماجاء في الكتب السماوية نقرأ ربما، ندرس نبحث وعند قيام مشكلة ننحاز .. ينحاز كل منا إلى ملته ، نختار الإحتراب و نريد أن نقتل الآخر حتى نبعده عن طريقنا.. ما نفعله، ما تفعله كل ملة هوالإحتفال بالدين فقط ولا تطبق ما جاء في الرسالة السماوية.. الدين؟ أصبح الدين مجرد احتفالات.. ما نقوم به من أجل عيون الدين مجرد احتفالات مآدب مأكولات و ننسى ..ننسى الأصل.. الأصل هو أننا نفعل ما حرمه الله، لأن الذي حرم قتل النفس إلا بالحق..هو الله.. نحن نقتل الله في خصوماتنا من أجل الأرض.. نقتل الله مع قتل كل روح بشرية.. نحن نظلم الله ولا نظلم العدو الذي نقتله من أجل الأرض..القدس ؟؟؟أو بيت المقدس قضية شائكة و معقدة مع أن كل ملة تستطيع أن تعبد ربها و تزور المقام أي القدس أو بيت المقدس وتنسى الأرض، وكل من له حق الملكية في المكان هو له .. لأن التاريخ لا يخون.. التاريخ يثبت حق كل ملة من الملل بالتقادم.... ومع ذلك،... من أجل الجميع.. حتى يرضى الجميع، البيت.. بيت الله. الكل يذهب و يبقى البيت لمالكه

Anonyme a dit…

Peut on traduire ce long exposé en arabe ?

Jacques BENILLOUCHE a dit…

Sur la page de garde du site Temps et Contretemps, dans la colonne de droite, vous avez un paragraphe pour traduire les articles. Choisissez un article, choisissez la langue arabe et vous aurez l'article en arabe.